LES FLEURS BANALES | hanma fanfiction

Chapitre 2

Moi, Matoi Kanzaki, étais une idiote, une abrutie finie. Du jamais vu.

Remettons les choses dans leur contexte. Il y a moins d'une semaine, une belle nuit d'été, je m'étais rendue à une des fameuses soirées du samedi organisées par mon amie Taiga Shion. Si au début, je m'y suis ennuyée à mourir, j'y ai par la suite rencontré un jeune homme fort intéressant du nom de Hanma Shuji. Nous avons discuté un bon moment, et je lui ai même parlé de mes petits tracas. Ce qui est fort étonnant au vu de mon caractère renfermé, mais que voulez-vous, l'herbe faisait des miracles. Et je l'ai même, tenez-vous bien, embrassé. Ce n'était pas mon premier baiser, loin de là, mais je n'étais pas du genre non plus à offrir mes lèvres au premier venu.

Bref, là n'était pas le problème. Le soucis, c'est que je n'avais aucun moyen de le recontacter, et idiote que j'étais, je n'avais pas pensé à prendre son numéro de téléphone. Bien sûr, je pouvais le demander à Shion, qui devait très certainement connaître le bonhomme puisqu'elle connaissait tout le monde ; mais je n'assumais peut être pas le fait d'avoir été piquée par un garçon.

Car, oui, je mourrais d'envie de revoir son air narquois et ses yeux de renard. C'était bien la première fois que quelqu'un m'intéressait autant –je devais avouer que j'avais un petit faible pour son côté badboy chef de gang. D'accord, il me faisait flipper autant qu'il m'attirait. Mais dans tous les cas, je tenais absolument à revoir Hanma.

Quoique, ce n'était pas ma principale préoccupation. Mon regard se dirigea vers ma feuille vierge de toute écriture et le stylo bic bleu emprisonné entre mes doigts. Rien ne voulait sortir sur le papier. Rien, aucune idée, nada. J'attendais qu'une épiphanie me vienne pour me mettre au boulot, mais je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais écrire. Au lieu de ça, je divaguais  entre les pseudo rayons de la montagne de livres empilés qui constituaient ma bibliothèque. Oui, c'est ça, j'avais un problème bien plus important que ce Hanma.

— Kanzaki !

Je reconnus la voix de ma mère.

— Quoi ? criai-je en retour.

Pour toute réponse, elle me rappela à nouveau. Ma mère adorait m'appelait sans me préciser la raison.

Je descendis les escaliers quatre par quatre, irritée qu'on me dérange pendant ma fièvre créatrice —information totalement fausse, la seule fièvre que j'avais était grandement causée par mon rhume en plein été. Ma mère, la cinquantaine, cheveux poivre et sel mi longs, se tenait dans la cuisine, près du frigo ouvert.

— Kanzaki, va m'acheter de la crème anglaise s'il te plaît.

— Mais c'est à l'autre bout de la ville ! m'écriai-je.

— J'en ai absolument besoin pour ce soir, elle doit accompagner les fondants au chocolat pour le club de lecture. Je te l'avais dit, c'est chez nous, ce soir.

Je grommélai une réponse positive et remontai les escaliers afin de me changer. Je retirai mon pyjama tout neuf produit dérivé Pokémon, et le troquai contre un simple jeans et un débardeur. Il faisait si chaud que je n'osais même pas espérer pouvoir porter un t-shirt sans transpirer des auréoles. Ma mère me remercia de loin quand je passai le pas de la porte, téléphone en main et écouteurs dans les oreilles.

Une musique pop entraîna mes pas dans la rue ensoleillée. Évidemment, ma mère se la jouait européenne et souhaitait accompagner sa pâtisserie de crème anglaise, trouvable uniquement dans une boutique spécialisée à l'autre bout de Shinjuku.

Je marchais en pas de fourmi sur le rebord du trottoir, la tête dans la lune. J'allais en profiter pour m'acheter des clopes. Bien sûr, mes parents ne savaient pas que je fumais, j'étais en troisième et c'était inimaginable pour eux. Ce serait mentir de dire que cette petite rébellion ne me procurait pas un certain plaisir. Pour eux, les soirées chez Shion se passaient devant la télé avec des bouteilles de Coca et de Fanta, et avec quoi, six personnes.