Chapitre 9 : Iaso

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Le lendemain de notre dernière mésaventure, nous avons décidé — une nouvelle fois — que nous partirions pour Paris dès que Christopher et Andy auront fini de bidouiller l'une des deux voitures en notre possession, dont le moteur semble avoir quelques soucis. Rien de bien grave, selon eux. Cette fois, ça serait la bonne. Ce soir, nous serons à Paris.

Quant à Vanessa, elle a plus ou moins totalement guéri de sa blessure au mollet. Elle ne boite que très peu, dorénavant.

Je tousse légèrement en me regardant dans le miroir, je prends mes cheveux entre mes mains pour en faire une queue de cheval. Mes cheveux ne sont généralement pas très longs, mais ils le sont devenus depuis le début de l'épidémie. Une idée me traverse l'esprit : j'ai toujours rêvé d'être blonde, pourquoi ne le suis-je pas ? C'est le moment d'essayer. Il y a quelques jours, Vanessa avait retrouvé des colorations dans une ancienne boutique à l'Ouest. Bien sûr, nous n'avons plus le droit de quitter les alentours seules. Lorsque nous nous déplaçons, Christopher nous accompagne systématiquement. J'ai d'abord rigolé lorsque j'ai vu Vanessa revenir avec des tas de cartons de coloration. Son père a roulé des yeux, mais ce n'était pas si ridicule que ça, en fin de compte. Lidia m'a aidé à chercher s'il y a du blond et j'ai été heureuse de constater qu'il y avait quelques boites. La jeune brunette est drôlement enthousiaste à l'idée que je devienne blonde, presque autant que moi. C'est finalement notre seule escapade.

J'ai peur que la couleur tourne au vert, ou que le blond ne m'aille tout simplement pas. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de la laisser s'occuper de ça, mais je l'a laisse faire quand même, pour lui faire plaisir. Vanessa est finalement venue me secourir en remarquant les gestes incertains de sa petite soeur. Elle la pousse avec son bassin.

— Laisse-moi ça, tu vas lui bruler le crâne, la pauvre.

Lors de la première application, mes cheveux sont tout de suite ressortis caramel. Apparemment, c'est normal. Je dois refaire le même procéder dans une semaine ou deux. Je leur fais confiance. De toute façon, elles en connaissent bien plus que moi à ce sujet. Cette couleur me va plutôt bien en fin de compte, c'est ce qu'affirme le reste de la famille. Ce n'est pas vraiment le blond dont j'avais rêvé, mais bon, dans ces circonstances, ce qui en est ressorti est plutôt pas mal.

J'aime la maison de la plage, elle nous permet de nous faire sentir en sécurité, et ça n'était pas arrivé depuis longtemps. Elle nous permet également à Vanessa, Lidia et moi de rire à pas d'heure, tellement fort que nous réveillons les garçons. Il nous arrive même de danser en plein milieu de la maison au rythme des chansons qui défilent sur le vieux vinyle. Ça ne me déplairai pas si nous restions ici, loin de toute civilisation, c'est comme si nous étions en vacances, de très longues vacances.

***

— Il nous faudra encore quelques heures, ma chérie. Je suis désolé, mais la voiture a un gros problème dans le moteur, on ne peut pas se permettre de partir comme ça, affirme Christopher alors qu'il essuie le mélange de sueur et d'huile sur son front.

— Papa, t'avais promis qu'on serait parti pour midi ! Il est presque quatorze heures !

— Je sais, on partira demain, on n'est pas à vingt-quatre heures près, dit-il avant de repartir rafistoler la voiture.

Lidia grogne de frustration, elle s'éloigne et ronchonne quelques mots que je n'arrive pas à entendre. Encore une fois, c'est comme si l'univers entier nous empêche de nous rendre à Paris.

Je propose à Lidia et sa sœur d'avaler quelque chose. Elles acceptent. Lidia tire la tête toute l'après-midi après ça, et ne m'adresse qu'un mot à peine.

Vers dix-neuf heures, une nausée extrêmement présente se fait sentir. Je me précipite aux toilettes et vomis dans la cuvette. La date de péremption de la boîte de thon que nous avons mangé était expirée depuis un an, ce n'est donc pas étonnant.

Beauty Behind MadnessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant