Chapitre XI.
Dans ta face, connasse !
12 h 30.
La deuxième vidéo s'acheva. Silence complet dans la salle de réunion. Je retenais mon souffle, mon cœur battait la chamade. Si personne ne disait rien dans les trente secondes à venir, j'allais soit en bouffer un, soit défaillir. Ou quelque chose comme ça.
J'avais chaud. Horriblement chaud. Tout le monde était présent : Big Boss, Mami – le Dir'Com encore en place – les membres de l'équipe et les deux auteures dont j'avais l'honneur de promouvoir les œuvres. Tout ce petit monde était assis bien sagement sur les sièges disposés en ligne devant moi. Tous avaient les yeux encore braqués sur l'écran. Pas sur moi. Heureusement, car j'étais dans un état pitoyable. Mon stress me donnait mal au ventre, mes intestins faisaient des nœuds. Je sentais la suer perler sur mon front et sous mes aisselles. C'était simple, j'avais le trouillomètre au cran de sûreté. Rien que ça.
À cet instant-là, j'aurais bien fumé une cigarette. Sauf que je ne fumais pas et que je n'avais même jamais fumé. Ni même eu l'idée que peut-être, dans certaines circonstances je pourrais en avoir envie... Parce que je n'aimais pas l'odeur du tabac sur mes vêtements ni dans mes cheveux. Ni le fait que ça donnait une haleine de poney au fumeur. Franchement, qui aurait envie d'embrasser – avec la langue – un cendrier froid ? Beurk !
Là, c'était différent. J'en avais envie, enfin pas vraiment, mais si j'avais pu m'en griller une, juste pour me donner une contenance... Un bruit assourdissant résonna dans la salle de réunion et il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'il s'agissait d'applaudissements. Toute l'assemblée était maintenant tournée vers moi, me souriant avec chaleur. Je devais certainement être en train de rêver !
— Eh bien, Mélanie... Que dire, sinon que c'est l'idée la plus originale que j'aie vue jusqu'à maintenant ? me dit Big Boss.
Mami acquiesça, le visage à la fois grave et impressionné – micro-expression clairement impossible à reproduire sauf si vous vous appeliez Mami « Bollywood » Shandalaman.
Mes romancières me noyèrent sous des flots compliments ; tant et si bien que si elles continuaient à me passer de la pommade, j'allais finir par avoir un problème pour sortir de la pièce, tant mon ego prendrait de la place. Lucy et Seb me félicitèrent de loin, articulant de silencieuses félicitations, quant au reste de l'équipe... Ils étaient encore bloqués en mode « applause ».
Tous, sauf Myriam Langevin. Mais je m'y attendais, c'eut été mentir de dire le contraire. Et si elle avait agi autrement, j'aurais pensé qu'elle était malade. Toujours un mot à dire celle-là, et la critique tellement facile.
— Une vidéo... Peuh ! Ça n'est qu'un gadget... Je ne vois pas ce qu'il y a d'original, là-dedans. tout le monde peut faire une vidéo de lancement pour un livre ! dit-elle d'une voix mielleuse.
Et voilà ! Qu'est-ce que je disais ? Elle était totalement incapable de fermer son clapet, cette... cette... Je ne trouvai pas de mot qui soit assez fort pour la qualifier !
— Mais justement Myriam ! s'exclama Mami avec grand renfort de gestes exubérants. Mélanie a su tirer profit du caractère extrêmement populaire du trailer. Les magazines c'est génial. Les Blogs, c'est bien. Les services-presse aussi. Mais le petit clip vidéo... Myriam, réfléchis quelques instants ! Combien crois-tu qu'il y ait de personnes sur les réseaux sociaux ? Sur les sites de streaming vidéo ?
Ma collègue réprima un mouvement d'humeur, agacée par la tirade dithyrambique de notre cher Dir'Com', concernant mes supports vidéo.
« Et toc ! Qu'est-ce que tu dis de ça, hein ? Myriam : 0 – Mel : 1. Tu sais quoi, Myriam ? you loose ! » me dis-je intérieurement. Je devais avouer que je jubilai, quant à ma conscience, elle dansait comme une folle sur Saga Africa.
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Un super héros sinon rien
ChickLitMoi, c'est Mélanie Le-Guennec, j'ai 32 ans. Depuis 3 ans, j'occupe un poste de chargée de com' pour une maison d’édition de la capitale, le travail rêvé pour la passionnée de lecture que je suis. Et je gagne assez bien ma vie... J'habite un endroit...