Chapitre 14
Au " Tables Sacrées ", et plus précisément à la table sept, l'ambiance n'était pas au dû forme. Des deux hommes qui se rassasiaient, l'un exhalait la joie et la bonne humeur, faisant parfois des remarques qui résonnaient dans le vide, tandis que l'autre demeurait implacablement froid.
- Hmmm ! Lança Livan. Leur saumon est toujours aussi bon.
La phrase, lancée à but de faire lever les yeux de son interlocuteur de son assiette, ne fit même pas bouger celui-ci. Comme les huit autres !
- Et ce gratin à l'aubergine... Oh mon Dieu. É-pa-tant !
- Tu veux bien arrêter ?! Ta voix me gêne. Le coupa Giovanni.
Devant ces yeux noirs, le blond ne put que refermer sa bouche, alors qu'il allait rétorquer quelque chose. Il remarqua même que des têtes s'étaient retournées dans leur direction.
Merde, cet imbécile avait parlé fort !Il en toisa quelques-unes, et un petit rictus au bord des lèvres, il prit une cuillerée de son repas, se délectant de la réaction de l'individu en face de lui.
Une heure plus tard, le ventre plein et le teint rayonnant d'avoir tant mangé, l'artiste se leva, posa sa serviette sur la table, et lança à l'autre qui n'avait toujours pas fini son dessert :
- Finis et rejoins moi dehors ! On a autre chose à faire.
Devant les yeux effarés de son employé, il sortit par la porte de service, sans un regard en arrière. Il le vit le suivre du regard, la bouche ouverte, sans pour autant parler.
Il récupéra sa casquette, pliée dans une de ses poches arrières, la passa sur sa tête, puis s'afféra à allumer une cigarette avec le briquet pris au même moment.
Il tira sa première bouffée, et sentit un bien-être l'envahir. Il en inspira une autre, et appuya sa tête contre le mur, alors qu'un frisson de froid le traversa. Pourtant, il n'était que début novembre. Cet hiver s'annonçait rude.
Il ne fut même pas à la moitié du bâton de nicotine, que Giovanni déboula, le visage rouge, de ce que Livan devina comme la colère, mais aussi un peu de gêne.
- Si tu es sorti parce que tu pensais que j'invitais, tu peux repartir payer, car comme tu le dis si bien, je n'ai pas un rond !
- Relax Hulk ! Pas besoin de devenir vert. Je sais très bien que tu ne peux inviter personne à manger, et en plus dans un restaurant comme celui-ci !
Tout en parlant, il pressait sa main sur son torse, pour le faire avancer, manquant plusieurs fois de faire tomber le brun. Qui lui, ne comprenait toujours rien.
- Alors, je te conseille juste, si tu ne veux pas finir en taule, de courir aussi vite que tu peux jusqu'à la voiture.
Aussitôt la phrase prononcée, Giovanni afficha une expression de terreur, et détala aussi vite qu'il le put, et traversa la rue pour atteindre la voiture.
Écrasant son mégot de son pied gauche, le blond ne put s'empêcher d'éclater de rire face à l'absurdité de l'autre. Pourtant, pour ne pas paraître trop suspect, il joua aussi le jeu, trottinant vers le moyen de transport.
Ce n'est qu'après avoir dévié la route menant à son appartement plusieurs fois, que son compagnon le remarqua enfin.
- Mais...?! Où allons-nous ?
Livan prit soin de ne pas répondre, l'ignorant capitalement jusqu'à ce qu'ils s'arrêtèrent devant un superbe immeuble. Dans un assortiment de deux étages, ce dernier mêlait verre et briques superbement. Du premier au dernier étage, des copeaux de bambou étaient incrustés ici et là dans le mur de la partie gauche de la façade, donnant un aspect rayonnant et tropical à l'ensemble. Une grande enseigne de bois, qui tournait sur elle-même, finissait le décor peu commun de l'immeuble.
Prostrés devant le magasin, Livan se faisait un plaisir d'observer cet air hagard sur le visage de Giovanni alors qu'il finissait de déchiffrer le nom sur l'enseigne.
Pourtant, alors qu'il pensait que ce dernier allait bondir de joie ou allait s'évanouir d'émotion, ce fut un regard blasé qui lui fit face. Le brun n'avait pas l'air très content, et même un peu impressionné.
- D'accord, je comprends qu'avec tout l'argent que tu possèdes, tu ne peux pas te permettre de porter deux fois le même vêtement, ou que tu adores lancer de l'argent par les fenêtres. Mais, continua Giovanni d'un ton fatigué, tu n'aurais pas pu juste me déposer à ton appartement.
- Alors, oui, comme tu le dis si bien, j'ai un standard à garder. Et, si je veux lancer de l'argent par la fenêtre, je le lance. J'en ai assez pour ça.
Le brun ne se garda pas de rouler des yeux devant cet ego puissance mille.
- Pourtant, aussi bizarre que cela paraît, on n'est pas là pour moi, mais pour toi. Il le regarda de haut en bas, puis lui lança : je refuse de trimballer derrière moi un gars qui a le même look qu'un SDF.
Puis sans faire plus attention au jeune homme derrière lui, il passa la porte vitrée du magasin. Il vit du coin de l'œil l'autre le suivre, probablement agacé et esquissa un sourire vainqueur.
Il ne fit plus de deux pas, lorsqu'une jeune femme se précipita pour l'accueillir.
- Monsieur Drake ? C'est un honneur de vous recevoir, tout est prêt. Iel vous attend dans le cinq.
Le blond acquiesça juste, et prit la direction qui lui était familière. Le sentant perdu, il clarifia la situation à son compagnon :
- Ici, en plus des cabines standards, il existe également des box aménagés, pour les clients VIP.
- Je sais ! Mais...
- Tu sais ?!
- Ah ! Euh oui ... Tu sais, c'est plutôt connu ici, donc la télé...
L'artiste qui regardait l'autre déglutir, ne fut pas convaincu, mais ne releva pas. Après tout, il n'avait pas le moyen de fréquenter ce genre d'endroits.
Lorsque la petite plaque à côté de la porte indiqua enfin le numéro cinq, il dépassa sans perdre de temps le rideau de bambou et pénétra dans la pièce.
- Livan, Amore ! J'étais surpris que tu passes en semaine, mais tu sais que je ne peux rien te refuser. Il paraît que tu amènes une brebis ?
- Oui, et elle est toute à toi ! Allons Bambi, ne sois pas timide !
Il se tourna, semblant subitement s'intéresser aux pièces que Mayer avait préparés. Il faisait consciencieusement l'aveugle, afin d'éviter les yeux de Giovanni, qui semblait crier d'agonie.
PS : mon nouveau projet en média !
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Dawning love, lies and pretenses.
RomanceLorsque des huissiers menacent de le mettre à la porte, Giovanni, ayant terriblement besoin d'argent, accepte sans hésiter une offre de travail . Pensant, qu'il s'agissait d'un petit job comme les autres, le brun sera étonné de constater, que son tr...