chapitre sept

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« In 91 In 91,

Je ne sais pas qui a trouvé notre oasis mais je te dis bien le bonjour, chèr∙e ami∙e. C'était un vrai plaisir de recevoir ta missive. Comment en es-tu venu à découvrir notre maisonnée ?

Je sors ma boule de cristal et je vais essayer de chercher qui tu pourrais bien être. D'après mes visions, tu pourrais tout aussi bien être un petit enfant de trois ans qu'un mouton. Il va me falloir encore chercher. À moins que tu m'aides dans cette noble tâche...

Tu souhaitais savoir qui j'étais et pourquoi j'avais utilisé une calculatrice pour faire passer des messages secrets. Je te l'accord, nous aurions pu faire plus compliqué. Le code est assez simple pour qui a une Casio des années 90 mais encore faut-il en avoir une. Si tu veux tout savoir, j'étais pour cacher le code dans des tableaux. Mais hélas ! Tout le monde n'a pas la fibre artistique.

Je ne peux malheureusement pas continuer cette lettre mais je te laisse sur les paroles d'une de mes chansons préférées.

Mais y a tant de choses à voir avant, de partir pour le firmament
Y a tant de pages à tourner, ta vie ne fait que commencer
Y a tant de choses à voir avant, de partir pour le firmament
Y a tant de jours et tant de nuits, tu es au début de ta vie »

Natéo replia avec lenteur la lettre et eut envie de sauter sur place. La personne lui avait répondu. Le code n'était juste quelque qu'iel avait créé de toutes pièces dans son esprit. C'était réel. Pour une fois, ce n'était pas qu'une fantaisie de tard le soir, quand le rêve et la réalité se mélangeaient.

Le jeune humain sortit une feuille mais la remit dans son sac. Iel voulait prendre son temps pour lui répondre. C'était excitant. Ce sentiment d'appartenir à un roman, cette envie de garder le secret parce que pour une fois, ça lui arrivait à iel.

Sans vraiment y penser, iel jeta un coup d'œil à sa montre.

– Merde ! Merde ! Merde.

C'était la merde.

Ses jambes se mirent à courir jusqu'à la grille du lycée. Le soleil avait fini par se lever, après avoir paressé pendant plusieurs heures et son cours de français allait commencer très très bientôt.

À la grille, une surveillante lui ouvrit et cria, tandis que Natéo courait à toute vitesse dans la cour.

– Tu as deux minutes !

Iel monta les escaliers et courut jusqu'au bout du couloir. La porte était ouverte mais Mme Thomas était en train de la refermer.

– Vous êtes en retard.

– Je suis vraiment désolé∙e. Je n'ai pas entendu la sonnerie et –

La professeuse leva les sourcils et rajouta d'un ton sec :

– Vous viendrez me voir à la fin de l'heure. Asseyez-vous à votre place, et je ne veux pas vous entendre de toute l'heure.

La jeune personne hocha la tête et se laissa tomber sur la chaise à côté de Tancrède.

– Je vais donc pouvoir reprendre mon cours. Comme je le disais avant que votre camarade m'interrompe, vous allez travailler sur une lecture cursive en rapport avec la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne, par Olympe de Gouges. Amine, expliquez-nous à quoi sert une lecture cursive. Je l'ai déjà expliqué un certain nombre de fois mais je sais que la plupart d'entre vous ne comprennent pas un traitre mot de ce que je raconte.

– C'est un texte qui doit nous aider dans notre dissertation et on doit en présenter une à l'oral de français.

Mme Thomas acquiesça.

Memento MoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant