Chapitre 24

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Je ne pensais vraiment pas me retrouver en face de cette personne à nouveau. Du genre, vraiment pas.

Izana affichait un sourire lisse, les yeux clos, comme s'il s'attendait pertinemment à ce que je revienne. J'étais donc si prévisible que ça ?

Je refermai doucement la porte, et vins m'asseoir sur la chaise près du lit. Une fenêtre était ouverte. Le vent jouait avec les rideaux blancs comme avec un vulgaire bout de chiffon. Un instant, je me demandai s'il n'avait pas froid, mais je me rappelai de ce qu'il avait fait et chassai cette idée. On pouvait voir d'ici les branches alourdies de fleurs des cerisiers de l'hôpital, nous étions enfin au printemps. Ma saison préférée.

Je pris une grande inspiration. Je n'étais pas sûre de ce que je faisais, ni de pourquoi, mais il fallait que je le fasse. Cependant, à peine eus-je le temps d'ouvrir la bouche qu'il lança :

— Je sors aujourd'hui.

J'étais heureuse pour lui, bien sûr, mais j'avais un goût amer en travers de la gorge en pensant à toutes ces histoires de gang. Il n'allait sortir que pour vivre de violence et de sang.

— Izana, il faut que je te parle de quelque chose, annonçai-je.

Il hocha la tête, l'air de dire "je t'écoute". Ses yeux grands ouverts me fixaient avec toute l'attention du monde. Pendant une seconde, je voulus faire marche arrière, mais j'avais passé trop de temps à réfléchir pour ne pas lui dire.

— J'ai pardonné Hanma, continuai-je. On m'a expliqué ce qu'il s'est passé.

— C'est bien pour lui, répondit-il simplement.

— J'ai donc décidé de te pardonner aussi.

Son sourire s'élargit. Il n'avait pas l'air ne serait-ce qu'un peu surpris. Il savait, Izana savait que j'allais revenir vers lui. Je me rendis compte que mes poings serrés tremblaient imperceptiblement. J'avais l'impression de me faire mener en bateau. C'était mon cœur, ce foutu cœur, qui désirait ardemment retrouver ce que je pensais être mon cousin jusqu'au mois dernier. Tout était de sa faute. Car quand je le voyais lui, je voyais Shin.

— Cool, souffla-t-il.

Puis, il se redressa, et pivota pour faire passer ses jambes sur le rebord du lit et me faire face. Je lui dis de faire attention, mais il ne m'écouta pas. Le dos courbé, il avait posé ses avants bras sur ses cuisses. Ses cheveux blancs retombaient délicatement de part et d'autre de son front.

— Parle-moi de toi, Kanzaki, demanda-t-il —ou plutôt ordonna-t-il.

Sur le coup, il m'avait prise au dépourvu. Je ne savais pas quoi lui dire. Et puis, pourquoi s'intéressait-il à moi, d'abord ? Je passai en revue tous les derniers événements qui m'étaient arrivés, mais ma vie n'avait rien de bien passionnant. Ah, si, il y avait bien quelque chose.

— Je suis en couple avec Hanma, débalai-je très sérieusement.

Il éclata de rire. Littéralement. Je fronçai les sourcils, décontenancée. Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle ?

— Il t'a fait une déclaration, c'est ça ? Il t'a dit des mots doux ?

— Je vois pas c'qui te fait rire, grognai-je.

— T'es naïve, putain, reprit-il en retrouvant son calme. Tu le sais, au moins ?

— Tu me l'as déjà dit, soupirai-je en levant les yeux au ciel.

J'en avais un peu marre qu'il me prenne pour une idiote.

— C'est un délinquant, un meurtrier, un mec qui ne s'attache à personne. Ça lui passera rapidement et il te jettera comme les autres filles avant toi. Je préfère te dire la vérité, parce qu'on est amis : Hanma n'en a rien à cirer de toi. Il va juste te briser le cœur une seconde fois.

LES FLEURS BANALES | hanma fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant