Chapitre 12: Village maudit

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Avertissement: contenu mature, des scènes dures psychologiquement


J'ai mal dormi. J'ai encore mal à la tête. Je me lève et j'essaie de raviver les trois braises qui restent du feu de la veille. Peine perdue, elles disparaissent sous les cendres. Je frissonne et me recroqueville en regardant les premières lueurs du soleil incendier l'océan.

Les autres dorment, je les ai entendus longtemps échafauder des plans, hier soir. Mais j'étais incapable de comprendre ce qu'ils disaient, trop embuée dans mes souvenirs et assourdie par les battements de douleur de mes tempes.

Mon souffle fait naître un petit nuage de vapeur. C'est incroyable que l'aurore soit si fraiche. Je grelotte, je regarde mes vêtements qui pendent sur la branche, ils sont encore trempés, pas la peine de les tâter, ça se voit à leur couleur sombre. Autour du feu éteint, il y a les habits des garçons et d'Izoée. On dirait qu'ils sont secs. J'ai très envie de me servir, mais ce n'est pas nécessaire d'accentuer leur colère.

Il faut que je bouge sinon je vais me figer pour toujours. J'avance sur la falaise qui surplombe l'océan. La brise glaciale engourdit mes membres. J'inspire lentement pour réveiller mon corps et apaiser mes peurs. Oui, j'ai peur. Peur des jours qui viennent avec leur lot de souffrance. Peur de perdre l'amitié d'Izoée. Peur de ne pas faire les bons choix. Peur.

— Tu vas mieux ce matin ?

Je sursaute. Je ne l'ai pas entendu approcher. Ethanaël est debout à côté de moi en caleçon, face à l'océan. Il ne me regarde pas et je perçois encore sa colère. Le soleil levant illumine son visage, ses yeux sont d'un vert si cristallin que j'en reste hypnotisée. Il hausse les épaules et retourne auprès du feu. J'observe s'activer. Il souffle lentement sur les cendres et dépose quelques feuilles sèches. Une flammèche crépite. Ethanaël l'alimente avec des brindilles. Le feu a repris. Je m'approche et frissonne quand la chaleur atteint mon corps.

— J'ai encore un peu mal à la tête, mais ça va, je lui réponds enfin. Merci pour le feu.

— Normal, bougonne-t-il. On fait quoi aujourd'hui ?

— Vous voulez toujours me suivre ?

Je fais l'étonnée, mais je sais bien qu'ils ont décidé de continuer le chemin avec moi. Tout simplement parce qu'ils sont sous le charme d'Izoée et puis parce qu'ils sont complètement dépassés par les événements. Je ne peux pas lire en eux, mais j'ai tout vu dans le regard d'Izoée.

— A-t-on le choix ? me répond-il amer. Le monde se casse la figure et apparemment tu es la seule à savoir quoi faire, alors...

— 0 n va à .

J'ai parlé très vite pour ne pas regretter ma décision. Je ne comprends pas d'ailleurs ce qui m'a pris, c'est contraire à tous mes principes. Ethanaël semble interloqué.

— Loug quoi ? On va faire quoi là-bas ?

Il a haussé le ton. Kézian et Izoée se réveillent. Ils nous regardent, les yeux à peine entrouverts.

— Loughcrew Cairns. C'est là-bas que l'on pourra se protéger. On évitera le pire.

Je m'étonne toute seule. Je ne savais pas que j'allais lui révéler tout ça. Il faut que j'arrête. Il n'a pas besoin d'en connaître plus.

— OK, et bien, on avance un peu, dit-il, visiblement satisfait. Et où se trouve ce lieu ?

— C'est plus au nord, on en a pour six jours de marche.

Izoée et Kézian nous ont rejoints. Ils se collent près du feu et bâillent de concert.

— Zax nous révèle enfin notre destination, leur annonce Ethanaël. On va chercher refuge à Loughcrew Cairns et c'est à six jours de marche d'ici !

Zax, l'OmniscienteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant