CHAPITRE XXI : ITINÉRAIRE FATAL

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 Quelques semaines plus tôt

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Quelques semaines plus tôt...

Briac observa Maho accrocher une petite marmite au-dessus du feu duquel il souleva le couvercle et en remua le contenu. Un parfum à la fois doux et piquant embauma la pièce.

— Cette odeur... Mais qu'est-ce que tu cuis ? interrogea Briac.

— Juste des restes d'hier soir... Tu mangeras bien un morceau ?

— Si tu insistes.

Maho chercha une paire d'assiettes dans le vaisselier ainsi que des couverts. Il servit une part de ragoût qu'il tendit à son rival. Ce dernier, curieux, y plongea sa cuillère. Sa bouche se nappa de douceur et, en même temps, une pointe d'acidité équilibra le goût. Sa main fut saisie de tremblements. Il réussit à se contrôler. Mais dans son crâne, on lui hurlait qu'on en voulait encore. Encore ! Encore ! Comment un plat en apparence si simple pouvait-il créer dans son palais de telles explosions de saveur ? C'était impensable, inimaginable. Il ne put empêcher son sourcil de produire un tic nerveux. Il inspira profondément, posa son couvert et lança :

— C'est mangeable.

 La tête plongée dans la cuvette en porcelaine, Briac se versa abondamment le contenu du broc sur ses cheveux

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La tête plongée dans la cuvette en porcelaine, Briac se versa abondamment le contenu du broc sur ses cheveux. L'eau froide coupa un instant sa respiration, puis une puissante expiration produisit de grosses bulles qui remontèrent à la surface. Il se releva brusquement et scruta son visage haletant et dégoulinant dans le miroir.

— Tu es le meilleur cuisinier du Valême. Tu es le meilleur cuisinier du Valême. Tu es le meilleur cuisinier du Valême.

Il répéta cette litanie en boucle, d'abord lentement en articulant chaque syllabe, puis de plus en plus fort, jusqu'à finalement hurler. Comme s'il s'affrontait lui-même. Des mots coup de poing, pour se les enfoncer bien profondément dans le crâne. C'était lui le meilleur. Sa famille était réputée pour avoir créé et sublimé les traditions culinaires valêmoises. Chaque recette ancestrale, de la plus simple à la plus élaborée, il les connaissait toutes. Ce qui rendait la gastronomie du royaume prestigieuse était des règles très strictes auxquelles nul ne devait déroger. Et voilà que cet orphelin, venu d'on ne sait où, remettait tout en question. Il jouait avec les codes, ajoutait des ingrédients incongrus et allait parfois même jusqu'à mélanger le sucré et le salé.

Le RagoûtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant