Chapitre 12

99 5 3
                                    

-Quel est le problème, ma nièce ? Trop lâche pour prendre une vie ?

Respirer. Une inspiration, une expiration. Une à la fois. Mon armure était si lourde, le silence si bruyant et la pression si forte. Le soleil me brûlait la peau et faisait bouillir le fer de mon armure. Miraz se tenait à genoux à mes pieds, mais son port était toujours haut et son regard toujours aussi si supérieur. Tout me poussait à lui trancher la tête, pour mes parents, mon frère, Ouragan, mon peuple et moi-même. Comme si chaque moment, chaque décision de mon existence menait à cet instant précis, cette décision cruciale.

Je levais mon épée au-dessus de mon épaule, prête à lui retirer sa misérable et venimeuse vie.

-Peut-être avais-je tort, peut-être as-tu l'étoffe d'une monarque de Telmare, mon oncle murmura avant d'enfin baisser la tête et s'avouer vaincu.

Je le hais. Je haïssais tout ce qu'il était et représentait. Mais malgré la haine qui me rongeait le ventre, le doute s'installait aussi. Je me tournais vers mon frère. Il acquiesça, me communiquant son soutien, peu importe la décision que je prendrai, il comprendrait. Toute ma vie, j'ai attendu ce moment, me maintenant en vie. Animée par cette promesse de vengeance, ce brasier de haine. Mais à ce moment, je me sentais plus forte et soutenue que jamais. Ma famille se tenant derrière moi, me supportant, m'aimant quoi qu'il arrive. Je n'étais plus seule. La haine n'était plus mon carburant, je n'avais plus besoin de me battre, de tuer.

Sur cette dernière pensée, je poussais un cri et plantais mon arme dans une motte de terre à mes pieds. J'approchais mon visage de celui de mon oncle et susurrais :

-Pas un monarque comme vous, je levais la voix, gardez votre pitoyable vie, mais je vais reprendre mon royaume et rendre aux narniens celui qui leur appartient.

Ses yeux éberlués se plantèrent dans les miens, mais je les détournais. Après avoir jeté un regard entendu aux conseillers de Miraz, je me tournais lentement vers les narniens sous leurs acclamations et les rejoignis en boitant. Mon otage couru à ma rescousse et passa son bras sous mes épaules. Son regard inquiet couru sur mon corps et s'arrêta pour fixer mon genou en sang. Je souriais et l'embrassais doucement sur sa joue couleur pivoine dû à la chaleur ambiante ou bien à la tension qu'il avait dû ressentir quant à l'issue de ce combat.

-Je vais bien, je lui assurais alors que celui-ci me fixait d'un regard perdu.

Après quelques secondes, son expression de confusion se transforma en une de pur plaisir et un sourire satisfait se forma sur ses lèvres. Alors que son visage s'approchait dangereusement du mien, un cri parvint dans notre dos.

Miraz était à terre, raide mort, une flèche transperçant son corps. Sopespian me fixa, souriant et se retourna vers les soldats telmarins, acclamant que nous avions tué son roi. En un instant, il était auprès d'eux, les pierres, lancés par leurs catapultes nous cernaient et la cavalerie adversaire était lancée à toute vitesse, s'approchant dangereusement de nous. Je lançais un regard entendu à mon frère qui s'élança dans le repaire et me plaça entre les deux frères Pevensie, mes dagues prêtes au combat. Je prenais une grande inspiration et criais à pleins poumons : 

-Préparez-vous!!!

Soudain, le terrain vert se fissura, la terre trembla et le sol sous les sabots de nos adversaires s'abaissa, les faisant disparaitre sous la surface. Une pluie de flèches s'abattit sur les survivants essayant de revenir à la surface. Le moment était venu. J'attrapais les rênes de ma monture et aux côtés d'Edmund, je me contentais d'attendre le signal de son ainé. Je serrais de toutes mes forces le cuire entre mes mains, tâchant de calmer ma respiration sifflante après ce combat harassant contre mon oncle. Aucun signe de Caspian, qui à ce moment-là semblait toujours sous la terre, mort ou vif. Cette seule pensée accéléra ma respiration. Ce n'était pas ma première bataille, mon premier combat. J'étais une guerrière. Cependant, jamais mon petit-frère n'avait été impliqué, et encore moins en tant qu'élément clé. Néanmoins, je devais lui faire confiance, je lui avais promis. Il en était capable. Je jetais un œil à mon otage qui paraissait, lui aussi, combattre la panique. Les jointures de ses mains semblaient blanches et son visage dénué de toute couleur. 

- Tu n'es pas un monstre, murmurais-je à son intention. 

-Pardon ? me questionna-t-il, son regard confus planté dans le mien.

-Tu n'es pas un monstre, répétais-je en élevant la voix, mais toujours avec douceur ne voulant le brusquer. Je ne connais que ton histoire de par les livres et je sais que tu n'es pas un monstre. En revanche, je compte bien en apprendre plus sur mon otage après cette bataille donc tu as intérêt à y survivre, ajoutais-je avec un sourire en coin. 

Son regard troublé se transforma en une expression amusée. Mission réussie ! Oh, ce sourire... Il m'avait manqué. 

-Et je compte bien en apprendre plus sur la future reine de Narnia, qui s'est enfin décidée à me tutoyer, s'amusa-t-il alors que son sourire s'agrandissait encore.  

La voix de Peter s'éleva, brisant notre doux échange. 

-Pour Narnia !!!!!!

Je reprenais tout mon sérieux et m'élançais à toute vitesse, prête à détruire tout ce qui se serait présenté sur mon passage. Cette bataille était pour tous ceux que j'aimais et mon peuple, les telmarins ainsi que les narniens. 

-Pour Narnia!!!! 

My KingdomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant