Chapitre 16 : Souffrances

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/!\ Si des âmes sensibles passent par là, évitez je vous le conseille. C'est pas non plus l'horreur absolue, mais on approche tout de même plutôt bien de la torture. Je préfère prévenir, histoire de ne pas me recevoir des hurlements en pleine tronche.

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Niall ne sentit rien, strictement rien. Il ne sentit pas son corps se faire enchaîner à un mur froid, pas plus qu'il ne sentit la morsure froide de la roche contre son dos mit à nu par son cruel ravisseur. Inconscient, il pendait, accroché aux chaînes d'acier qui le reliaient au plafond par les poignets. Pauvre ange blanc, pur et frêle, se découpant dans les ténèbres de cette grotte humide. Lorsqu'il ouvrit les yeux, l'angoisse s'y refléta directement, maîtresse dominant la panique et la colère dans ses grandes prunelles bleues. Il ne voyait rien, la luminosité était inexistante. Sa peau pâle se recouvrit de frissons. L'air frais le mordait, le maltraitait, il se mit bien vite à grelotter. Il tentait d'allumer son feu, mais la concentration fuyait entre ses doigts comme de la fumée et son pouvoir refusait de coopérer. Le blond avait déjà compris ce qui l'attendait, et son regard effrayé tentait de sonder les ombres afin de déceler ce mystérieux agresseur. Les ténèbres ambiants, plus encore que le visage de un quelconque ravisseur, lui faisaient peur et le hantait au plus haut point. Ténèbres, synonymes d'inconnu, de danger et de mystères. Il n'aurait jamais du s'éloigner autant, les démons avaient bien raison. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il était, si ce n'est à six pieds sous terre. Instinctivement, il tira sur les chaînes, qui rompirent le silence de manière presque douloureuse. C'était comme un fil d'araignée. Lorsqu'une proie se prenait à l'intérieur, les vibrations, telles des ondes, courraient sur la toile jusqu'à alerter le prédateur qui, tapit dans l'ombre, attendait son heure... L'ange ne sonna que sa perte, plus vite encore que si il avait attendu la souffrance, lorsque le faible claquement résonna dans la caverne. Son souffle jusque là raisonnablement régulier s'accéléra, emplissant l'espace. Il percevait des pas. Des pas lents, des pas presque sautillé comme si la personne était heureuse. Niall commençait, lentement mais sûrement, à paniquer. Les larmes bordaient déjà ses cils, menaçant de couler. Il mourrait de peur, et cette lenteur monstrueuse faisait grimper sa panique par vagues insoutenables qui lui donnaient presque la nausée. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Cet inconnu le faisait trembler et il tira à nouveau les chaînes dans le mince espoir que ça changerait quelque chose. Ses ailes, cruellement attachées et étendues sur les côtés, douloureusement tordues dans son dos, le lançaient sans cesse. Il se sentait dans le même état que ces pauvres papillons épinglés dans les tableaux et exposés à tous les regards. Les pas se rapprochaient, de manière plus prononcée. L'ange s'agitait de plus belle, laissant échapper un léger couinement effrayé qui sembla pourtant durer des heures, se répercutant dans les dédales souterrains. Il se statufia soudainement. Un rire. Un de ces rires qui donnerait envie de se tuer plutôt que de l'entendre, crissant comme une craie sur un tableau noir, dégoulinant de cruauté. Le rire d'une hyène qui sait qu'elle va bientôt avoir une charogne à sa portée.

Le véritable enfer débuta à partir de ce moment là. Niall put apercevoir deux visages, si on pouvait les qualifier comme tels, dans le noir. Pales, blancs, fantomatiques. Il ne les distinguait pas le moins du monde, il n'en voyait en réalité qu'une partie. À dire vrai, c'étaient deux tâches à peine plus claires, sur un tableau noir. Pourtant, elles semblaient parfaitement le voir. L'ange tressaillit, sa respiration bien trop rapide à son gout trahissant l'extrême effroi qui l'habitait. Pourtant, il demanda, la voix tremblante:

-Qui êtes vous...?

Seul le silence lui répondit. Pourtant, l'une des deux formes lui répondit au bout d'un certain temps de réflexion. La même voix qui lui demandait d'approcher pas plus tard que quelques heures auparavant, légère et douce à l'oreille. Pour quelqu'un qui s'y attarderait, cependant, le ton mauvais et sombre tranchait de manière indéniable.

Le Règne des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant