On a nettoyé la cabine. Mais ça sent toujours le vomi ! On est donc tous les quatre sur le pont. Il fait bon, le soleil s'est débarrassé de sa cour de nuages. Kézian et Ethanaël font connaissance.
Ethanaël tient la barre nonchalamment. Il est pieds nus, une jambe surélevée. Il bat la mesure d'une mélodie que lui seul entend. Il est un peu plus grand que Kézian et sa peau est aussi tannée que celle de Kézian est claire. Ils ont à peu près la même corpulence. Ils sont bien bâtis, quand même ! Mon regard s'attarde sur le torse développé d'Ethanaël, puis sur les biceps de Kézian. Je ravale vite le sourire niais qui vient de naître sur mon visage et jette un coup d'œil gêné à Izoée. Je m'aperçois alors que ma meilleure amie affiche le même sourire béat que celui qui me mangeait la figure, il y a quelques secondes.
Le moteur tousse. Ça, c'était prévisible, pas besoin de fendre ma pupille pour deviner que l'essence allait manquer ! Ethanaël a l'air assez désemparé. Après une dernière quinte de toux, de la fumée s'échappe, c'est fini, on n'avance plus.
— Quelqu'un sait hisser une voile ? demande Kézian.
On se dévisage et on secoue la tête. On a trouvé facilement la grand-voile, empaquetée dans son sac fixé à la bôme. Par contre pour la monter, il a fallu faire tout un tas de nœuds afin que cela tienne bien et c'est sûr, ce ne sont pas des nœuds marins. La voile est coincée aux deux tiers du mât. Le vent la gonfle quand même un peu. Ethanaël cherche à comprendre comment il doit barrer pour bénéficier de la belle brise marine qui nous accompagne. Ça a l'air de lui plaire. Kézian lui apporte son soutien théorique.
J'en profite pour prendre Izoée à part :
— Ça va ma, Douce ? Tu tiens le coup ?
— Faut bien, me répond-elle d'une petite voix en haussant les épaules.
— J'ai besoin de voir, lui dis-je mal à l'aise. Juste un petit peu pour être sûr.
Elle se détourne et je sens qu'elle se crispe.
— Pourquoi toi tu peux connaître le futur de chacun d'entre nous et que tu nous laisses dans l'ignorance ?
— On en a déjà parlé des dizaines de fois, Zozo. Et tu l'avais bien compris, il me semble. Connaître ton avenir ne te rendra pas heureuse. On ne peut pas vivre en sachant les douleurs, les peines qui nous attendent. Les joies ne seront plus des joies sans la surprise qui va avec leur découverte. Et puis, si je te dis ton futur, tu feras tout pour que certains événements n'arrivent pas, mais ils arriveront quand même et tu seras malheureuse et tu louperas plein de bonheurs que tu aurais dû vivre.
— Ça, c'est un concept que je ne comprends pas. Les malheurs quoiqu'on fasse, on ne peut pas leur échapper, mais les bonheurs, ils s'enfuient dès qu'on connaît leur existence ?
— Ben mouais c'est un peu l'idée, mais c'est bien plus complexe que ça ! Tu étais d'accord, on a même scellé un pacte toutes les deux.
— Oui, mais les choses ont changé. On ne vivait pas les événements traumatisants que l'on est en train de traverser. J'ai besoin de savoir comment vont ma mère et les petites ? Pourquoi tu nous emmènes si loin ? Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Je t'ai suivie sans question, j'ai tout accepté jusqu'à présent. Mais maintenant, j'ai vraiment peur. Kézian dit que c'est la fin du monde.
J'en étais sûr, en plus de lui retourner le cœur, le traître lui a remué le cerveau avec ses yeux charmeurs. Je comprends qu'il est temps que je dévoile un peu de notre futur. Juste assez pour ressouder la troupe et la guider à bon port.
— OK ! Tu me laisses regarder et je vous raconte où on va.
— Vraiment ? claironne-t-elle. Ah ! Zax, je crois que c'est la première fois que je te vois fléchir.
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Zax, l'Omnisciente
ParanormalZax sait tout. Sa pupille se fend et elle découvre le passé et le futur des personnes qu'elle côtoie. Lorsque les catastrophes naturelles et les déchirements humains menacent la Terre d'une nouvelle extinction de l'espèce humaine, elle guide son ami...