Chapitre 3

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Nous reprenions une énième fois notre marche lorsque Blaireau se mit à humer d'un air inquiet. 

Le nain lui demanda donc ce qui se passait. 

-Humains, répondit le blaireau. 

-Eux ? interrogea Nikabrik toujours la mine soucieuse en penchant sa tête vers nous. 

-Non eux. 

Il se tourna vers l'opposé d'où nous allions et c'est là que nous les vîmes. Les soldats, leurs arbalètes braquées vers nous. Ils étaient là, dans cette forêt qui m'avait paru si calme et paisible peu de temps avant. Ne perdant pas de temps, je sortais mes dagues, attrapais le bras de mon frère qui était resté figé et me mettais à courir pour sauver nos vies. Il était évident que nous ne faisions pas le poids face à eux. Aussitôt des exclamations se firent entendre à notre suite et une pluie de flèches s'abattit sur nous. Nous faisions de notre mieux pour les éviter en courant à toute allure dans les bois, zigzagant entre les arbres. Malheureusement une flèche atteint la cuisse de Chasseur de truffes qui tomba lourdement au sol en gémissant de douleur. Nous nous arrêtâmes, Caspian rassura le nain et couru au secours de notre compagnon. Je le rejoignis immédiatement auprès du blaireau et me plaçais devant lui pendant qu'il emmenait le narnien. Les sujets de mon oncle pointaient leurs armes sur nous et je préparais mes dagues pour intercepter chacune de leurs attaques. Je m'apprêtais à défendre mon frère et le blaireau en arrêtant toutes ces flèches lorsque je vis un des soldats tomber douloureusement à terre. Puis un autre et encore un autre. 

-Qu'est-ce que tu fais ? Dépêche-toi ! ordonnais-je à mon cadet qui semblait hypnotisé par l'étrange scène qui se déroulait sous nos yeux.  

Il me regarda, puis se hâta de jeter Chasseur de truffes sur son épaule. Peut importe ce qui tuait les soldats, ne connaissant pas les intentions de cet être invisible, il était aussi un danger pour nous. Caspian commença donc à courir vers Nikabrik et je le suivis de près. Le blaireau, balloté sur l'épaule de son sauveur, tentait de retenir des gémissements de douleur qu'il laissait tout de même s'échapper de temps à autre. Mon frère confia Chasseur de truffes à son compagnon pendant que je me plaçais devant eux, mes dagues prêtes à trancher tout ce qui se présenterai à ma vue. Mon cadet se plaça à mes côtés, la respiration haletante. L'air était lourd et nous attendions tous que l'ennemi invisible soit là. Il arrivait, je l'entendais. Les fougères bougeaient rapidement et les bruits de pas sur l'herbe se firent de plus en plus proche. Nous l'attendions, bloquant notre souffle, prêt à bondir sur l'attaquant quand d'un coup une souris apparu de sous les fougères et sauta sur mon frère en l'immobilisant à terre, l'épée près de sa gorge. 

-Choisis convenablement tes derniers mots, telmarin, énonça la créature. 

Je demeurais confuse. Cette souris, en plus d'être vêtu comme un soldat et possédant des qualités de combattant hors pair, avait l'usage de la parole. Il se tenait fièrement sur Caspian qui, toujours à terre, peinait à respirer convenablement. 

-Vous êtes une souris, répliqua-t-il en fixant le mini soldat dressé sur son torse. 

Bravo Caspian ! Quelle perspicacité et quelle remarque pertinente ! Nous avions remarqué que c'était une souris ! C'est d'ailleurs ce fait qui m'avait empêché de me jeter sur notre attaquant. L'absurdité de la situation m'en avait empêché.    

-J'espérais quelque chose de plus original, soupira la créature avec déception. 

Je croyais donc la plaisanterie finie, mais elle en était très loin. 

-Prends ton épée, ordonna notre attaquant en désignant l'épée de mon cadet. 

C'en était assez ! Je plaquais un de mes poignards contre la gorge de la souris. Je n'avais pas de temps à perdre avec cette créature qui jouait au mousquetaire. Nous avions un royaume à récupérer tout de même ! 

-Lâche ton épée, souris, je n'ai pas envie de te prendre la vie aujourd'hui mais je ne veux pas que tu prennes la sienne. Le temps nous est compté et tu fais que nous ralentir avec tes facéties, énonçais-je alanguit par cette circonstance sans fin. 

-Ripitchip ! Abaisse ton épée ! hurla le blaireau affaissé contre son compagnon. 

Je les avais presque oubliés ceux-là ! La patte blessée de Chasseur de truffes semblait toujours le faire horriblement souffrir. 

-Chasseur de truffes ! J'espère que tu as une très bonne raison pour m'interrompre ainsi ! déclara le dénommé Ripitchip l'épée toujours pointée vers mon cadet et la tête sous ma dague. 

-Il n'en a pas, continue, ajouta le nain toujours méprisant. 

-C'est lui qui a soufflé dans la trompe, répliqua le blaireau ignorant la remarque de Nikabrik. 

-Quoi ? murmura la souris en abaissant enfin son épée. 

-Laisse-le, ordonna un centaure sortit de nulle part.  

Ils étaient grands, imposants et différents de ce que j'avais imaginé. Que faisaient-ils ici ? Pourquoi voulaient-ils nous aider ? Ils paraissaient si robustes, mais leurs yeux décelaient une certaine fragilité. En effet, les quatre centaures qui se tenaient face à nous ne semblait pas nous vouloir du mal. C'est cela qui m'autorisa à relâcher la souris que je tenais en otage depuis un bon moment. Celui qui paraissait être leur chef nous observa avec intérêt puis laissa apparaitre une once d'espoir dans ses yeux noirs. 

-C'est la raison qui nous réunit tous aujourd'hui, ajouta-t-il en nous incitant à venir à sa suite. 

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