CHAPITRE VIII : LE PROCÈS

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 Maho, assis sur un banc entre les deux chevaliers du guet, se trouvait dans une salle en mesure d'accueillir une immense assemblée

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Maho, assis sur un banc entre les deux chevaliers du guet, se trouvait dans une salle en mesure d'accueillir une immense assemblée. Harassé par la fatigue du voyage de la veille, il lutta de toutes ses forces pour ne pas somnoler. Ils avaient vogué toute la journée et le cuisinier avait vomi plusieurs fois au cours de la traversée. Il s'était encore senti nauséeux lorsqu'ils avaient atteint l'une des tours du guet de Verbon dans laquelle il fut jeté dans une cellule. D'une part à cause de l'angoisse du procès, d'autre part à cause d'un rat qui effectuait des allers-retours sous sa couchette, il n'était pas parvenu à fermer l'œil de la nuit.

La vue de tous ces sièges vides lui déclencha un fourmillement inconfortable qui remontait le long de son dos. Pourquoi n'y avait-il personne ? Son corps entier lui signalait l'anormalité de sa situation. Tandis que le malaise se ressentait de plus en plus intensément, le cuisinier sursauta lorsqu'un garde frappa sur le sol avec sa lance en criant :

— Son honneur, le juge Léanan Meirgin !

Un individu tout en longueur, vêtu d'une robe noire et d'une étrange perruque blanche, entra. Son nez aquilin, ses yeux minuscules et son visage fin lui donnaient un air de fouine. Maho s'en voulut aussitôt d'avoir imaginé cette comparaison peu flatteuse. Le magistrat se mouvait lentement, la tête haute, et s'installa sur le fauteuil central de l'estrade. Un petit homme, qui tentait tant bien que mal de tenir un imposant rouleau de papier et du matériel d'écriture, le suivait en trottinant. Il s'assit sur le siège de gauche, plaça devant lui son encrier et sa plume, déroula la longue feuille, en lissa le haut, puis enfila ses bésicles, prêt à rédiger. Pendant ce temps, le juge sortit de sous la table un gros livre qu'il ouvrit et en tourna les pages jusqu'à ce qu'enfin il poussât un « ah » satisfait. Puis il lut en marmonnant à moitié comme s'il parlait pour lui-même :

— Maho Branne, exerçant le métier de chef de cuisine et résidant à Saulès, est poursuivi pour le meurtre de Prevel Caterto, exploitant du domaine Le Saule Chuchotant... Hum... Oui... Très bien... Le garçon de ferme a alerté les chevaliers du guet les plus proches. Selon leurs dires, le pauvre enfant, sous le choc, ne parvenait pas à s'exprimer convenablement... hum... d'accord... Ils ont trouvé l'accusé, les vêtements ensanglantés, près du corps de la victime en train de le secouer... Hum... oui... tout ça me semble très clair... Le garçon de ferme est devenu comme fou lorsqu'il a aperçu le prévenu... En effet, voilà un détail fort accablant...

Le juge se racla la gorge :

— Au vu des éléments, je condamne monsieur Branne...

Son voisin, qui n'avait cessé d'écrire jusqu'à présent, leva une tête étonnée et l'interrompit timidement :

— Votre honneur, n'avons-nous pas nommé un avocat pour l'accusé ? Je suis également surpris de ne voir aucun témoin et aucun juré...

— Mon cher greffier, estimez-vous heureux de nous gratifier de votre présence, car, si cela ne tenait qu'à moi, le procès n'aurait même pas eu lieu. Nous possédons bien assez d'éléments concernant cette affaire pour en tirer les conclusions qui conviennent.

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