Chapitre 9
Énervé, Livan se débarrassa de l'épaisse couverture dans laquelle il était emmitouflé, pour se lever et aller remettre à sa place, le malheureux qui se permettait de jouer, d'aussi bon matin, du piano sur sa sonnette. Il en avait marre. Depuis un certain temps, il avait l'impression, qu'on s'acharnait à lui gâcher ses grasses matinées.
Les yeux bouffis par le sommeil, il baillait jusqu'à s'en rompre la mâchoire. Après s'être mangé un mur, et d'en avoir évité plusieurs, il ouvrit la porte. Surpris, il resta immobile un moment, ne s'attendant pas une seule seconde à LE trouver derrière la porte.
-Tu comptes me faire rentrer, ou tu juges le pallier comme endroit idéal pour mourir. Demanda sarcastiquement l'invité. Pas que ton regard appréciateur me dérange. Mais, nous pourrions continuer, au chaud dans ton appartement, sans que je coure le risque de mourir de froid.
Reprenant ses esprits, les joues rouges de honte, Livan se décala, pour laisser entrer le brun. Celui-ci, très satisfait d'avoir su le déstabiliser, abordait un petit sourire espiègle.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-il, en refermant la porte, cherchant à reprendre un minimum d'assurance. Tu n'étais pas censé arriver vers neuf heures ?
- Et tu penses qu'il est quelle heure ? Lui répondit l'autre, un brin exaspéré.
L'artiste leva les yeux, fixant l'horloge murale qui était accrochée au mur, et constata qu'en effet, les aiguilles dorées de celle-ci étaient déjà situées sur le dix, et ne manquaient qu'un petit bout de chemin, pour atterrir sur le onze.
Il évitait alors tant bien que mal, de croiser le regard, semblant crier " Je te l'avais dit " de Giovanni, et se dirigeai vers la cuisine. Il s'affaira à faire du café, pour se réveiller un peu, et en proposa un à son invité, qui accepta de bon coeur.
Il contourna l'îlot central, et ouvrit un placard pour en sortir deux tasses qu'il posa sur l'évier. Alors qu'il mettait dans la machine à café, une capsule d'expresso, il leva les yeux, se sentant observé.
C'était sans aucune surprise, qu'ils tombèrent sur le brun, dorénavant haussé sur un des tabourets qui meublaient l'îlot. Le blond remarqua aussi, une moue appréciateur sur le visage, qu'il avait laissé son sac de voyage et ses chaussures usées dans l'entrée, passant les pantoufles prévues à cet effet.
*****
Le blond soupira, et se passa les mains dans les cheveux. Il avait conscience que depuis quelques minutes, la température de l'eau baissait de plus en plus, mais il n'avait pas encore envie de sortir. Pas tant qu'il ne s'était pas calmé !
Il colla son front à la vitre, et laissa l'eau couler sur son dos, encore quelques minutes avant de la couper. Il fallait qu'il se ressaisisse.
Sa réaction était aussi puérile que celle d'une ado à son premier rencard, et il ne devait pas. Il était chez lui quand même !Livan fixa une serviette à sa taille, et en attrapa une autre, pour se sécher les cheveux. En entrant dans sa chambre, il entendit un petit bruit de chute, suivi d'un juron. L'autre, pensa t'il, devait être en train de ranger ces affaires comme il le lui avait conseillé. Il soupira une énième fois, et antreprit de s'habiller.
Une heure plus tôt, après qu'il eu terminé de préparer le café, lui et son hôte s'étaient installés dans le canapé, sirotant le liquide noir dont les effluves embaumaient toute la pièce.
Les dix minutes où un silence apaisant regnait sur le petit salon, s'envolèrent bien rapidement, laissant un blanc inconfortable entre les deux hommes. Ils se tortillaient dans tous les sens, mal à l'aise et évitaient autant qu'ils le pouvaient de se regarder.
Mais le moment fatidique, où leurs iris se rencontrèrent, arriva bien vite. Plus Livan essayait de lire dans ces prunelles vertes, plus il les trouvaient magnifiques. Il n'avait rencontré personne durant sa courte vie qui possédait des yeux pareils. Ils étaient légèrement bridés et brillaient d'une intensité peu commune.
Son regard, admirateur, glissa sur la petite boule, magnifiquement bien taillé qui descendait et remontait, avec la lenteur d'un chat paresseux, fascinant de plus en plus l'artiste qui avala sa salive. La pomme d'Adam de l'homme en face de lui, bougeait à chaque fois qu'il prenait une nouvelle gorgée de sa boisson chaude, dans un ballet débordant de sensualité.
Il aurait continué à admirer Giovanni sur toutes les coutures, si celui-ci n'avait pas éclaté de rire, le sortant aussitôt de sa contemplation. Le blond, terriblement gêné et rouge d'embarras, n'avait plus su où donner la tête.
- J'ai ... Je ... Tu, avait-il bégayé pendant plus de trois bonnes secondes.Au même moment, la sonnerie de son téléphone avait retenti depuis la cuisine. Livan s'était tout de suite levé, disant qu'il devait absolument répondre, puis avait filé le plus rapidement possible, manquant de s'étaler de tout son long, lorsque le tapis s'enroula autour de sa cheville.
Arrivé dans la cuisine, il répondit à l'appel, prêt à élire Gabriel comme Sauveur de l'année. Il l'avait échappé belle ! Pourtant, sans même lui laisser le temps de prononcer quoi que ce soit, Gabriel lui fit part de la nouvelle, et raccrocha tout aussitôt.
Il traîna les pieds, respira à fond et retourna au salon. Il prit un air assuré, et leva les yeux vers son invité qui n'avait pas bougé d'un pouce.
- C'était Gabriel. Le rendez-vous avec Colors Songs a été avancé. Ils, continua-t-il, veulent nous voir aujourd'hui!
Il croisa les bras sur son torse, les sourcils froncés, lorsqu'il constata que Giovanni n'avait pas esquissé le moindre geste, montrant qu'il avait compris.
- Dans une heure et demie, précisa t-il. Donc, nous devons nous préparer dès maintenant, pour ne pas être en retard.
L'invité daigna enfin bouger. Il avait juste croisé ses jambes, mais c'était déjà là quelque chose ! Il ramena ses deux mains sur sa cuisse gauche, et fixa Livan, un petit sourire au coin des lèvres.
- Étant donné que j'ai pris une douche ce matin, et que je suis déjà habillé, c'est plutôt à toi de te préparer, déclara t-il. Hum, à moins que tu penses y aller comme ça ?
Se sentant brûler sous le regard du brun, l'artiste baissa les yeux sur sa tenue. Les joues écarlates, il se dépêcha d'arranger son vêtement, dont la ceinture était dénouée. Il avait complètement oublié que, ne dormant que très peu habillé, il avait juste passé un peignoir par-dessus son short de nuit. Celui-ci, avait dû se dénouer alors qu'il répondait au téléphone.
Gêné, et horriblement mal à l'aise, il avait donc conseillé à Giovanni de ranger ses vêtements dans la chambre d'amis, alors qu'il prenait ses jambes à son cou, s'enfermant à double tour, dans la sienne.
Alors qu'il se déshabillait, le souffle court et les joues toujours rouges, il songea qu'il n'avait même pas fait visiter la maison au blond, et que par conséquent, il ne savait pas où se trouvait la chambre d'amis.
Temps pis, se dit-il en entrant dans la cabinede douche. Il semblait si arrogant et sûr de lui aujourd'hui ! Il n'aura qu'à se débrouiller !
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Dawning love, lies and pretenses.
RomanceLorsque des huissiers menacent de le mettre à la porte, Giovanni, ayant terriblement besoin d'argent, accepte sans hésiter une offre de travail . Pensant, qu'il s'agissait d'un petit job comme les autres, le brun sera étonné de constater, que son tr...