Chapitre 8

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-Ce n'est qu'une question de temps. L'armée de Miraz et ses machines de guerre sont en route. Ce qui signifie que ces hommes-là ne protègent pas son château...

Nous étions réunis près du tombeau d'Aslan pour préparer un plan d'action. Le blondinet avait entamé cette réunion des plus solennelles que je n'écoutais qu'à moitié, avachie près de Susan sur un bloc de pierre. Le pseudo roi se tenait debout, au milieu de la salle, en compagnie de mon frère qui essayait d'affirmer son autorité plus que discutable. Tandis que mon otage se trouvait assis en face de moi à l'autre bout de la salle, je jetais quelques regards complices à Lucy, allongée sur l'ancien tombeau d'Aslan. Ripitchip prit ensuite la parole, toujours en léchant les bottes de son "roi", demandant ce qu'il était souhaité de faire. Caspian et l'ainé des Pevensie commencèrent à exposer leurs plans simultanément. Décidément, ces deux-là ne s'entendaient vraiment pas. Ils se regardèrent. Dans l'air, l'agacement que ressentait les deux jeunes hommes était palpable. C'était le moment parfait pour intervenir. 

-Une attaque, commençais-je en me levant pour me placer au milieu de la salle entre ces deux coqs. Il faut les attaquer avant qu'ils ne nous attaquent. Il faut donner un grand coup de pied dans la fourmilière, tuer la reine des fourmis, le roi dans notre cas, pour arrêter complétement l'ennemi. Il faut s'attaquer à la source. 

-C'est de la folie ! Personne n'a encore pris ce château, s'opposa Caspian. 

-Je le sais. C'est mon château. Mais qui a dit que nous allions le prendre comme les autres, contrais-je. 

-Nous avons l'avantage de la surprise, me soutint un nain aux cheveux et à la barbe blonde. 

J'acquiesçais. C'était un argument logique que j'avais omis de prononcer.

-Mais l'avantage est ici, continua mon têtu de frère. 

Susan, qui ne m'avait pas adressé un mot depuis notre rencontre, se leva brutalement, soutenant l'opinion de mon cadet et mon regard désapprobateur. 

-Ici, on tiendra indéfiniment.

-Moi, je me sens plus en sécurité sous terre, ajouta le blaireau qui nous avait sauvé la vie. 

Je levais les yeux au ciel, exaspérée, ne sachant prouver à ces inconscients la bêtise de leur projet. 

-Là n'est pas la question, répliqua mon otage en se levant et en se plaçant derrière moi en signe de soutien. Si vous voulez vous terrer dans ce tombeau pendant tout le reste de votre vie, c'est votre choix, mais ce sera sans moi. Je suis avec Elisabeth. 

Je tournais rapidement la tête pour lui jeter un énième regard courroucé. Au lieu de s'excuser comme l'aurait fait toute personne dans cette pièce, il sourit malicieusement tout en se rapprochant pour presque venir coller son buste à mon dos. Je me retournais vivement vers Caspian le souffle coupé et rouge de fureur. Je le déteste. 

-J'apprécie ce que vous avez fait ici mais ce n'est pas une forteresse, c'est une tombe, ajouta Peter. Je suis avec sa Majesté aussi. 

Je le dévisageais, surprise. Eh bien, je n'avais même pas eu besoin d'user de mes charmes pour le ramener de mon côté. C'était un bon point en ma faveur. Les narniens allaient voir que leurs rois me faisaient confiance et me faire confiance aussi. J'offrais donc au blondinet un sourire en coin, ravie.

-Oui. Et s'ils sont intelligents, les Telmarins n'auront qu'à attendre que nous mourions de faim, insista le brun derrière moi. 

Je reculais pour être à ses côtés. 

-Bien sûr qu'ils le sont. C'est mon peuple, je vous le rappelle, grommelais-je en fronçant mes sourcils. 

-Permets-moi d'en douter, répondit-il tout sourire. 

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