Chapitre 2

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Il était dix-sept heures et Stiles se terrait dans sa salle de bain. Son père n'étant pas encore rentré, le jeune homme s'était permis de squatter la salle d'eau en premier. Et même s'il se savait seul dans sa maison, il ne pouvait s'empêcher de fermer à clé. D'humeur morose, il se déshabilla et se doucha rapidement. Il se lava de manière efficace, évita de perdre du temps. Et surtout, il se nettoya à l'aide d'un gant de toilette en évitant le plus possible de se toucher, qu'importe la partie du corps. Son non-amour de lui-même allait jusque-là. Moins il se touchait, mieux c'était. Il frissonna toutefois de dégoût lorsque la surface rugueuse du gant passa sur ce qui était censé être une cicatrice, au niveau de son épaule et près de sa gorge.

La morsure de Donovan.

Elle était toujours là et le narguait. Stiles regretta de s'en être si peu occupé lorsque c'était arrivé. Il avait soigné ça à la va-vite : résultat, la trace était énorme. Avec de meilleurs soins – s'il avait montré ça à Melissa, par exemple–, peut-être la cicatrice serait moins visible. Il avait voulu faire ça vite et se cacher, dissimuler ses méfaits qui n'étaient, en soi, pas vraiment de sa faute. Stiles souffla. Il fallait qu'il pense à autre chose. Autrement, il risquait de s'attarder sur son comportement débile et ce qui s'en était suivi. La dispute avec Scott, ses remords immenses et la dépression qu'il avait frôlée. Tout ça, c'était terminé depuis un bon moment et pourtant... Il en gardait quelques réminiscences. De toute manière, Stiles savait que ça ne s'en irait jamais vraiment et qu'il garderait cette cicatrice, ce stigmate à vie.

Stiles sortit de la douche et se sécha, évitant soigneusement de regarder son reflet dans le miroir. Il était déjà arrivé qu'il s'y risque et se rende presque malade à ce sujet. Il se voyait toujours de la même manière : trop gros et trop fin à la fois, avec ce corps tout aussi disgracieux que son visage. Pas assez de muscles, trop de faiblesses visibles. Des années que Stiles avait arrêté de se regarder. Cette fois-là chez Derek... Pourquoi avait-il eu l'idée de s'arrêter devant cet immense miroir ? Il s'était vu, encore une fois, laid comme tout. Ces rougeurs, ça ne lui allait pas. Cet air bienheureux de quelqu'un qui venait d'être satisfait lui donnait l'image de quelqu'un de débile. Ce t-shirt, trop grand pour lui avait donné l'impression à Stiles d'être... Trop petit. Une brindille. Il s'était senti comme un enfant dans ce t-shirt. Il nageait dedans, à tel point qu'il en avait eu honte. Un frisson d'horreur l'avait parcouru et l'envie d'avoir des griffes l'avait traversé. Il les aurait utilisées, juste pour déchirer ce visage qui n'avait aucun sens.

Et Derek était arrivé, l'avait embrassé, juste avant qu'il n'ait la nausée.

Stiles secoua la tête. Hors de question de penser à ce connard maintenant. Connard qui, après son refus par message, ne lui avait plus rien envoyé. L'hyperactif avait bien compris que, ça y est, Derek le considérait comme sa pute. Et dire que c'était justement ce qu'il voulait éviter... Il soupira. Bien sûr qu'il passerait pour un homme facile avec ça, qu'avait-il imaginé ? Qu'ils passeraient tranquillement ce marché et que Derek l'aiderait à aller mieux ? Tss. Foutaises. Stiles s'était juste ridiculisé et regrettait amèrement d'avoir eu cette idée stupide. Comment avait-il pu penser une seule seconde que Derek, le loup-garou le plus cool et le plus sûr de lui de Beacon Hills, aiderait un simple humain maigrelet de sa trempe ?

Débile. Rares étaient les fois où Stiles se complimentait. Le plus souvent, c'était pour garder cette image de mec normal, sans souci, juste un peu trop sarcastique pour son bien. Sa « fierté » n'était qu'une façade, un moyen de se protéger comme un autre. Parce qu'il avait peur. Peur que ses amis sachent, qu'ils découvrent que Stiles était en réalité encore plus faible qu'ils ne le pensaient... À moins qu'ils ne le sachent déjà ? L'hyperactif secoua la tête.

Avant d'en arriver à cette extrémité, Stiles avait bien sûr envisagé d'en parler à Scott avant de se rendre compte que son meilleur ami était au courant. Que lui avait répondu le latino, déjà ? « T'as juste une mauvaise période, ça va passer, mec ! » ... Mouais. De longues années que ça restait ancré en lui. Et Scott ne comprenait pas pourquoi Stiles évitait de plus en plus de se changer dans les vestiaires et pourquoi, les seules fois où il ne pouvait pas y échapper, il se changeait à une lenteur démesurée, grattant du temps durant lequel les gens qui avaient fini sortaient des vestiaires. Sinon, la plupart du temps, Stiles se réfugiait soit dans les douches si elles étaient vides, soit il monopolisait une cabine de toilettes. Scott ne comprenait pas non plus pourquoi son ami portait toujours des vêtements trop larges pour lui et pourquoi il ne le voyait quasiment plus porter de simples t-shirts. Il se démerdait toujours pour avoir une veste ou une chemise par-dessus. Il était déjà arrivé que le latino lui demande pourquoi il mangeait peu, pourquoi il semblait se retenir de temps en temps.

Sometimes I feel InsecureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant