Alementa I - Braise [TERMINÉE]

Chapitre 32 : Tourmentée

Lyanna

Je me lève ce matin avec un mal de crâne à couper au couteau. Encore ces cauchemars... Je ne comprends pas pourquoi ils reviennent sans arrêt depuis que je me suis réveillée de l'azalée. Je masse ma poitrine encore contractée d'angoisse. J'ai encore vu ce soldat... lors du débarquement. J'entends encore les balles fusées autour de lui, de moi. La sensations des vêtements mouillés, du poids de ce matériel militaire me colle à la peau. J'essuie les larmes qui coulent d'elles-mêmes sur mes joues.

Chaque nuit, c'est la même chose. Je retrouve ce soldat, un certain Jonathan qui s'est engagé dans l'armée américaine et qui a participé au D-Day. Chaque nuit, je le vois évoluer dans l'armée, se faire des amis. Comme si le marchand de sable me lançait ce film chaque soir en passant, reprenant là où nous en étions arrêté la nuit passée. Un nuit pour moi est un jour pour lui. Et chaque matin, je me réveille avec les mêmes questions. Qui est-il ? A-t-il vraiment existé ? J'ai essayé de faire quelques recherches, mais avec le peu d'informations dont je dispose autant chercher une aiguilles dans une botte de foin.

Je secoue la tête. C'est ridicule. Comment pourrai-je revivre en rêve la vie de quelqu'un certainement mort depuis longtemps ? Et pourtant, je n'arrive pas à me défaire de cette impression d'importance qui m'étreint à chaque fois que je pense à lui. Comme si je ne devais pas oublier ce que je voyais. Il m'arrive même de me réveiller avec de la colère, de la rage pour cet homme que je ne connais même pas.

Je me dirige vers la salle de bain et m'humidifie le visage. C'est acté, je deviens folle. Peut-être est-ce un effet de l'azalée ? Peut-être va-t-elle peu à peu grignoter ma santé mentale et m'ôter la seule liberté que je possède encore... Même les somnifères ne réussissent pas à faire disparaître ces rêves...

C'est peut-être tout simplement le traumatisme de ses années de mensonges, de peur qui se manifeste. Toujours ce lien avec la Seconde Guerre Mondiale. Ou que j'aille, ce passé semble me poursuivre.

Je regarde ma douche dans une grimace. L'impression de me noyer est encore trop ancré dans mon corps. Je me laverai ce soir. Je m'habille en vitesse et descends me préparer un petit déjeuner. J'allume mon téléphone pendant que l'eau chauffe. Un message de Cameron.

On sort Dante aujourd'hui. On sera de retour ce soir.

Un sourire fleurit sur mon visage alors que le soulagement s'empare de moi. Dante va être sauvé. Cameron a un plan. Et je ne doute pas qu'il y arrivera. Le plus dur était de trouver un moyen de rentrer dans les centres du FSG. Je n'ose pas imaginer dans quel état doit être Lana. Je suis heureuse pour elle, pour eux.

Au moins Dante ne sera pas resté trop longtemps sous azalée. Les conséquences ne devraient pas être aussi irréversibles que les miennes. Je fais tourner le pendentif plume autour de mon cou. Son énergie me nargue en me titillant les sens et je me retiens de lui tirer la langue. Un petit sourire arque à nouveau mes lèvres. Je deviens vraiment folle...

Je regarde mon évier où est caché la carte des galeries et soudain, l'inquiétude refait surface. Alex n'est pas venu hier alors que nous avions convenu de rattraper notre retard. Il n'est pas rare qu'il ne puisse pas venir, mais d'ordinaire, il me prévient grâce au téléphone que je lui ai fourni. Je me mords la lèvre en grignotant un gâteau. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé...

La journée s'écoule lentement et toujours aucun signe d'Alex. Je me force à m'occuper quand soudain, mon téléphone vibre. Je me jette dessus en priant pour ça soit lui. La déception affaisse légèrement mes épaules en voyant le prénom Cameron s'afficher. J'ouvre le message. Faites que Dante soit sauf...

Clara est morte. D'après Lana, c'est un Alementa qui pousse les autres à se suicider. Creuse ça avec Alex si vous pouvez.

Mon estomac se noue. Quoi ? Je relis le message pour être certaine d'avoir bien compris. Qu'est-ce que... Comment peuvent-ils le savoir ? Je suis tentée de poser la question à Cameron mais je m'abstiens. Déjà car il ne répond pas et ensuite car je sais qu'il ne balancerait pas une chose pareille si pour lui, ça ne tenait pas debout.