Chapitre 35

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Je veux des commentaires ;)

Il y a trois ans j'ai eu un kyste. J'ai supporté des douleurs pendant une semaine, sans comprendre d'où elle venait. Et puis un jour j'ai cédé aux demandes de tatie et je me suis rendue à l'hôpital. Un kyste ce n'est pas forcément grave à proprement parler et le mien n'était pas cancérigène. Le médecin a dit qu'un kyste est plus douloureux qu'un accouchement sans anesthésie. C'est la douleur la plus insoutenable que j'ai ressenti jusqu'à aujourd'hui.

Ce que je ressent, là, étalée sur le sol d'or massif, c'est pire que ça, pire que tout. Mon dos me brûle comme si on y passait un fer brûlant pour marquer les vaches. Je ne sens même plus mes autres membres. Sauf mon bras. Mon bras n'est que feu. J'ai l'impression qu'on me l'arrache sans que je ne puisse rien y faire. Je n'ai aucun contrôle alors que c'est mon corps.

Je me griffe l'avant-bras, pour atténuer ce sentiment atroce d'attachement. Mon corps se convulse sous la souffrance tandis que ma gorge laisse passer un cri libérateur, un cri de rage, d'affliction, de peur.

J'halète, les yeux fous. Autour, rien. Seulement ce noir oppressant qui me rappele mon état. Je n'arrive pas à alligner deux pensées logiques. Des milliers de souvenirs se superposent les uns aux autres, sans lien apparents.

Quand je suis tombée de vélo la première fois, quand j'ai rencontré Melina, quand je me baladais avec mon copain du collège. Puis le canyon, la forêt, le soleil, la chute du haut de la falaise. Lucyfer, menaçant.

Alex. Alex. Alex.
Lucas. Lucas. Lucas.

Ma mère.

Là, les sons qui m'entourent refont surface. Quelqu'un hurle. Moi.

Des voix me parlent, d'autres donne des ordres. Des bruits de pas, de lutte.

Je veux savoir ce qu'il se passe mais rien ne m'obeis. Rien. Je stoppe mes hurlements de douleur. Mon bras me tire, me broie. J'aimerai qu'on l'enlève pour ne plus ressentir ça.

-Jeny ! Tu m'entends ?

Une voix. Alex. Il me secoue l'épaule, je n'arrive qu'à sortir un bruit guttural telle d'une folle en pleine crise.

J'ai peur, je ne comprends pas ce qu'il se passe, ce qui m'arrive, je me suis effondrée sans raison. Ah si ! Le choc de voir que ma mère est vivante. Comment ais-je réussi à la sortir de là ? Seulement avec un coup de poings ?

J'ai chaud. Je brûle. Mon dos ne me fais plus souffrir mais le bras n'arrête pas.
Je devrais m'acheter une glace. Une glace c'est aussi un miroir. Et un miroir c'est...

-Jeny ! Écoute-moi.

Encore sa voix. Je sors un peu de ma torpeur, laissant mes idées de divague au fond de mon esprit.

-Alex ? Croassé-je.

Ce que j'ai prononcé doit plus ressembler à "Aés" mais ça n'a pas d'importance. J'ai besoin de lui. Même s'il n'en a rien à faire de moi. Même s'il s'est bien foutu de ma gueule !

-Tu sais ce qu'il se passe ? Jenyfer !

Quelqu'un tapote mes joues. Enfin c'est l'impression que j'en ait.

-La frappe pas aussi fort ! S'indigne une voix aiguë.

Melina. Sortie de sa cage ? Ou dedans ? Dehors. Dedans. Dehors. Dedans.

-Tu te Métamorphose ma belle. Il faut que tu laisse faire ton organisme. Arrête de lutter contre la douleur ça empire les choses.

Métamorphose. Métamorphose.

ExtrêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant