Le Règne des Ombres

Chapitre 32 : La Bataille des Ténèbres

Lorsque leurs pieds se posèrent dans la cour de la demeure du maître, les deux diables ne purent que tressaillir. Glacial, l'air paraissait figé autour d'eux. Les hurlements d'agonie des combattants retentissaient derrière eux, mélodie funèbre qui accompagnait leur tentative désespérée. Zayn serra les dents, son regard flamboyant balayant les environs. La prairie avait cédé la place à ce qu'on pourrait nommer jardin. Seulement, les arbres eux même étaient effrayants. Noirs, noueux, les troncs cambrés dans la souffrance, semblables à ceux qu'ils avaient vu bien plus tôt, dans les bois. L'atmosphère pesante le fit sursauter lorsqu'une simple brindille céda sous le pied d'Harry. Ils n'en menaient pas large. Non pas qu'ils soient fragiles ou peureux. Ils ne l'étaient pas. Cet endroit maudit était la pire des épreuves qu'un être vivant pouvait franchir. Ils pouvaient presque sentir le regard fou de l'ennemi posé sur leurs nuques. En fait, Zayn se sentait réellement observé à chaque pas qu'il faisait. Ils s'envolèrent brutalement pour se cacher derrière un mur noir lorsque des râles retentirent plus loin. Ces maudites hyènes, galopant vers la bataille, n'avaient heureusement par encore ressentit leur présence en ces lieux.

-On y arrivera jamais, Zayn... C'est une toile d'araignée, ici, et on a les pieds pile dedans. Souffla Harry, les crocs serrés.

-Je sais, Harry, je sais... Mais on doit essayer, la bataille est perdue d'avance... Répliqua le métis d'une voix sourde.

Le bouclé leva les yeux au ciel, irrité devant l'obstination de son ami. Il ne protesta cependant pas. Louis devait être fou de rage. Il préférait finalement mourir ici qu'entre ses griffes. Il prit les devants de la marche et entendit le brun lui emboîter le pas. Par où devait-il aller? Où devait-il trouver un fou furieux dans un palais tel que celui là? Il ne voulait même plus imaginer la taille des pièces qu'ils devraient fouiller. Il avait comme un poids dans l'estomac. C'était pesant. Trop silencieux, si l'on oubliait un moment le combat qui se menait derrière les remparts. Il décolla à nouveau du sol afin d'accélérer la cadence. La zone ressemblait à un lieu abandonné. Harry entendit Zayn marmonner derrière lui, et un sourire en coin s'afficha sur son visage. Il savait pourquoi son ami faisait ça. Pour son ange. Ça le faisait silencieusement rire, cette niaiserie. Vaguement, son esprit se rattacha à l'image de l'ange châtain, et il s'en gifla mentalement. Il ne comprenait toujours pas ce qui lui avait prit de l'embrasser ainsi. C'était stupide. C'était angélique, même. Il n'arrivait cependant pas à regretter ce geste, et un faible ronron lui échappa. Il s'attira ainsi le regard perplexe d'un métis sous tension. Car oui, Zayn était des plus nerveux. Il sursautait sans cesse. Il ne voulait que trouver cette maudite personne qui menaçait de mettre le monde à feu et à sang. Surtout, il voulait en revenir entier de préférence. Il craignait de laisser l'angelot blond tout seul. Il s'y était tellement attaché, en quelques mois, qu'il s'en voudrait toute sa vie -où du moins toutes les dernières secondes- si Niall se retrouvait abandonné par sa faute. Il accéléra brutalement la cadence de vol, sans s'en rendre vraiment compte. Chaque minute qui passait était un supplice. La bataille faisait des victimes, sans cesse, pendant qu'eux se perdaient stupidement dans les dédales de ce labyrinthe de murs et d'arbres. Zayn s'en rendit compte après quelques minutes de vol. C'était un véritable labyrinthe. Pour peu qu'ils essaient de se rapprocher de l'enceinte de la tour, il lui semblait qu'ils s'en éloignaient, au contraire. De plus, les plaies acquises lors de la bataille l'incommodaient quelque peu. A plusieurs reprises, son aile lui envoya une décharge douloureuse le long de l'os, ayant été cruellement mordue, mais il ignora cette souffrance à fleur de peau pour se concentrer sur sa tâche. Il aurait tout le temps d'agoniser plus tard.

Leur soulagement, à tout deux, fût perceptible lorsqu'ils soupirèrent en concert. Ils avaient enfin pénétré la tour. Ils leur semblait que cela faisait des heures qu'ils volaient sans succès. Le son des pas sur les dalles délabrées et noires les fit frissonner à nouveau. Tout en ce lieu les mettait mal à l'aise. Zayn agita nerveusement ses ailes, dans un son caractéristique d'écailles frottées. Il s'engagea en premier dans les dédales des couloirs, puis des escaliers interminables. S'il voleta par moment, son articulation l'empêcha bien vite de prendre la voie des airs, et il se retrouva contraint à marcher. Il entendait Harry voler derrière lui, et fût un instant reconnaissant que le bouclé l'ai accompagné. Même lui commençait à sérieusement avoir peur. Une angoisse sourde lui tordait l'estomac. Il frôla le malaise lorsque la main de son ami s'abattit sur son épaule, sursautant violemment.