Le Règne des Ombres

Chapitre 25 : Le Règne

La silhouette sombre se glissa lentement dans l'interstice. Ses doigts bougèrent nerveusement, l'homme se contenant visiblement de saisir le couteau pendant à sa taille. Un rire léger lui échappa. Les ténèbres régnaient dans le château, douce atmosphère créée de toutes pièces par son esprit fou. Il exécuta un saut rapide, se mettant hors de portée d'un garde faisant sa ronde. Des mois qu'il observait ce jeu. Si cela s'était révélé parfois complexe, il avait finit par en comprendre chaque geste, anticiper chaque mouvement. Il connaissait tout, sa compagne le secondant s'assurant des détails qu'il daignait lui laisser. Excité par la perspective du premier coup qu'il allait lancer, il suivit des yeux le garde qui, effrayé, voleta en cercles désorientés dans le noir à peine brisé par les lampes. L'étranger ricana, faisant sursauter sa victime. Il aimait les mettre au courant, jouer avec leurs nerfs, pouvoir ensuite s'assurer qu'ils meurent de peur et de douleur. Lentement, il bougea, tandis que le démon au centre du couloir commençait à panique légèrement. Le danger était partout, nul part. Il surgissait à chaque coin, chaque angle. Il n'y avait aucun moyen de savoir de quel côté la mort viendrait. Un éclat de verre fusa soudainement, une lumière s'éteignit. Le démon resserra sa main sur la dague qu'il tenait, s'adossant au mur pour empêcher l'intrus de l'attaquer de dos. Les ombres semblèrent s'épaissir encore, il sentit une sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale. Nouveau claquement, encore une lumière de moins. Il se força à réguler son souffle, ne pas céder à la panique. Son regard balaya les alentours mais il n'y voyait pas à un pied. Il tourna les yeux. Un hurlement strident lui échappa. La lame s'enfonça. Un jet vermeil tacha le mur.

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Plusieurs jours de sang, plusieurs jours de larmes. Le champ de bataille résonnait sans cesse des plaintes de familles déchirées, de hurlements de douleur suraigus. Anges comme démons prenaient des dégâts monstrueux. Chaque messager envoyé dans le but d'apaiser les tensions entre les deux camps revenait sauvagement mutilé, que ce soit mentalement ou physiquement. Le combat se poursuivait avec un acharnement qui n'avait plus été vu depuis des siècles. Les êtres les plus purs du camp lumineux devenaient eux même des bourreaux impitoyables face aux assauts violents des bêtes qu'ils repoussaient. Toutefois, dans l'ombre des duels, dans le chaos et la souffrance, Niall et Zayn continuaient inlassablement de se retrouver. C'était un mince espoir. Comme perdus au milieu d'une tempête, ils se dirigeaient tous deux instinctivement vers leur phare. Pour l'ange, c'était par frayeur. L'odeur du sang le prenait à la gorge, les flammes qui léchaient les combattants faisaient se hérisser ses plumes d'horreur. Retrouver son démon, c'était comme retrouver un semblant de sécurité, un certain réconfort. Il ne se battait qu'en cas de nécessité, lorsqu'un diable se plaçait en travers de sa route ou se tournait vers lui. Au fil des jours, ses blessures se multipliaient, certes très superficielles, mais cuisantes et humiliantes. Pour le démon, c'était pour une raison toute autre. Il se battait avec acharnement, dès qu'il en trouvait l'occasion, ayant juré fidélité à ses deux amis, mais rejoindre son ange lui permettait de s'assurer de sa survie. Il n'aurait pas supporté l'idée qu'il rende son dernier souffle dans la boue, sous la griffe de l'un des siens. Ils ne restaient jamais collés l'un à l'autre, se battant juste à portée de regards. Niall se rendit compte de l'utilité du geste de son compagnon lorsque ce dernier osa se retourner contre son camp. Zayn ayant entraperçu l'attaque d'un jeune démon hystérique, il l'avait envoyé voler ailleurs à grand renfort de griffes, sous le regard catastrophé de son ange. À eux deux, ils se sentaient plus forts. Tel était le ressentiment de Niall sur ce terrain ravagé par la haine.

D'un autre côté, souvent en marge du combat, se trouvaient Harry et Louis. À croire que, tels des aimants, ils faisaient toujours en sorte de se retrouver. Un véritable ravage prenait à chaque fois place autour d'eux. Si certains tentaient d'intervenir pour les séparer, tout deux atteignaient un niveau de rage tel que les malheureux opposants préféraient aller combattre loin des deux fous furieux. De leur côté, les blessures pleuvaient, les cris fusaient, les insultes explosaient dans la bouche de l'un comme de l'autre. Si quiconque avait réussit à leur en demander la raison, eux même n'auraient pas su répondre. Ils se haïssaient, c'était tout. Ça n'allait pas plus loin, pas un des deux ne pensait à en chercher la cause. Chaque soir, lorsque le combat s'atténuait, Niall pouvait voir son ami revenir en sang, brûlé en parti, souvent avec un os déplacé ou brisé. L'ange châtain, courbaturé, s'endormait alors comme une masse après s'être fait guérir et hurler dessus par les soigneurs, pour repartir lutter à l'aube. Le bouclé, qui au départ revenait entier, commençait désormais à s'épuiser. Les marques du combat s'imposaient, et griffures comme brûlures et entailles prenaient place entre ses écailles pour certains arrachées ou abîmées. Le chaos, plus que présent, s'étendait désormais dans l'esprit de chaque guerrier.