Le « Cadeau » de Vivi
Octobre
C’était officiel, ma sœur était folle. Et je devais avouer que l’idée de l’envoyer croupir loin très loin de moi se faisait de plus en plus sentir. La raison ? Elle avait décrété qu’elle prenait ma vie amoureuse en main. Puisque je n’étais pas capable de lever un mec – pour reprendre son expression – elle allait m’y aider.
La semaine précédente, elle m’avait déjà traînée dans un cours de « body minceur », me donnant pour prétexte le fait que les copines de fac avec lesquelles elle avait l’habitude de s’y rendre avaient eu un empêchement. Personnellement, j’y avais surtout vu une attaque personnelle directement dirigée sur mes éventuelles rondeurs. Bref, ses copines avaient eu un empêchement. Toutes. Le même jour. Les cinq en même temps. Mais bien sûr. Quelles étaient les probabilités pour que cinq filles d’une vingtaine d’années se fassent porter pâle au même moment ? Pas énormes. Mais gentille comme je l’étais, j’avais fait semblant de ne pas me rendre compte qu’elle tentait carrément de me prendre pour un jambon et avais accepté de l’accompagner.
— Mais juste cette fois-ci, hein ! avais-je précisé avec l’espoir que ces quelques mots allaient faire leur chemin jusqu’à son esprit.
Nous étions encore en pleine période des nouvelles adhésions, j’avais droit à un essai gratuit des diverses activités, aussi mon porte-monnaie ne risquait-il pas grand-chose. Bien sûr la garce avait omis de me dire que cette fameuse salle de sort qu’elle et ses copines fréquentaient était justement située juste à côté de la fac. Donc à Paris. N’étant pas du genre à revenir sur ma parole, je l’avais maudite intérieurement et sur au moins deux générations ; je venais de revenir à Fontainebleau, il allait donc falloir faire un nouvel aller-retour. Chose dont je me serais bien passée. À ce moment-là, j’avais juste envie de lui dire qu’elle exagérait. Pendant le cours de « body-minceur », je sentais monter en moi des sentiments beaucoup moins zen. Ah ça ! Mes Chakras en étaient pour leur grade…
— Mais qu’est-ce que je fais là ? avais-je marmonné entre mes dents serrées pendant que j’essayais de garder l’équilibre sur le flanc gauche, en appui sur l’avant-bras et le pied ; le reste du corps (tronc hanches, jambes) ne devant sous aucun prétexte toucher le sol.
— Allez, Mel ! Arrête de te plaindre… C’est facile, regarde ! avait chuchoté Vivi en m’offrant un sourire éblouissant.
— Ouais, parle pour toi ! Au fait, tu peux me dire pourquoi on fait ça, déjà ? lui avais-je demandé en grimaçant sous l’effort tandis qu’elle tenait la position avec une facilité déconcertante.
— Bah ! Pour être bien dans notre peau, c’est évident. Le sport et l’effort, ça sécrète des endorphines. Un peu comme le chocolat, mais les kilos en moins ! avait-elle répliqué joyeusement en ajoutant un clin d’œil.
— Oui, c’est évident ! Comment n’y ai-je pas songé plus tôt ? Mais je préfère la tablette de chocolat à ta séance de torture… tu m’excuseras, hein ! avais-je grommelé en la fusillant du regard.
À cet instant précis, je me rendis compte qu’elle était fraîche et pimpante, le cheveu sagement coiffé en queue de cheval. Rien ne dépassait. Et moi, je ressemblais à un chiffon. Ou plutôt à une serpillière vu les auréoles humides sous mes bras et les gouttes de sueur glissant en cascade du bout de mon nez jusque sur le sol. Je n’aurais pas pu me sentir plus glamour qu’à ce moment précis. Et rien que pour ça – et aussi parce qu’elle avait l’outrecuidance de me narguer en me montrant qu’elle était fichue de toucher ses oreilles avec ses pieds – dans ma tête, la scène où je l’assassinais de mes mains se jouait en boucle, mais avec différentes variantes. Elle, écartelée. Moi, lui maintenant la tête sous l’eau. Elle, dévorée par des criquets mutants carnivores affamés dont j’avais ouvert le terrarium par inadvertance. Oups. Elle, suspendue par une corde au-dessus d’un bassin infesté de crocos… Ah ! Douce était la vengeance dans ma tête… C’était quoi déjà, le nom de ce psy ?
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Un super héros sinon rien
ChickLitMoi, c'est Mélanie Le-Guennec, j'ai 32 ans. Depuis 3 ans, j'occupe un poste de chargée de com' pour une maison d’édition de la capitale, le travail rêvé pour la passionnée de lecture que je suis. Et je gagne assez bien ma vie... J'habite un endroit...