chapitre huit

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Tancrède connecta son téléphone à son enceinte. Il laissa les premières notes retentirent dans la salle de bain.

I would never fall in love again until I found her
I said I would never fall unless it's you I fall into
I was lost within the darkness but then I found her
I found you

Il mit du vinaigre sur l'éponge et commença à nettoyer le lavabo. Une de ses mères l'avait fait une semaine avant mais la famille avait réussi à salir complétement la pièce. Pour leur défense, leur groupe de quatre s'était agrandi avec les vacances de noël. Il avait une journée de repos avant que ses grands-parents débarquent et il devait le passer à nettoyer.

Il murmura le refrain de la chanson. Il pleuvait dehors. Ses yeux regardèrent les nuages et ses pensées partirent vers le lycée. À la radio, la présentatrice avait dit que la perturbation venait du bout de la France. Natéo devait aussi avoir subi ce temps. Enfin, iel l'avait adoré. Un jour, iel avait dit que c'était son moment préféré parce qu'iel regardait un dessin animé avec son père et que sa grand-mère leur faisait une soupe au potimarron. Il ne voyait pas vraiment comment on pouvait aimer la soupe mais Natéo l'avait dit avec un tel sourire. Tancrède ne comprenait pourquoi la jeune personne lui avait dit. Parce que deux jours, iel ne lui parlait plus. Les cours d'allemand qui ne le passionnaient pas étaient devenus longs et ennuyants.

Qu'est-ce qu'il y avait bien pu se passer ? Du jour au lendemain, iel n'avait plus rit à ses blagues. Le jeune humain avait arrêté de lever ses yeux aux ciel quand il disait une bêtise. Alors, il avait arrêté de lui en faire.

Il était content qu'iel recommence à lui parler. Ce n'était pas beaucoup, juste quelques discussions de temps en temps mais c'était bien plus que tout ce qu'il y avait eu avant. Iel ne lui avait pas manqué parce que c'était quand un∙e véritable intello et qu'iel pouvait être chiant∙e, Natéo avait bon goût en céréales et il pouvait lui en piquer maintenant.

Une exclamation de son petit frère le fit revenir dans le moment présent et il se rendit compte qu'il restait plein de saleté sur le lavabo. Il frotta encore plus fort.

Il se demandait ce qu'iel faisait en ce moment. Il ne l'avait jamais entendu parler d'autre famille que sa grand-mère et son père. Est-ce qu'iel avait aussi fait un sapin ? De quelle taille ? Est-ce qu'iel ouvrait ses cadeaux le 24 décembre au soir ou le 25 au matin ? Ou à un autre moment ? Il ignorait tellement de choses sur iel. Est-ce qu'iel aussi...

Il entendit des petits coups à la fenêtre. Il arrêta ce qu'il était en train de faire et alla ouvrir la fenêtre. Le vent froid s'engouffra dans la salle de bains et il frissonna. Sur la route, il y avait Marguerite. Elle avait un manteau beaucoup trop léger pour la température. Ses cheveux étaient mouillés et elle avait son sac à dos à la main. Ses collants avaient des trous.

– C'est cliché, le coup des cailloux.

– Je n'ai jamais été très originale. Je suis tellement banale que je porte actuellement des Converse trempées. Je peux entrer ?

Tancrède descendit les escaliers et ouvrit la porte. De près, Marguerite avait l'air encore plus échevelée. Il la prit par le bras et la fit rentrer. Il lui enleva son manteau et lui tendit des chaussons. Sa meilleure amie fit un petit sourire. Il l'emmena dans le salon.

Ses mères buvaient du thé pendant que son petit frère dessinait des escargots sur du papier rose. Tancrède ne savait pas comment quelqu'un pouvait prendre autant de plaisir à faire des boucles encore et encore mais il avait arrêté de se poser des questions il y a plusieurs années.

– Bonjour Marguerite. Mais qu'est-ce que tu fais là, ma chérie ?

La jeune fille poussa un soupir s'assit sur le canapé.

Memento MoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant