Chapitre 17

917 76 25
                                    


Pour être honnête, Stiles ne savait pas combien de temps il était resté en boule dans sa voiture, ni combien de temps il avait roulé par la suite. La seule chose dont il était au courant, c'était qu'il s'était dirigé d'instinct vers la forêt, l'unique endroit où l'on ne viendrait pas le chercher. Son départ allait causer un peu de remous du côté de ses amis qui, lorsqu'ils se rendraient compte de son absence, chercheraient à le trouver puis à comprendre les raisons de son absence au lycée : sans doute Scott évoquerait-il leur discussion et cette manière qu'il avait eue de s'en aller d'un air pressé. Mais on n'irait pas plus loin, on ne chercherait pas à savoir de quoi ils avaient parlé, tout comme on ne relierait pas cela à l'histoire qu'entretenait Stiles avec Derek.

Enfin, c'était ce qu'il espérait.

Alors qu'il marchait d'un pas tremblant au milieu des arbres au feuillage mourant, Stiles essuya sa joue d'un revers de manche et la traîtresse qui avait coulé assombrit très légèrement le tissu. Arrête, se dit-il. Pleurer n'était pas utile. Il en avait besoin, oui, mais il se sentait assez pathétique comme cela. Pas besoin d'en rajouter, même s'il n'aurait sans doute que la faune et la flore comme spectateurs de son état moral catastrophique.

Au bout d'une courte session de marche et car il n'était pas capable de plus, Stiles s'effondra contre un arbre. Ses jambes ne tenaient plus. Il était dans un tel état que son corps envoya valdinguer toutes les restrictions qu'il s'imposait. Et il éclata en sanglots.

Parce que c'était tout ce qu'il pouvait faire à l'heure actuelle.

Pour l'instant, Stiles était incapable de parler, de justifier son absence à son père. Incapable de conduire à nouveau : ses larmes le rendaient aveugle. Incapable de regarder son téléphone tant la terreur de voir la potentielle réponse de Derek le terrifiait.

xxx

De mémoire, jamais la chambre de Stiles n'avait été aussi propre, ni aussi bien rangée. A vrai dire, il y avait passé du temps, profitant de l'absence de son paternel pour rentrer plus tôt et ainsi, de s'occuper. Nous étions en fin d'après-midi et le soleil avait déjà entamé sa descente, plongeant le ciel dans une perspective fort colorée que Stiles avait toujours trouvé agréable à regarder. Mais cette fois, il s'en fichait. Agir tel un automate lui permettait de faire quelque chose de sa vie et d'arrêter de rester dans son coin à pleurer comme un idiot, dans une forêt où, finalement, il pourrait lui arriver n'importe quoi.

Quelques heures plus tôt, il avait finalement envoyé un message à son père qui avait tenté de le joindre à plusieurs reprises pour le rassurer et trouver une excuse pour son absence. Il lui avait sorti un motif bateau avant de balancer son téléphone sur son bureau en faisant de son mieux pour ne pas zieuter une éventuelle réponse de la part de Derek. Il était réellement terrifié... Sa potentielle réaction lui faisait peur. Le loup n'était pas agressif en soi et Stiles savait qu'il ne lui ferait pas de mal et surtout, qu'il ne chercherait pas à lui imposer quelque chose qu'il ne voulait plus. En l'occurrence, c'était faux. Il désirait toujours cette chose, simplement... Il fallait protéger Derek, lui et sa réputation. Alors s'il n'avait pas peur d'une potentielle agressivité, qu'est-ce qui le stressait autant ? Au final, il ne savait plus. Toutefois, il se doutait bien que le loup finirait par faire son apparition.

Et il n'imaginait pas à quel point il avait raison.

Au bout d'un moment, un bruit attira son attention et c'est avec une angoisse non feinte qu'il regarda Derek entrer dans sa chambre en entrant, comme à son habitude, par la fenêtre. L'hyperactif fit un pas en arrière et garda son regard au sol. Il ne se sentait pas capable d'affronter le loup, pas maintenant. Il ne voulait pas voir son visage. Sa colère. Sa déception. Son mépris.

Sometimes I feel InsecureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant