CHAPITRE XI : L'OFFRANDE

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 Ces derniers temps, Maho tremblait quotidiennement : des tremblements de désespoir et, surtout, des tremblements de terreur

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Ces derniers temps, Maho tremblait quotidiennement : des tremblements de désespoir et, surtout, des tremblements de terreur. Aujourd'hui encore il tremblait, mais cette fois ce fut des tremblements de fureur. Il ne parvenait pas à décolérer. Dans un premier temps, son indignation se porta sur Siannie, sur son insensibilité à l'égard de cette situation si injuste. Puis, peu à peu, ce fut contre lui qu'il transposa sa rage. Lorsqu'il se retrouvait aux prises de ces accès de terreur, tel que celle ressentie face au lutin, il se détestait. Mais le fait que quelqu'un osât mettre le doigt sur cette faiblesse l'horripilait.

Progressivement, quand les battements de son cœur se régulèrent, il se sentit ridicule. Il était sur le point de devenir père, et voilà qu'il boudait comme un enfant. Combien de temps s'était-il muré dans son mutisme ? Il se décida à sortir de son antre et rabattit le drap. Arnor avait quitté la pièce. Quant à Siannie, elle était assise sur une chaise tournée face à lui, accoudée sur la table. Elle l'observait impassible.

— Ça y est ? Tu as fini ?

Il se sentit encore plus bête.

Il avait dû conserver sa mine renfrognée, car la magicienne roula des yeux et soupira :

— Allez, viens. On a du pain sur la planche.

Elle ne semblait pas déterminée à le jeter dehors, mais dans le doute, Maho décida d'obtempérer. Après s'être levée, elle attrapa le panier qu'elle tendit au cuisinier.

— Ne me dites pas que...

— Tu ne t'imaginais quand même pas que tu allais te confiner ici éternellement ? Arnor s'occupe déjà de l'entretien de la maison. Les derniers événements m'ont démontré que c'était une très mauvaise idée de vous laisser tous les deux dans la même pièce.

Maho ne put réprimer un mouvement de recul.

— Écoute...

Elle se massa le sommet de l'arête de son nez en fermant les yeux, comme si elle cherchait ses mots avec soin.

— ... tout à l'heure, j'ai, disons..., manqué de tact.

Le cuisinier leva les sourcils. La magicienne tentait-elle de s'excuser ?

— Ceci dit, poursuivit-elle, tu dois comprendre qu'en restant ici tu seras tenu d'apprendre à cohabiter avec le peuple sylvain et à te plier à leurs règles. Il est temps que tu leur prépares une offrande pour leur demander officiellement asile.

Le cuisinier déglutit avec difficulté.

— Quel genre d'offrande ?

— Ne t'inquiète pas, rien d'inaccessible pour toi. En attendant, prends ce panier et suis-moi.

La clairière dans laquelle se trouvait le chalet s'avérait bien plus grande que Maho l'avait imaginé. De nombreuses variétés de fleurs la recouvraient embaumant l'air d'un parfum capiteux. Deux chèvres broutaient près de leur refuge cerclé d'un enclos en bois peint en blanc. Non loin de là, on pouvait apercevoir une ruche à côté d'un poulailler dont les trois habitantes grattaient tranquillement la terre à l'abri de quelques arbres fruitiers. Un charmant potager vers lequel Siannie l'accompagnait attira l'attention du cuisinier. Mais au fur et à mesure qu'il s'y approcha, il remarqua quelques lutins, deux petites femmes et un petit homme, qui s'affairaient à l'entretenir. Maho s'arrêta net.

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