Lune

Chapitre 2 - Troublée

Deux semaines s'étaient écoulées depuis que j'étais arrivée. Je n'avais pas chômé. La chambre arborait désormais des couleurs plus chaleureuses. Pour être en concordance avec la nature environnante j'avais opté pour des couleurs verte et bleue le mur contre lequel reposait mon lit était désormais bleu canard, mon lit était recouvert d'une parure végétale. Un abat-jour en bambou trônait fièrement au centre de la pièce et donnait une ambiance joliment tamisée lorsque la lumière était allumée. Le reste de la pièce était peinte dans une teinte beige légère.

Afin d'être plus autonome et mobile j'avais réalisé les démarches pour me permettre de conduire. C'était officiel je pouvais emprunter la voiture de mes logeurs ! J'allais pouvoir faire un peu de tourisme et faire des courses pour plus que quelques jours. Parce que j'étais loin d'avoir une carrure athlétique et transporter des sacs remplies de nourriture ce n'était pas si simple !
Le problème étant que je commençais à ne plus rien avoir à faire. Je ne connaissais personne et la maison était plutôt isolée. Je n'avais qu'une voisine, Madame Miller et elle était âgée de 70 ans donc pour l'ambiance on repassera. Paul et Nina me dédommageaient largement pour m'occuper de leur maison mais je me sentais seule. Une seule solution : je dévais me trouver un travail !

Je m'attelais à la confection d'un CV et d'une lettre de motivation. J'allais faire le tour des commerces présents en ville. En France je travaillais à la SPA, ce qui n'avais pas contribuer à apaiser le conflit avec mes parents qui estimaientt « les animaux sont une distraction mais ce n'est pas un travail ! » « Reprends-toi ! Te rends-tu compte de la honte que tu fais planer sur la famille ? ». De toute façon si on les écoutait ma naissance en elle-même était une honte.
Je n'étais attendu par personne, ni Lucie, ma mère, ni Pascal, mon père et encore moins par Nathan, mon frère aîné. La tradition familiale voulait qu'il n'y ait que des enfants uniques afin de pouvoir lui consacrer toute l'attention nécessaire ainsi que toutes les ressources disponibles, pour que son avenir ne soit entravé par aucune limite. Malheureusement pour eux, un défaut dans la contraception et me voilà ! Nathan avait toujours été le sujet principal de l'attention parentale... mes parents ne s'occupaient de moi que lorsqu'ils estimaient en avoir le temps. Je n'avais pas eu une enfance malheureuse mais je ne pouvais pas dire en avoir eu une heureuse non plus.
Puis j'avais rencontré Alice, à l'école primaire, nous étions rapidement devenues inséparable et ses parents m'avaient « adopté ». Je passais parfois plus de temps chez eux que chez moi. C'était grâce à eux que j'avais pu trouver un environnement aimant sur lequel m'appuyer. Je m'étais construit une autre famille.

Enfin bref ! Je n'allais pas m'apitoyer sur mon enfance chaotique, ce n'était pas ce qui ferait avancer les choses. Plusieurs CV sous le bras je commençais mon tour de la ville. J'en déposais chez la fleuriste, la supérette, la station essence, l'école, le restaurant et je m'arrêtais devant le bar.
 « Lonebar » était-il inscrit avec pour fond une lune pleine. Je n'étais jamais entrée mais j'avais entendu les habitants en parler...pas forcément en positif. J'hésitais. Je n'avais aucune expérience dans ce domaine. Je descendais des cocktails comme personne mais je n'étais pas sûr que mes capacités d'alcoolique fussent une qualité pour travailler ici. Et puis merde ! J'étais venue ici parce que je voulais vivre une expérience, j'allais y aller jusqu'au bout ! Sur cet élan je poussa la porte. Le début d'après-midi laissait le bar plutôt vide, quelques hommes étaient installés au bar mais les tables étaient délaissées. Les conversations cessèrent à mon entrée et les regards se tournèrent vers moi. J'étais plus que mal à l'aise mais je ne voulais rien en laisser paraître. Je m'approchais du comptoir.

- Bonjour, je m'appelle Annaëlle, je viens d'arriver en ville et je cherche un boulot alors si jamais vous avez besoin de renfort je serais ravie de vous filez un coup de main.

Aucunes réponses. Super. Je remballais mon sourire et m'apprêtais à faire demi-tour, je les entendis chuchoter entre eux lorsque la voix du barman me coupa dans ma lancée.