chapitre quatre

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je sais pas trop ce que je pense de ce chapitre mais bon, il est là

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– Je veux partir d'ici.

– À qui le dis-tu.

Natéo et Tancrède échangèrent un regard las et replongèrent dans leurs exercices de grammaire. Une demi-heure que ça durait et personne ne voyait d'issue. La classe était-elle condamnée à travailler sur les négations pendant les deux heures ? Ou y avait-il une échappatoire ?

La salle était triste. Les feuilles bruissaient, se tournaient et étaient lâchées sur les tables. Les bureaux bougeaient avec force de grincements. Mme Thomas écrivait sur son ordinateur et jetait de temps à autre un regard désapprobateur. Les soupirs jaillissaient de tous les côtés.

– Je sais qu'il faut travailler mais ça te dit un morpion ?

Malgré la volonté qu'iel avait fait preuve pendant un mois d'ignorer son voisin, Natéo n'y tint plus et accepta avec soulagement. Tancrède sortit une feuille à carreaux et traça au stylo une grille de trois sur trois. Puis il saisit un crayon à papier et fit un rond au milieu. Les deux firent quelques parties et après de multiples chuchotements, le jeu fut abandonné au profit d'un pendu.

– J'ai super faim, c'est horrible, chuchota le jeune homme.

– M'en parle pas. J'ai fini mon paquet de céréales hier et j'ai dû manger leurs céréales hyper sucrées qui ne nourrissent pas. Tu sais ce qu'on mange ce midi ?

– Je ne sais pas vraiment mais je pencherai plus pour quelque chose de pas bon. Peut-être qu'il reste du ragoût d'hier.

Natéo fit une grimace de dégoût. Le repas lui avait fait très peu envie : surtout quand iel avait vu les morceaux de graisse qui flottait à la surface. Rien que d'y penser, un frisson parcourut son corps.

– On avait des devoirs en latin ?

Cette question sortait de nulle part mais la jeune personne avait eu un éclair de conscience. C'était très rare que M. Covet leur donne du travail à la maison mais parfois, il se souvenait que c'était l'école et leur donnait une montagne d'exercices.

– Il fallait réviser la seconde déclinaison mais c'est simple. Je ne crois pas qu'il y avait autre chose, répondit Tancrède.

Natéo lâcha un soupir de soulagement et tenta de se concentrer sur sa feuille. Pour la cinquième fois de cette heure, iel se demanda qui était le génie qui avait inventé la langue française. Sûrement quelqu'un sur le point de mourir avait décidé d'écrire un livre avec des règles étranges pour se venger de la vie.

Sur ses pensées réjouissantes, la cloche sonna et la jeune personne – comme le reste de la classe – eût envie de lancer un cri joyeux. À la place de cela, iel prit Artus par le bras du manteau pour s'assurer qu'il l'attendait pour manger.

– Oui, ne t'inquiète pas. Je vais aller travailler au CDI. Mail il faudra qu'on se dépêche parce que j'ai cours de guitare après.

Natéo hocha de la tête et se hâta à la suite d'autres élèves qui faisaient latin.

– Asseyez-vous ! On a beaucoup de choses à faire.

Les élèves tirèrent leurs chaises avec force de fracas. Natéo sortit ses affaires et eût la surprise de voir que Clémentine se trouvait à côté d'iel.

– Tu n'avais pas arrêté le latin pour l'euro ?

– Si, répondit-elle en ouvrant son livre. Mais tu me manquais trop !

Cette excuse ne convainquit pas vraiment la jeune personne, mais iel ne poussa pas plus loin. Clémie lui avait manqué. Les cours de latin étaient géniaux mais sans personne avec qui échangeait, c'était un peu triste. Alors Natéo fit un grand sourire.

Memento MoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant