Prince Larry

Chapitre 8

Le silence qui suit le claquement de la portière est effrayant. Mon regard est plongé dans le vide et mes oreilles bourdonnent. Les larmes continuent de se trouver un chemin sur mes joues et s'échouent dans mon cou. J'entends à peine la demande de mon chauffeur qui souhaite sûrement savoir s'il peut conduire Louis où bon lui semblera. Cependant, je ne me sens pas capable de l'autoriser à me l'enlever.

Quand la voix de mon frère retentit, l'invitant à se mettre en route, un long frisson désagréable parcourt tout mon corps. Et lorsque je vois la voiture s'éloigner dans l'allée, mes genoux ne me tiennent plus. Liam me rattrape avant que je ne m'écrase au sol. Mes yeux partent dans tous les sens, cherchant un point d'accroche tandis que ma respiration devient saccadée. Les petits reniflements de James me surprennent. Je pose mon regard sur lui, découvrant des larmes ruisselant sur ses joues rouges. Et aussi soudainement qu'elle est venue, je sens ma crise reculer à grands pas. Mes poumons se remplissent à nouveau et je me laisse tomber à genoux, tendant les bras vers ce petit trésor. Je n'ai pas le droit de gâcher l'anniversaire de ces enfants.

- « Chuut, Trésor. Ne pleure pas, tout va bien.

- Tu es triste, justifie-t-il.

- Moi quand je suis triste, commence sa sœur, j'aime que maman me fait des gâteaux.

- En voilà, une bonne idée, s'exclame Liam. Est-ce que vous voulez faire un gâteau avec notre cuisinière ?

- Oh oui !! On va le faire au chocolat ! Tu aimes le chocolat, Prince Harold ?

- C'est même mon gâteau préféré. Liam va vous montrer où se trouve la cuisine. Et n'oubliez pas de dire à Dot, que c'est un gâteau d'anniversaire que nous voulons. »

Les enfants sautillent, heureux comme tout. Je laisse mon frère les conduire dans le château et, après avoir trouvé la force de me redresser, je m'y rends à mon tour. Je croise Peter et Elizabeth dans le Salon Principal. En voyant mon état, le majordome se rapproche de moi mais je l'arrête d'un geste. Tentant de reprendre un semblant de calme, je prends la parole.

- « Elizabeth, je... Pouvez-vous... La cuisine. Avec Liam. Pour les enfants.

- Bien sûr, Prince Harold, je les rejoins tout de suite, dit-elle avant de quitter la pièce.

- Mon Prince, je vous accompagne à vos quartiers, s'impose Peter.

Je ne prends pas la peine de lui répondre. Le couloir me semble interminable et les escaliers insurmontables. Quand j'atteins enfin mes quartiers, je me dirige tout de suite vers la chambre qu'occupait Louis. Le lit est maladroitement refait, les draps sont même froissés. Louis y a déposé mon sweat-shirt jaune et le t-shirt noir dans lequel il a dormi. La vue de ces vêtements me retourne l'estomac. Mon corps est pris d'un tremblement violent et je me retiens de justesse à l'encadrement de la porte. La voix de mon majordome retentit, j'avais totalement oublié sa présence. Il se dirige vers le lit comme si cette pièce lui appartenait.

- « Il ne sait même pas plier correctement un simple vêtement ni faire un lit, marmonne-t-il, s'apprêtant à récupérer le-dit vêtement.

- Non ! »

Je ne m'attendais pas à ce que ma voix porte autant. Le pauvre majordome sursaute légèrement tandis que j'intercepte sa main tendue vers mes affaires. Il me regarde, rougissant légèrement et retire sa main après bien trop de temps.

- « Je souhaite simplement vous débarrasser de ces affaires qui ne sont pas dignes de vous, mon Prince.

- Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, Peter, mais vous avez plutôt intérêt à cesser immédiatement.