Chapitre VI partie 2

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21 h

Une clochette sonna le début des réjouissances. Une microseconde plus tard, un homme vint s’asseoir à ma table… Devait avoir à peu près mon âge à ce qu’il me semblait ; plutôt bel homme, un visage agréable à regarder, les yeux bruns, châtain clair. N’avait pas un physique de sportif, mais paraissait tout de même faire attention à lui. Oh, merde… j’en étais déjà rendue à détailler ce type sous toutes les coutures, comme si j’étais chez un concessionnaire automobile, à faire mon choix sur ma prochaine voiture. La faute à ma sœur que je maudissais depuis le début de cette entrevue, pour au moins deux générations.

Bon, il fallait que je me recentre sur ce que j’avais à faire. D’après ce que m’en avait dit Vivi, qui me semblait d’ailleurs très au fait des us et coutumes de ce genre de… festivités, j’avais cinq minutes pour décider si ce mec me plaisait ou pas. Dans le même temps, je devais faire une fiche de lecture ou quelque chose d’approchant.

— Bonsoir, lui dis-je avec un sourire que j’espérais avenant.

— Salut, je suis Gaëtan et euh… C’est la première fois que je viens ici, me répondit-il le plus sérieusement possible en zézayant.

Je me mordis l’intérieur des joues. Surtout, ne pas rire. Penser à autre chose, vite. Et quelque chose de triste : j’avais trop peur d’exploser de rire dès qu’il aurait eu le malheur d’ouvrir la bouche et être responsable d'une dépression.

Note pour moi-même : ne pas se moquer du monsieur…

next !

J’avais les coudes sur la table, mes mains étaient croisées et mon menton reposait dessus. Est-ce que je m’ennuyais ? Hum ! Le mot était faible. Le pauvre gars en face de moi me bassinait depuis plus de deux minutes et je devais dire que j’avais un peu perdu le fil… Force était de me dire que j’avais vécu beaucoup plus de suspens en feuilletant le catalogue de la redoute.

— … les femmes, vous me faites peur. Sérieusement, vous n’êtes plus romantiques, vous êtes trop exigeantes, trop dures avec nous, les hommes. Ce n’est pas bien ce que vous avez fait ! Vous avez inversé les rôles et ça a changé la donne… Bla, Bla-bla, Blablabla… 

J’étouffai un bâillement. Oh la-la, mais qu’est-ce qu’il était chiant celui-là ! Et à part passer son temps à se lamenter et à accuser la gent féminine d’être responsable de l’étendue incommensurable son vide affectif, il avait quelque chose à dire ? Le voilà qui pleurait presque ! Non, mais est-ce que j’avais la tête d’une assistante sociale ? Chialeuse, va !

Note pour moi-même : ne pas faire peur au monsieur non plus.

next !

Deux cafés et cinq entretiens tous plus cocasses les uns que les autres plus tard, ce fut au tour d’un Antillais au regard qui en disait long sur la raison de sa présence ici. Pantalon en sky noir, chemise jaune fluo ouverte sur une grosse chaîne en or et une forêt de poils noirs très frisés. Oh mon Dieu ! Francky Vincent, sors de ce corps ! Bon d’accord, il était plus jeune que le chanteur. Mais quand même.

Tout à fait le genre d’homme dont j’avais horreur. Je l’avais à peine salué, qu’il démarrait au quart de tour.

— Dis donc… On t’a déjà dit que tu as de beaux yeux ?  dit-il en fixant ostensiblement mon 95 D.

Mais bien sûr… ça faisait longtemps qu’on ne me l’avait pas faite celle-là, tiens !

Il continua, une mimique dramatique sur le visage.

Un super héros sinon rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant