Chapitre 10

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Chapitre X.

Catastrophes en série

7 h

La journée risquait d'être assez désagréable. Pour commencer, le train était en retard. Pas que cela change grand-chose pour moi : n'ayant pas pu dormir correctement, puisque j'avais été assaillie par le remords, je m'étais levée plus tôt et du coup j'avais décidé de partir en avance. J'avais espéré qu'arriver plus tôt au travail pourrait peut-être me faire oublier le fiasco de la veille.

En plus, il faisait froid. Vraiment froid. Au point qu'il y avait déjà quelques gelées blanches sur le sol et la végétation. Je soupirai à pierre fendre, de la buée sortit de ma bouche et je grelottai. Si ça continuait, j'allais finir par attraper la crève.

Vingt interminables minutes plus tard, mon RER arriva enfin à quai. J'y montai et cherchai une place libre, ce qui ne fut pas chose aisée, puisqu'à cette heure-là les gens partaient vers la capitale pour se rendre eux aussi au boulot. Je passai donc les 45 minutes que dura le trajet, debout, appuyée de manière plus que précaire contre les portes du train, qui vibraient dans mon dos sous l'effet de la vitesse.

Lorsque j'étais rentrée hier soir, Vivi ne dormait pas. J'avais voulu me rendre discrètement dans ma chambre pour éviter qu'elle me pose des questions, mais elle m'attrapa au vol dans le couloir, constata ma mine déconfite, elle n'avait pas eu la bonne idée ou la délicatesse de rester discrète et m'avait fait des salamalecs jusqu'à ce que je me décide, de guerre lasse, à lui cracher le morceau.

Et que se passa-t-il ? Je vous le donne en mille : elle eut pitié de moi.

J'aurais tout donné pour ne pas avoir à faire face à son regard empli de compassion, je me sentais assez mal comme ça pour en rajouter une couche. J'aurais voulu qu'elle me laisse tranquille, mais elle n'eut pas la décence de me laisser m'enfermer dans ma chambre. J'étais triste, je vomissais la gentillesse et la sollicitude de ma sœur, bien que tout cela parte d'un bon sentiment, mais il fallait essayer de me comprendre, tout ce que je voulais c'était – pleurer un bon coup – aller me coucher et dormir le plus rapidement possible – pleurer comme une madeleine – en espérant que le sommeil me ferait cesser de penser au visage gonflé de Xav.

J'avais tenté de faire comprendre tout ça à Virginie. Mais non ! Comme à son habitude, ma chère petite sœur n'avait pas pu s'empêcher de me suivre comme mon ombre pour me sortir les vers du nez.

— Oh Mel... Je suis tellement désolée ! Je peux faire quelque chose pour toi ? avait-elle demandé gentiment.

Je lui avais répondu que non. De toute façon qu'aurait-elle pu y faire ? J'avais tout raté avec Xav et en prime, j'avais failli le tuer.

En repensant à tout ce qu'elle avait pu me dire les semaines précédentes, en rapport avec mon âge et mon célibat, je ne pouvais que me rendre à l'évidence : au train où allaient les choses j'allais finir seule avec six chats, parce que j'en demandais trop en ce qui concernait les mecs... et le seul qui aurait pu m'apporter ce que je cherchais avait fini aux urgences.

J'avais filé dans ma chambre après avoir marmonné un vague « bonne nuit, à demain », m'étais déshabillée, brossé les dents, fait un bain de bouche, qui servait à quoi, maintenant que j'avais provoqué une réaction allergique à Xavier ? Pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ? Après tout, c'était de notoriété mondiale, tout le monde se baladait avec son bain de bouche dans sa poche. Une fois au lit, j'avais rapidement sombré dans un sommeil lourd et douloureux.

En prenant mon café ce matin, j'étais tombée sur un article parlant des animaux de compagnie. Vraiment très intéressant.

Apparemment, une étude américaine très sérieuse – d'ailleurs, tout ce qu'ils font aux USA est tellement profond que je devrais peut-être songer à m'exiler là-bas, dans les grandes plaines du Nebraska, le premier voisin à dix kilomètres, comme ça au moins je ne risquais pas de tuer qui que ce soit. Donc d'après cette fameuse étude américaine conduite auprès de plusieurs participants hommes et femmes, il avait été démontré que les femmes célibataires possédant un animal étaient moins sujettes à la dépression que les hommes célibataires, ayant eux aussi un animal.

Un super héros sinon rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant