Thomas (1/2) : Capitis sumptus

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PDV PÉNÉLOPE

Un mois avait passé depuis mon anniversaire. J'étais maintenant enceinte de six mois. Mon ventre était rond et je ne pouvais plus mettre de corset, sinon je n'arrivais pas à respirer. Bébé donnait quelques fois des coups de pied a sa maman. Je me sentais bien, j'étais sereine et de bonne humeur.

Je me levais du lit lentement, Luke était déjà partit. J'avais refroidi ses ardeurs hier soir, prétextant que j'avais une migraine. J'étais épuisée et je n'avais plus envie de faire l'amour. Mais dès que j'aurais accouché, je crois que je vais aller mieux.

Je crois qu'il était un peu vexé que j'ai refusé. Mais bon, je voulais être le plus en forme possible pour l'accouchement. Il me restait trois mois. Tellement de femmes rendaient l'âme en accouchant que je redoutais le moment où les douleurs de l'enfantement me prendront le ventre et que je devrais expulser ce petit bout d'homme ou de femme hors de moi pour lui faire découvrir le monde qui sera le sien.

J'allais devant la penderie et j'en sortis une robe lâche et volante. Il n'y avait que ça qui m'allait avec mon énorme ventre. Un petit coup venant de l'intérieur de moi me fit sursauter.

Je souriais doucement en posant ma main sur mon ventre. Bébé n'était même pas né et je l'aimais déjà. Il me donna encore quelque petits coups de pied avant de se calmer. J'ai l'intuition qu'il sera un bébé fort et vigoureux.

Je sortis la tapisserie que Mali-Koa m'avait offerte pour mon anniversaire. Je la cachais dans un tiroir secret de mon petit bureau de chevet pour ne pas que Luke ne tombe dessus.

Je la détaillais encore une fois. Elle me rappelait l'époque révolue où un seul sourire de la part de Michael me rendait joyeuse. Une époque simple et rayonnante, avec la source de mon bonheur autant que celle de mon malheur. Une époque où ma situation avait beau être précaire, j'étais amoureuse et heureuse. Enfin, je dis "époque", mais ça ne fait que sept mois que Luke et sommes mariés. Tout cela me parait si loin et si irréel.

J'ai l'impression que ma vie n'est qu'une malheureuse histoire que l'on raconte aux gens et que je n'ai aucun contrôle. Comme si tout était orchestrer par un être sadique qui aimait faire et voir les gens souffrir.

Je déposais la tapisserie sur le lit double et j'enfilais lentement une robe bordeaux très volante. Elle n'avait pas de manches, et de toutes façons, avec le temps gris qui oppressait le Royaume ses derniers jours, je mis un petit gilet par dessus. Je sortis de la chambre pour aller rejoindre Gladys. Elle et moi devions aller chez le couturier pour avoir une nouvelle garde-robe.

*

Je revenais d'une longue séance avec la couturière. J'avais passé des heures debout avec elle qui me tournait autour avec un ruban à mesurer. Gladys était retournée chez elle, ses parents devaient lui parler de quelque chose.

Un valet surgit devant moi. Je poussais un petit cri surpris.

-Altesse, Sa Majesté vous demande d'urgence dans vos appartements., souffla-t-il.

-Je vous suis., lui dis-je en lui emboîtant le pas.

*

J'entrais dans nos appartements et le valet me dit que Luke était dans la chambre royale. Je le remerciais avant de me diriger vers notre chambre.

Je me retournais après avoir ferme la porte et je bloquais. Luke avait a la main la tapisserie de Mali.

-Qu'est-ce que c'est?, fit-il en s'efforçant de contrôler sa voix et en secouant la tapisserie.

-Une tapisserie., murmurais-je, craintive.

Il éclata de rire et la peur qui me nouait les entrailles raffermit son emprise.

Regina Spei [t.2] : Captives • lrh/mgcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant