Chapitre 22

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— Emma... C'est moi, qui ai tenté de la tuer.

— Quoi ?

Je le regardai avec de grands yeux ronds, interdite. Sa main sur ma joue semblait à présent peser trois tonnes. Son regard était fuyant.

— Je suis responsable de la tentative de meurtre échouée de ton amie Emma, réexpliqua-t-il.

— Tu rigoles, pas vrai ? C'est une blague hein ?

Je ne pouvais juste pas y croire. C'était Hanma Shuji, mon Shuji qui avait envoyé Emma à l'hôpital ? Je ne pouvais pas l'imaginer. Il n'avait aucune raison de le faire, Hanma ne ferait jamais ça, à moins que... Kisaki.

— Aki, je suis vraiment désolé. Je ne te mérite pas. Je pourrai jamais m'excuser assez pour ce que j'ai fait, je suis vraiment une pauvre merde. Les complices c'est Kisaki, Izana et moi. T'as le droit de me détester, de me frapper, de crier, de faire tout ce que tu veux... Eh, Aki ? Dis quelque chose ?

Ma bouche était scellée. Le moment était si beau, si parfait, féerique, et maintenant ça. Rien n'allait jamais comme je voulais. Mes larmes ne voulaient pas couler, coincées dans le coin de mes yeux. J'avais juste l'air morte de l'intérieur. Celui que j'aimais avait tenté d'assassiner ma cousine et une de mes meilleures amies. Je n'avais juste aucune idée de quoi dire. Je savais que je n'avais pas le droit de le pardonner, encore moins d'être avec lui. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il m'avait dit ça ?

La sonnerie de mon téléphone me sauva. Je décrochai rapidement, c'était Mikey. A mesure que mon cousin parlait, mon visage se décomposait. Je n'étais donc pas au bout de mes surprises. Au même moment, la roue s'arrêta : nous étions arrivés tout en bas. Je raccrochai et descendis sans l'attendre. Je réflechissais dos à lui. Puis, je fis volte face, et lui demandé de m'amener en moto à l'hôpital le plus vite possible.

***

J'entrai sans un bruit dans la chambre d'hôpital, Hanma m'attendait dehors. C'était la deuxième fois que je pénétrais dans la clinique cette semaine, mais cette fois-ci avec plus d'espoir que la première. Je m'approchai du corps immobile qui reposait sur le lit blanc. Ses cheveux clairs encadraient son visage mate et pourtant bien plus pâle que d'ordinaire, ses yeux cernés comme un panda. Izana avait les paupières entrouvertes, comme s'il m'attendait. Je m'assis sur la chaise à ses côtés, muette. Comme d'habitude, il n'avait pas vraiment d'expression sur son faciès. Juste un vide incommensurable.

— Je suis encore en vie... se contenta-t-il de murmurer.

Mes sentiments étaient mixtes. Je ne savais pas si j'étais heureuse du fait qu'il ait survécu. Il y a quelques jours, j'aurais sauté de joie, c'était Izana Kurokawa, après tout. Il faisait partie de ma famille. Mais maintenant, je repensais aux paroles de Shuji. C'était lui, Kisaki et Izana, les responsables. Alors, je pris la parole.

— Je ne te pardonnerai jamais d'avoir essayé de tuer Emma, répondis-je en cachant tant bien que mal ma voix tremblante.

— En vérité, je les ai juste couverts. Hanma conduisait la moto et Kisaki tenait la batte.

— J'en ai rien à faire, t'es tout aussi responsable qu'eux, Izana.

— Rapproche-toi, Kanzaki.

J'obéis, et m'agenouillai près du lit, les bras croisés et appuyés contre le matelas. Il se releva à moitié, m'examinant délicatement. Depuis tout à l'heure, j'avais les yeux au bord des larmes. Alors, je les laissai enfin s'échapper, et un torrent d'eau salé dévala mes joues. J'enfouis ma tête dans mes bras, le dos épris de soubresauts. Ma respiration se faisait plus forte, entrecoupée de hoquetements. Je pleurais pour Hanma, je pleurais pour Izana, je pleurais pour Emma. Tout était si beau et mon monde s'est effondré en l'espace d'une phrase.

LES FLEURS BANALES | hanma fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant