Chapitre 4.1: Résigné

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Dante

— Cours, dis-je à Lana alors qu'elle se lève d'un bond.

Je me précipite vers l'entrée de l'appartement et le referme derrière nous. D'un mouvement de main, je mobilise mon don. Sans attendre, il envahit mes veines et je le propulse à l'extérieur de mon corps. Une seconde plus tard, l'armoire de l'entrée s'est déplacée devant la porte pour la bloquer. Ça devrait les occuper un petit moment. Mon cœur bat déjà la chamade comme si j'avais couru un marathon. Je ne pourrai pas continuer comme ça longtemps et je le sais.

— La porte du fond, j'indique à Lana.

Elle hoche la tête et file vers le bout du couloir. J'entends les pas des membres du FSG dans les escaliers menant à mon étage. La course contre la montre vient de commencer. Que le meilleur gagne. Tous les coups sont permis.

Lana ouvre la porte et nous descendons précipitamment les marches vers le sous-sol. La belle rouquine ne dit rien, mais je sais qu'elle a compris. Compris que je lui ai menti, que je ne suis pas plus normal qu'elle ne l'est. Pourtant, elle se tait. Le moment est plutôt mal choisi pour ce genre de discussion. Nous sommes dans le même camp, c'est tout ce qui compte. Nous arrivons dans le parking souterrain. Je ne ralentis pas et entraîne Lana avec moi. Sa peau est bouillante malgré l'azalée injectée pendant qu'elle dormait. Les premières heures d'un Alementa sont toujours les plus difficiles. Énormément influencés par les émotions de leur porteur, les dons ont tendance à être incontrôlables... Et inutile de préciser que les émotions de Lana ne sont pas au beau fixe. Le jardin sur le toit peut en attester...

De ce parking, il existe trois entrées : une donnant sur l'immeuble celle dont nous venons, une sur la route pour les voitures et une dernière pour les piétons, arrivant sur les grands axes touristiques. Sachant qu'avec la première, il y a 99% de chances de se retrouver nez à nez avec une dizaine de membres du FSG armés jusqu'aux dents, que la seconde donne sur le devant de l'immeuble où sont garés leurs véhicules, la dernière me semble la plus judicieuse. Nous contournons les voitures en courant pour nous diriger vers le fond du parking. Nos pas et nos souffles résonnent étrangement dans le silence qui nous entoure. Mes sens sont agressés par l'odeur de rouille qui traine toujours ici, mais je l'ignore. 

J'ouvre la porte de service au moment où des pas descendent les escaliers que nous venons d'emprunter. J'espérais que l'armoire les distrairait un peu plus longtemps... Je pousse Lana du bout des doigts pour la presser. Nous grimpons quatre à quatre les marches et atteignons la grande rue. Mais à peine y avons-nous posé un pied que deux hommes en uniforme nous tombent dessus. La vitesse aidant, je me jette au sol, prends appui sur les mains et pivote sur moi-même, jambes tendues dans l'espoir de le faucher. Mais l'homme esquive mon attaque dans un rictus satisfait. Les passants s'écartent aussitôt de nous, affolés. Lana est déjà au prise avec le second.

Je me redresse à la vitesse de l'éclair pour éviter le coup de pied qui aurait pu m'exploser trois côtes. Je grince des dents. Il y a trop de monde pour que je puisse utiliser mes dons de manière avantageuse. Je vais devoir me contenter de petites manœuvres.

D'un mouvement de main, je fais disparaitre le pistolet de son étui et l'envoie derrière moi. Je dégaine ensuite un long poignard qui s'apparente presque à un sabre. D'instinct, sa main se porte à sa ceinture et rencontre le vide à la place son flingue. C'est à mon tour d'esquisser un sourire goguenard. Sourire qui s'évanouit quand je le vois en sortir un nouveau de son dos. Ce n'est pas possible, il en a combien ? Il ne va pas tirer. Il ne peut pas tirer, nous sommes trop entourés.

Soudain, mon adversaire fronce les sourcils et son sourire se fige. Une tâche rouge grossit sur sa cuisse. Et vu la vitesse à laquelle le sang se propage, je ne doute pas que l'artère fémorale soit touchée. Lana apparait derrière lui lorsqu'il s'écroule et récupère son poignard tel Arthur saisissant Excalibur. D'un mouvement fluide, son arme retrouve sa place à l'intérieur de sa cuisse. Un liquide carmin en goutte encore lorsqu'elle lève les yeux vers moi. Son adversaire à elle git déjà un ou deux mètres plus loin, le corps secoué de spasmes, les côtes en sang. J'en viens à me demander si elle ne lui a pas percé un poumon. J'entends les hoquets d'effroi des passants, les hurlements de terreur. Je ne doute pas que les téléphones sont sortis. Il faut que nous dégagions le plancher. Et rapidement. 

Alementa I - Braise [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant