Chapitre 7

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Un plan de bataille

 

 

— Je ne sais pas si je devrais t'en parler... Je suis presque sûre qu'elle a les oreilles qui traînent.

— Lucy... S'il te plaît ! la suppliai-je en battant des cils.

J'étais de retour au boulot, il était 10 heures, je me trouvais dans le bureau de Lucy comme tous les matins et la journée me semblait commencer dans une ambiance de folie.

— Silteplaitesilteplaitsilteplait !

Mon amie et collègue roula des yeux mi-ennuyés, mi-amusés en entendant ma supplique et soupira.

J'avais gagné !

Elle répondit à son téléphone qui venait de sonner, tout en tendant la main dans ma direction pour me faire patienter.

— ... Un encart dans Zombie Mania ? Novembre... Quelle date ? Oui, c'est parfait ! Vous pensez à m'envoyer la confirmation par mail ?

Elle raccrocha précipitamment.

— OK, Mel. Tu sais qu'entre Myriam et toi c'est une guerre ouverte ?

— Quoi ? Mais n'importe quoi ! Je sais bien que nous briguons le même poste, mais...

— Eh bien, c'est comme ça qu'elle le prend, en tout cas !

— Bon... Et qu'est-ce que je ne devrais pas savoir ?

— Tu risques d'avoir des soucis pour booster « Légendaires » et « En manque de toi »... 

Pour rappel, mon job consistait – dans le cas présent – à imaginer tous les moyens possibles et imaginables pour relancer les ventes des œuvres – « Légendaires » et « En manque de toi » – de deux des quatre auteurs en perte de vitesse dont j'avais la charge. Et je savais que j'allais me débrouiller comme un chef. Même si Myriam gérait les deux autres. Visiblement, une bataille entre nous deux déterminerait laquelle serait la plus à même d'obtenir le poste de directeur de communication. Tout ça pour dire que les projecteurs étaient braqués sur nous comme jamais.

— Comment ça, je vais avoir du mal ? Parce que pour la première fois depuis deux ans et demi, elle est arrivée à une heure normale ? demandai-je en riant.

— Non, attends... Ce matin, à son arrivée, elle a claironné à qui voulait bien l'entendre qu'elle était sûre de t'avoir coiffée au poteau, lâcha Lucy avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

— Pourquoi ? Ne me dis pas qu'elle a trouvé une idée toute seule ? 

Pour le coup, j'étais méchante. Mais cette fille avait la fâcheuse habitude de faire passer les idées des autres – surtout quand il s'agissait des miennes – pour les siennes. Le plus agaçant c'était que personne n'avait encore osé lui dire sa façon de penser. Même pas moi.

— Il semblerait, Mel... me répondit mon amie opinant du chef.

— Comme quoi, tout peut arriver... Mais, dis-moi, pourquoi ne voulais-tu pas m'en parler ?

— C'est que je ne voudrais pas te stresser...

— Mais crache le morceau à la fin ! Qu'y a-t-il de si grave pour que tu fasses tant de mystère ?  ripostai-je, agacée.

Lucy ferma les yeux et prit une grande inspiration digne d'une actrice déclamant du Shakespeare, avant de me sortir à une vitesse hallucinante :

Un super héros sinon rienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant