RIDDLE GAME Vol. 1

⏯️EP 15

ÉPISODE 15

— Nior, nous voilà ! hurla Rihanne, comme la Jeep Renegade de Dragan dépassait le panneau de bienvenue de la mégapole.

Accueillant ses visiteurs d'un « Welcome to the town you won't leave », Nior, alias Paradize City, était un traquenard à touristes. Une fois qu'on y mettait les pieds, on ne la quittait plus vraiment car on ne lui disait jamais adieu. Simplement au revoir. Parce qu'on y retournait sans faute. Elle savait vous faire prisonnier de ses charmes.

Le trio arrivait de nuit. La veille, Lawson recevait un appel de l'hôtel lui annonçant que la réservation avait été prolongée à deux semaines. Leur séjour débuterait dès lundi, mais ils pouvaient prendre possession des chambres dimanche soir. Rihanne n'avait pas voulu attendre le début de la semaine.

— Vous pensez quoi du fait que Mr Soul savait, un jour avant l'annonce d'Emy Event©, que la Rock-Feast serait allongée de trois jours ? interrogea Dragan.

— Clairement, il n'est pas que Papa Longues Jambes, il a aussi le bras long. Et la bite longue, si sa voix grave est au diapason de sa virilité.

— Mais bâillonnez cette femme ! s'indigna Dragan.

Law s'esclaffa.

— Mon hypothèse est qu'il connait une personne influente de l'équipe organisatrice en plus du pouvoir de son fric. Nous obtenir un stand premium équipé d'un studio radio opérationnel, qui diffusera sur plusieurs villes, ne s'explique que de cette façon. C'est comme s'il avait anticipé le projet de Styles d'étendre notre zone de couverture.

— À mon avis, ça ne plaît pas beaucoup à Styles, fit Rihanne. Il aime garder le contrôle.

— Ouais, mais Styles sait aussi s'adapter, sinon il n'exploiterait jamais les aubaines comme il le fait, soutint Dragan. On est censés rencontrer son contact d'Archeland à quelle heure, déjà ?

— Demain matin, dix heures, Chez Gianniotti, un bistrot italien, répondit Rihanne. Il lui a transmis nos coordonnées. Et les Beat'ONE, Law, t'as des nouvelles ?

— Leur manager me contactera cette semaine.

— Il n'y a pas que le projet de Styles qu'il a anticipé, grommela Dragan, qui en était toujours à Mr Soul. L'autre jour, il a osé dire que Law adapterait les règles à l'avantage des auditeurs. Il t'a obligé à aller dans son sens ! s'indigna-t-il.

— J'aimerais dire que cet hurluberlu n'est qu'un richissime pédant qui a trouvé le moyen de faire joujou avec mon émission, ironisa Law d'un ton guindé, sous les rires de Rihanne. Mais... c'est moi qui ai fixé la règle de la réponse « avant les douze coups de minuit ».

— Parce qu'il t'a forcé à le faire, je te dis ! soutint Dragan. Sa donation avait cet ultime motif !

Rihanne remua la tête. C'est qu'il y croyait en plus !

— Je ne comprends pas pourquoi ça te dérange, toi. Peut-être parce que t'es jaloux que le Read Talkshow attire son attention et pas Musik Freak.

— À mon avis, ce n'est pas une mauvaise chose, dit Law. Vu ta subtilité de grizzly, tu ne saurais pas gérer Mr Soul.

Rihanne et lui s'esclaffèrent, comme Dragan leur adressait son amour en des termes peu catholiques. N'en déplaise à Law, Dragan était parfaitement satisfait de la non-ingérence d'un inconnu dans son émission radio. Il détestait les imprévus, même s'il appréciait la générosité de cette « imprévisibilité ».

Quant à Law, s'il avait trouvé Mr Soul présomptueux, vendredi dernier, il appréciait aussi que l'homme détourne ses règles contre lui. Et puis, l'intelligence du phénomène ne lui déplaisait pas ; Mr Soul trouvait la réponse de ses devinettes de manière quasi instantanée.