Chapitre 5

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— T'es déterminé à sauver ce matou, pas vrai ? demanda Hanma.

— Il le faut, sinon personne ne s'en occupera. Son propriétaire doit être mort de peur.

Cela faisait une quinzaine de minutes que nous posions des affiches un peu partout, en priant pour que le propriétaire du chat tombe dessus. Tout en scotchant les bouts de papier, nous discutions de tout et de rien. C'était vraiment agréable de parler avec lui. Pour une fois, notre conversation durait plus que quelques échanges.

J'appris qu'il n'allait que rarement au lycée, son établissement se situant non loin du mien. Il préférait profiter de la vie tant qu'il était encore jeune, et trouverait bien quelque chose pour vivre une fois adulte grâce à ses contacts. Ce mode de vie m'intriguait plus qu'il ne me repoussait. Moi, j'aurais été incapable de me laisser porter ainsi sans assurance pour le futur. Je l'admirais en ce point. Enfin, peut-être que ce n'étaient que de jolies paroles et qu'il finirait à la rue. C'est ce que je lui disais pour le taquiner.

Le soleil n'en pouvait plus de descendre, disparaissant derrière l'horizon d'immeubles.

— Et toi, tu veux faire quoi plus tard ? dit l'adolescent, les mains dans les poches.

Je murmurai une réponse inaudible.

— Va falloir parler plus fort que ça si tu veux que je t'entende.

— Écrivain ! répétai-je, attendant que sa réponse tombe en regardant ailleurs.

— Et bah, pourquoi t'en as honte ?

— Parce que tout le monde me dit que ce n'est pas un vrai métier, expliquai-je, démoralisée.

— Parce que "je verrai plus tard" c'est un vrai métier peut-être ?

Je ris.

— C'est plutôt swag, comme profession, avoua-t-il.

— T'as vraiment utilisé le mot swag ?

— Un problème, crackhead ?

— Je croyais que tu m'appelais plus comme ça !

— Jamais dit ça.

Il ricana. Je tentai de lui donner une tape sur la tête mais il m'arrêta en attrapant mon poignet. Je pus observer le tatouage "crime" sur sa main. Nous nous étions assis pour faire une pause sur un petit muret.

— T'essaies de taper le Dieu de la mort, petite fille ?

— Lâche mon poignet, ordonnai-je.

— Et si j'veux pas ? répondit-il avec un sourire en coin.

Je me levai pour le frapper de mon autre main mais il l'agrippa également. Je me débattis en me plaignant ; il n'était pas décidé à me lâcher. Alors, en essayant de tirer un peu plus fort, je trébuchai et tombai de tout mon long sur le géant pour atterrir dans ses bras. Il se moqua de moi.

— Bah alors, c'est qu'on est entreprenante, ricana-t-il.

Je voulus me relever, embarrassée, mais il me retint contre lui. Nous nous fixâmes dans les yeux quelques secondes. J'observai ses pupilles dorées qui brillaient d'une lueur malicieuse.

Mais, une voix mit un terme à ce petit moment entre nous.

— C'est vous, qui collez ces foutues affiches ?!

Il me lâcha aussitôt et je me retournai. Les feuilles débordaient de mon sac posé nonchalamment au sol. Prise en flagrant délit. En délit de quoi ? J'essayais simplement d'aider un pauvre félin !

— J'en veux plus de ce putain de chat, d'accord ?! s'écria la femme qui venait de parler.

J'eus un mouvement de recul, je détestais que l'on me crie dessus.

LES FLEURS BANALES | hanma fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant