Chapitre 9: Nous quatre

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Il est 5 heures du matin. On est tous les trois dans la rue, Izoée, Ethanaël et moi. On a chacun emballé un maximum de vêtements, couvertures et objets de première nécessité dans un drap. On marche en file indienne, à moitié cachés par notre baluchon.

On a quitté l'hôtel, il y a quelques minutes. J'ai eu beaucoup de mal à convaincre ma petite troupe de faire ses bagages et de quitter la chaleur d'un lit pour l'humidité glaciale de la rue.

J'ai dû leur dévoiler l'arrivée imminente d'une bande de pillards pour que Izoée commence à ouvrir les yeux et paniquer.

— Mais merde, Zax ! Tu pouvais pas nous le dire avant ! Ils arrivent quand ? Pourquoi tu nous as pas dit de préparer nos affaires hier soir ?

C'est vrai ça, pourquoi je continue à tout leur dire au dernier moment ? Par habitude, je crois, et puis parce que j'espère toujours que je me trompe. Que les choses peuvent changer. Mais ça n'arrive jamais.

— Tu y crois vraiment à ses prédictions ? avait demandé Ethanaël à Izoée.

— Elle t'a pas fait une démo ? hier, avait -elle répondu railleuse.

Il n'avait pas pipé mot. Il s'était levé aussitôt, dévoilant un caleçon à petits cœurs, sans pudeur. J'ai pu encore une fois admirer son torse musculeux avant qu'il n'enfile rapidement un jean et un sweat.

Maintenant, l'hôtel doit être pris d'assaut par un groupe d'une cinquantaine d'hommes et de femmes. Ils cherchent un quartier général pour mener des actions punitives contre le gouvernement. Je ne sais pas trop quel est leur délire. Mais je sais qu'ils sont pris par cette folie humaine qui contamine le monde. Ils sont sûrs de leurs idées et prêts à écraser tous ceux qui ne les approuvent pas. J'ai su qu'ils venaient grâce à la pupille du dernier serveur de l'hôtel. Il nous a dit au revoir, hier. Il devait partir aujourd'hui dans sa famille en Angleterre. Il nous souhaitait bonne chance. Son regard était chaleureux et j'ai regardé par inadvertance ce que cachait son avenir. C'est là que je l'ai vu complètement paniqué, fuir le groupe de révolutionnaires qui saccageait l'hôtel. Ils l'ont réquisitionné pour les servir et ils ont fini par le gagner à leur cause. Un vrai lavage de cerveau, c'est devenu un de leur premier adepte. Je n'ai pas regardé plus loin, déçue.

Par moment, on marche les pieds dans l'eau. Il y a des débris partout. Des voitures font le poirier, c'est assez apocalyptique, mais ce n'est rien par rapport à ce qui suivra.

— Quelle est la suite du programme, demande Ethanaël en changeant son baluchon d'épaule. Qu'as-tu vu dans ta boule de cristal ?

J'aime pas le ton qu'il prend. Pourtant je lui réponds :

— On va vers le port, on doit trouver un bateau bleu et blanc pour se rendre en Irlande.

— Bleu et blanc, rien que ça ? Et pourquoi bleu et blanc ?

— Parce que c'est ce que j'ai vu dans la pupille d'Izoée.

— D'accord, mais tu ne sais pas où il est ? A qui il est ? Et comment on se le procure ?

— Non...

Il soupire et regarde Izoée en secouant la tête.

— Dis-moi qu'elle n'est pas complètement barge ta copine !

— Rappelle-toi la vague, se contente de lui répondre Izoée.

On arrive au port, il n' y a plus aucun bateau intact. À cause du raz de marée, ne subsistent que des carcasses éventrées.

— Ok, même si on voit un bateau bleu et blanc, il ne nous emmènera pas en Irlande, soupire Ethanaël devant le désastre.

— Pourtant, je sais que l'on va le prendre ce bateau. Alors, il faut chercher.

Zax, l'OmniscienteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant