Natéo attendait depuis six bonnes minutes à la bibliothèque que Tancrède daigne d'arriver. Les deux avaient choisi de travailler sur Iphigénie parce que leur professeur de français leur avait fait étudier la pièce de Racine en quatrième. Pour cette fois, leur texte était celui de Lucrèce, De rerum natura.
– Je suis désolé ! Mon réveil n'a pas sonné comme c'est le week-end et le temps que je m'habille, j'étais à la bourre. Ça te dérange si je mange des biscuits ?
Le jeune humain haussa ses épaules.
– Si tu m'en passes un.
– Deal !
Le garçon mit la boîte de galettes bretonnes au milieu de la table et commença à sortir ses affaires. Natéo lui montrait ce qu'iel avait déjà fait et les deux travaillèrent côte à côte sur la traduction. Le Gaffiot était ouvert en grand et Tancrède avait dû aller chercher des livres de grammaire.
C'était le samedi matin et peu de personnes s'aventuraient dans la bibliothèque. La documentaliste s'occupait de ranger les nouveaux livres. Voir de la nourriture dans son CDI l'avait fait grincer des dents mais elle s'était contentée d'en voler un et de leur faire un peu la morale. Elle ne pouvait s'empêcher d'adorer les internes. Si loin de leur famille... Elle savait que c'était parfois pour le mieux et elle les couvait encore plus. Si les CPE et l'infirmière n'inspiraient pas vraiment confiance, Mme Le Bihan était l'adulte de référence. Et une de ses immenses qualités était qu'elle était forte en cours. Surtout en maths ce qui la rendait divine pour les pauvres élèves de spécialité.
– Je peux te piquer une autre galette ? demanda Natéo, en attachant ses cheveux pour qu'ils arrêtent de tomber sur son visage.
– Ce sont mes précieux ! s'écria-t-il avec une main protectrice sur la boîte.
Le jeune humain leva les sourcils et le fier défenseur souleva le couvercle pour lui en offrir un.
En regardant combien iel galérait, Tancrède se leva et se plaça derrière l'élève pour l'aider. Natéo lui tendit son élastique qu'il enroula autour de son poignet. Sa main droite saisit la masse de cheveux. Ses doigts fins saisirent les mèches qui tentaient de s'échapper.
Le garçon s'arrêta quelques instants. Natéo semblait retenir sa respiration.
– Je te fais mal ?
– Non, non.
Sa main gauche se plaça à la base du front et caressa avec délicatesse la chevelure pour aplatir les bosses. Quand il fut satisfait, il prit l'élastique bleu pour finir la queue de cheval. Il fit trois tours et serra une dernière fois. Il alla se rasseoir. Les deux ne dirent rien et continuèrent à travailler.
Les mains de Tancrède étaient rouges. Il tenta d'écrire mais il n'arrivait pas à se concentrer. Il leva ses yeux vers Natéo mais les redescendit. Le jeune homme se frotta le poignet droit et se remit au travail.
Vers neuf heures et demie, trois personnes entrèrent pour travailler. Tancrède apprécia la pause bienvenue et ferma le Gaffiot.
– Donc, sur la traduction, on est bien. On passe à l'analyse ?
– On l'a déjà un peu commencé, soupira Natéo. On peut pas faire une petite pause ?
Tancrède leva ses sourcils. Ça le surprenait de la part de Natéo.
– Je suis là depuis une demi-heure ! On n'a pas du tout assez bossé pour faire une pause.
– Tu fais ce que tu veux mais moi je sors un peu. C'est samedi ! Et il nous reste encore du temps avant la date limite.
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Memento Mori
Подростковая литератураSOUVIENS-TOI QUE TU VAS MOURIR Sous la pluie et les rayons de soleil, on grandira. Même si les étoiles ont décidé autrement, on sourira. Natéo est prêt·e à vivre sa vie sans s'arrêter. À se battre. À se disputer avec Tancrède, à regarder des films...