CHAPITRE X : ARNOR

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 Maho avait passé la nuit sur une paillasse au pied de la bibliothèque tandis que la propriétaire des lieux avait récupéré sa chambre

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Maho avait passé la nuit sur une paillasse au pied de la bibliothèque tandis que la propriétaire des lieux avait récupéré sa chambre.

Il se réveilla à l'aube, alluma le feu puis trouva de la farine, des œufs et de l'huile. Quand il se saisit et ouvrit la bouteille de lait, il ne put empêcher un mouvement de recul avant de sentir de nouveau le contenu. Du lait de chèvre ! Par le passé, il avait plusieurs fois élaboré des recettes à base de fromage de chèvre et de miel. Cela avait exaspéré Briac lorsqu'il l'avait appris. Mélanger du sucré et du salé était pour lui une aberration. Pourtant, cette association s'était révélé un succès auprès des clients. Peut-être que cela pourrait être intéressant de la reproduire dans un gâteau... Des pots au contenu doré étaient entreposés sur l'étagère la plus haute. Il en ouvrit un et l'odeur ainsi que la texture collante lui confirmèrent qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait. Ensuite, il inspecta les plantes de la veille, il en dénicha une avec des petites fleurs ivoire qu'il sentit et dont les fragrances subtiles s'accorderaient à merveille avec la saveur du miel. Il la réduisit en poudre à l'aide d'un mortier et l'incorpora à la pâte, puis goûta. Satisfait, il la versa dans une poêle qu'il avait graissée, y déposa un couvercle et plaça le tout dans l'âtre de la cheminée. Une douce odeur envahit la pièce.

La porte de la chambre s'ouvrit et la propriétaire des lieux surgit, le visage ensommeillé et ses longs cheveux blancs en bataille. Cela la rendait encore plus effrayante. Elle s'attabla tandis que le cuisinier sortit la préparation du feu. À l'aide d'un torchon, il souleva le couvercle qu'il remplaça par un plat. Il retourna le tout et fit apparaître un gâteau doré tout rond. Il en trancha une part qu'il servit à son hôtesse en lançant un « Attention, c'est chaud ».

Avec une fourchette à dessert, cette dernière coupa un petit morceau qu'elle porta à sa bouche.

— Cela vous convient-il, madame ?

À ces mots, la femme manqua de s'étouffer et toussa violemment. Le jeune homme se précipita pour lui taper le dos. Elle leva la main pour lui signifier d'arrêter.

— Le gâteau ne vous plaît pas ? s'inquiéta-t-il

Elle lui lança un regard noir qui le fit reculer d'un pas.

— Ne m'appelle plus jamais comme ça.

— Comment voulez-vous que je vous appelle alors ?

— Siannie. Tout simplement Siannie. Les politesses excessives m'ennuient.

— Mais je croyais que...

— Tu croyais quoi ? Que tu allais devenir mon domestique ? Je te donne un coup de main, tu me donnes un coup de main et dès que nous serons quittes nous reprendrons chacun notre route. Point. Et ne reste pas planté là, sers-toi une part et assieds-toi !

Le cuisinier s'exécuta. Quand il goûta son gâteau, il fut satisfait. Il devrait y apporter quelques petits ajustements, mais pour un premier essai c'était plutôt réussi. Sa voisine mangeait silencieusement. Elle avait l'air d'aimer.

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