Chapitre 27

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Dormir ensemble avait été une telle évidence que Derek s'était glissé avec un naturel étonnant entre les draps de Stiles, lequel avait bien évidemment attendu que la lumière soit éteinte pour oser se dévêtir. Et puis, il l'avait rejoint. S'en était suivi une étreinte un peu chaude ponctuée par des baisers démontrant une envie certaine, mais pas assez forte pour être réalisée. Stiles et Derek avaient aimé se caresser et s'embrasser tout en douceur sans aller plus loin. Il était temps de dormir, de se montrer raisonnable. Or, seul Stiles comptait respecter cette idée-là.

Car Derek s'était tout seul chargé d'une mission un peu particulière. S'il ne prévoyait pas de faire une nuit blanche à proprement parler, il resterait éveillé quelques heures, attendant d'arriver à celle à laquelle il avait entendu ce troisième cœur, quelques jours plus tôt. Ensuite, il aviserait. Néanmoins, il fit semblant de sombrer, de sorte à ne pas alerter son amant qui s'était tout bonnement lové contre lui. Ce n'était pas de cette manière que dormaient « deux plans culs », comme Stiles le disait parfois. Et pourtant, la proximité venait aussi facilement que les gestes affectifs. D'un autre côté, Derek aimait savoir l'humain contre lui, sentir aussi bien sa chaleur que les battements de plus en plus calmes de son cœur au fur et à mesure qu'il laissait Morphée l'emporter.

Mais Derek rouvrit assez rapidement les yeux, dans l'espoir de ne pas céder à la fatigue qui l'assaillait malgré lui. Allongé dans le lit, avec dans ses bras son amant... Ça avait quelque chose de soporifique. Derek n'avait qu'une envie : le rejoindre dans le monde des rêves. Or, c'était justement pour lui qu'il se devait de rester éveillé le plus longtemps possible. Ainsi, pour s'aider, il réfléchit à la situation de l'hyperactif, à tout ce qu'il savait de lui... Tout ce qui pourrait l'aider à comprendre ses difficultés à accepter son corps... S'accepter tout court. Alors oui, il s'attela à cette tâche, se pencha longuement dessus sans même se rendre compte du fait que ses doigts couraient inconsciemment sur la peau du dos de Stiles, y traçant quelques petits cercles de temps à autres. Là, ainsi endormi, l'hyperactif ne se rendait d'ailleurs pas compte du fait que la couette ne recouvrait plus jusqu'à ses épaules : il l'avait lui-même repoussée jusqu'à sa taille tant il avait chaud – Derek était un excellent chauffage. Derek s'aida de sa vision lupine pour mieux le regarder. C'était dingue comme Stiles avait l'air détendu. Dans son sommeil, il ne se souciait pas de ses complexes. D'ailleurs, il n'avait pas enfilé de t-shirt, rien qui pourrait cacher plus ou moins efficacement son torse, comme cela lui était déjà arrivé de le faire. Derek y vit là la marque d'une confiance grandissante... Et ça lui allait. Il avait besoin que Stiles puisse accepter sa présence sans hésiter et ne douter à aucun moment de ses intentions. Ainsi, agir devrait être plus facile, car le loup-garou n'avait pas la moindre intention de le laisser continuer sa vie de cette façon, pour la bonne et simple raison qu'il se la pourrissait lui-même.

Alors oui, il continua de réfléchir des heures durant, jusqu'à tomber de sommeil à l'aube. Il n'avait rien perçu, rien entendu.

De toute évidence, l'intrus avait décidé de ne pas venir cette nuit.

Derek se fit donc la réflexion qu'il devrait tenter autre chose... Une prochaine fois. Il s'autorisa à fermer les yeux, à serrer davantage son amant contre lui et à rabattre correctement la couette sur eux maintenant que leurs corps s'étaient quelque peu refroidis. Si le geste était instinctif, ce n'était pas pour empêcher Stiles d'attraper froid, mais pour bien pour lui éviter une crise d'angoisse au réveil.

Il commençait à bien le connaître.

xxx

Ni Stiles ni Derek n'était en forme. Le premier parce qu'il était un amoureux du sommeil, le second parce qu'il avait passé une grande partie de sa nuit à veiller au grain. En somme, l'un s'était tout de même reposé, l'autre non.

Mais Derek pouvait être le roi de la dissimulation, lorsqu'il le voulait, d'autant plus qu'il s'agissait ici de ne pas inquiéter l'humain, qui préparait le petit-déjeuner sans trop se presser malgré l'heure qui avançait. Avant de manger, ils s'embrassèrent, discutèrent un peu et Derek finit par rentrer au loft, avec la certitude qu'il y avait véritablement quelque chose à faire avec Stiles. Le simple fait qu'ils arrivent à se voir et à rester proches sans uniquement se sauter dessus était une bonne chose : il entrevoyait là des possibilités certaines de discussions futures – une marge de manœuvre dont il ne pouvait douter. Stiles réussirait à surmonter ses peurs et passer au-dessus de ses complexes, il en était persuadé.

En ce qui concernait le visiteur nocturne de la fois dernière, Derek ne pouvait pas se montrer aussi positif. Car s'il n'était pas revenu cette nuit, le loup-garou n'était pas certain que cela veuille dire que c'était terminé, bien au contraire. A ses yeux, l'homme n'était pas revenu parce qu'il savait que Derek passerait la nuit chez les Stilinski puisqu'il y était venu tôt, au contraire de la première fois, où il avait été surpris de ne pas trouver la maison vide... Avec Stiles pour seul occupant. Concernant cette histoire, Derek envisageait donc d'agir autrement. Des idées, il en avait : néanmoins, une seule l'inspirait vraiment.

Stiles disait de lui qu'il était bon pour surprendre les gens... Arriver dans leur dos sans faire de bruit. Et c'était exactement ce qu'il comptait faire.

De son côté, Stiles put se concentrer sur ses devoirs et autres activités sans trop de problèmes. Bien sûr, il songea à nouveau à la stupidité dont Scott ne cessait de faire preuve à son égard. Se remémora ses paroles. Mais par un miracle des plus surprenants, l'hyperactif réussit à ne pas se laisser abattre. A vrai dire, il avait d'autres chats à fouetter et il fallait avouer que certaines pensées le parasitaient dans ses réflexions... Ce qu'il acceptait complètement. Derek arrivait à garder son humeur stable même en son absence – Stiles ne cessait de songer à cette affection qu'il lui montrait, à toutes ces choses qu'ils échangeaient en secret. Dans un sens, ça le calmait.

Parce qu'il se savait seul bénéficiaire de ce genre de contacts et ça lui plaisait un peu plus que de raison. S'il avait eu quelques doutes, il avait désormais confiance en Derek : assez pour accepter de le laisser poser ses mains sur lui, assez également pour lui confier une partie de son âme. En d'autres termes, il se reposait plus ou moins sur lui... Et ce, sciemment. Cette relation qu'ils avaient, elle était vraiment spéciale. Il y avait de l'amitié, de l'affection, et... Cette petite touche de sensualité qui rendait souvent leur proximité électrique.

Alors voilà, Stiles avait toujours plus ou moins fantasmé sur Derek. Mais ce qu'ils avaient là, ça dépassait toutes ses espérances... C'était mieux, bien mieux. Parce que chacune de leurs entrevues lui montrait que l'ancien alpha le respectait en tous points : Stiles irait même presque jusqu'à dire qu'il prenait soin de lui – ce dont il ne l'aurait jamais pensé capable. Pas qu'il ait auparavant jugé Derek comme un homme un peu brusque, simplement... Il l'imaginait doux avec des êtres aux courbures un peu plus prononcées, au visage harmonieux, au regard aguicheur... Des amants au féminin avec qui il s'entendait naturellement bien.

Et le fait de ne pas correspondre à tous ces critères-là mais de bénéficier de tant de privilèges auprès de Derek... Ça le rendait définitivement toute chose. Alors Stiles rêvassa de temps à autres, laissa le souvenir des caresses de son amant éloigner de sa pensée les remarques empoisonnées de Scott.

D'une certaine façon, et même si un petit rien lui faisait appréhender leur prochaine entrevue, Stiles sentit quelque chose se réchauffer à l'intérieur de lui.

Rien ne pouvait l'empêcher d'avoir hâte de revoir Derek et de l'embrasser à en perdre haleine. A ce stade-là, le sexe était complètement secondaire. Leur relation, il l'aimait de plus en plus : elle revêtait de multiples facettes qu'il appréciait de découvrir et ce, même si elle tournait autour d'un simple pacte... Qui connaîtrait toutefois sa fin bientôt.

Cependant, Stiles s'efforça de ne pas y penser. A la place, il souffla et fit au mieux pour se concentrer sur ce qu'il avait à faire. Et il sut qu'il était foutu lorsqu'il rougit stupidement en ouvrant directement son manuel de mathématiques à la page soixante-neuf. Stiles pesta contre lui-même.

Derek lui manquait déjà.

Sometimes I feel InsecureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant