Chapitre 9

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Panique à bord

 

18 h

J'aimais le train. Enfin pas d'habitude, mais ce jour-là, c'était le cas.

Deux jours que je courais dans tous les sens au boulot. J'avais vraiment hâte que ce challenge pour la course au poste de directeur de la Com se termine. Et que je sois choisie. Mais je devais avouer que j'étais tellement crevée, qu'être celle qui décrocherait la timbale ne me paraissait plus aussi important que ça... J'avais passé tous les coups de fil possibles et imaginables, contacté les gens sur ma liste secrète. Stylé, n'est-ce pas ? Genre, Mel, la fille qui avait une liste secrète avec des gens secrets... Ça faisait très « agent secret », non ? En plus, j'avais dû supporter la condescendance de ma collègue-pétasse. Regarder Myriam se pavaner à longueur de journée dans les bureaux, la salle de pause, les toilettes... Avec ce parfait sourire victorieux plaqué sur son parfait visage. Grrrrrrrrr !

Je l'aurais bouffée !

Mais j'avais plus d'un tour dans mon sac et il était clair que je ne me laisserais pas faire. Imaginer sa tête, lorsqu'elle se serait rendu compte que j'avais un atout dans ma manche, me donnait tout de même un regain d'énergie. 

En parlant d'un atout dans la manche, Big Boss en avait un, lui aussi. La veille, il était arrivé dans mon bureau, d'un pas guilleret et m'avait asséné le coup de massue du siècle : 48 heures. J'avais quarante-huit heures pour lui rendre mon projet et lui prouver que j'avais trouvé l'idée du siècle pour remonter les ventes de mes auteurs. Autant dire que cela ne me laissait pas une grosse marge de manœuvre. Même Spiderman avait plus de temps pour choper le super-vilain et sauver Mary-Jane. Heureusement pour moi, j'avais un avantage. Heureusement pour moi, j'avais Xav. Toujours prêt à me rendre service au pied levé...

J'avais encore un peu honte de moi juste à l'idée d'avoir pensé que peut-être, il allait m'embrasser l'autre jour, mais peut-être n'avait-il rien remarqué. Je l'espérais en tout cas. Sincèrement. Je n'imaginais pas un instant casser la relation qui nous liait depuis plus de trois ans. Je pensais à nouveau à mon envie folle de glisser mes doigts dans ses cheveux en bataille, la sensation que ça me procurerait. Et si j'osais... celle de ses lèvres sur les miennes.

— Oh, reviens à la réalité Mel ! Ce type ne s'intéresse pas à toi ! J'envoyais bouler ma conscience pour la énième fois. Si je ne pouvais même plus fantasmer tranquille...

Assez rêvé, il était temps de me concentrer sur l'objectif du moment : mon trailer et ma future promotion. Parce que, plus qu'un vœu pieux, j'en étais certaine, c'était moi qui allais décrocher ce poste !

                                

                                     ∞∞∞∞∞

19 h 15

Lorsque j'arrivai chez moi, j'eus juste le temps de foncer sous la douche pour me rafraîchir et enfiler des vêtements plus confortables que ma tenue de style « working girl ». Ce n'était pas parce que Xav était juste un ami que je devais puer le fennec.

Quelques minutes plus tard – 56 minutes pour être précise – je sortais de mon appartement, vêtue d'une paire de jean et d'un gros pull de toutes les couleurs, mon fourre-tout jeté négligemment sur l'épaule, paire de rangers aux pieds et me dirigeais d'un pas guilleret vers la pizzeria la plus proche. Xav m'avait amené le repas la dernière fois, il était donc logique que j'en fasse de même. J'entrai dans la boutique, mon estomac gargouilla sans aucune discrétion. L'endroit était tellement exigu que seuls trois personnes et un frigo à boissons pouvaient tenir devant la paillasse du pizzaiolo. La boutique ne payait pas de mine, mais c'était la meilleure pizzeria de la ville, voire des alentours. L'odeur qui y régnait était tellement alléchante qu'elle m'en faisait presque saliver d'avance et je devais dire que, si le pizzaiolo qui devait avoir des gènes communs avec Super Mario ne mettait pas le turbo, je risquais de tomber d'inanition dans les dix minutes à venir. J'avais avalé un énorme bol de céréales aux noix de pécan, un yaourt et un jus d'orange au petit déjeuner, mais j'avais travaillé durant l'heure du déjeuner, et j'avoue que je n'avais bu que quatre énormes mugs de café (long avec 5 sucres). Le Pizzaiolo mit mes pizzas dans son four à bois, et je les observai dorer doucement. Rien que le crépitement du fromage cuisant auprès du feu me faisait baver d'impatience. Super Mario prit sa pelle et déposa rapidement, mais délicatement ma commande dans leurs cartons respectifs et je filais d'un pas rapide chez Xav. Je montai quatre à quatre les marches qui me séparaient de son studio situé au 4e étage – sans ascenseur, c'est bon pour la forme – et ce fut rouge et essoufflée que je frappais à sa porte.

Un super héros sinon rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant