dix-sept

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Mathieu Pruski
02pm.

— Mec, j'ai besoin de toi.. je dis d'une voix mal assurée, et mon correspondant s'affole derrière le combiné.

— Quoi ? s'exclame-t-il C'est les keufs ? Ils t'ont attrapés, mon frère ? Putain..

— Quoi ? Mais non, pas du tout Ormaz !

— Alors quoi ? Y'a quoi ?

— Je suis avec avec Sasha là, et elle va pas très bien, je lui explique rapidement, tandis que mon regard était toujours posé sur la brune qui tremblait, alors j'aimerai que tu passe chez elle récupérer des médocs'.

— Hum, ouais, acquiesce-t-il, mais j'en ai chez oim si tu veux !

— Non, écoutes, c'est des médocs bien spéciaux, donc il va vraiment falloir que tu passes les récupérer chez elle..

— D'accord, pas de problèmes !

— Merci Ormaz ! je m'écris presque, étant désormais soulagé.

— T'inquiète mon reuf, mais, juste, est-ce que t'as les clefs avec toi ? il me questionne Ou bien est-ce qu'elle à laissée la porte ouverte ?

Putain..

     Je souffle, me sentant bien con en me rendant compte que je n'avais même pas pensé à ce détail, étant bien trop obnubilé par la situation actuelle ainsi que par mon but qui est de récupérer ses médicaments.

     Je reprend rapidement mes esprits et me tourne vers la brune, avant de ne l'apercevoir, encore plus tremblante que quelques secondes auparavant, de nouvelles larmes sur ses joues rougies, tandis qu'elle se tient les côtes, comme si celles-ci étaient douloureuses, me faisant grimacer.

     Je m'approche un peu plus d'elle et pose délicatement ma main sur sa joue humide et elle sursaute légèrement, avant de ne laisser de nouvelles larmes s'échapper de ses yeux toujours clos, sans même ne prendre la peine de ne me regarder, semblant bien trop épuisée pour ça.

— Est-ce que tu as laissée la porte de ton appartement ouverte ? je chuchote après m'être approché de son oreille, pour ne pas qu'elle ait besoin de forcer sur ses capacités.

     Elle secoue très lentement la tête et elle grimace à son tour, comme si rien que de devoir faire cela était douloureux.

— J'ai.. J'ai laissé un double des clés en dessous du paillasson.. elle affirme faiblement d'une voix presque inaudible.

     Je ne réplique rien, sachant pertinemment que cela ne servirait à rien, et finis par me décaler d'elle, laissant ainsi ma tête sortir de l'habitacle, avant de ne recoller mon téléphone à mon oreille, et de ne reprendre ma conversation téléphonique avec Ormaz, afin de lui dire où il pouvait trouver les clés, ainsi même que l'endroit où il allait pouvoir nous trouver.

[...]

     Une main placée sur le genou tremblant de la brune, je dessine des petits cercles sur celui-ci afin d'essayer de la calmer, en vain, tandis que la crise semblait être encore plus coriace et plus puissante que quelques minutes auparavant.

     La respiration de l'italienne s'accélère de plus en plus, marquant ainsi l'intensité de son anxiété, et je prie intérieurement pour que le brun se pointe rapidement ici, me retrouvant désormais dans une impasse plus que compliquée, ne sachant plus comment je suis censé faire pour essayer de calmer la brune.

Il est clair que, si Ormaz ne se ramène pas d'ici moins de dix minutes, elle finira par s'endormir, ou bien pire, par perdre connaissance, et, putain, c'est juste inconcevable...

     Heureusement, le concerné arrive moins de deux minutes après ces multiples pensées négatives, et me donne une boite de comprimés orange — ayant comme inscription "anxiolytique" — ainsi qu'une bouteille d'eau, avant qu'il ne s'accroupit à mes côtés, face à la brune, tandis que moi je posais délicatement ma main sur sa joue, comme je l'avais fait tout à l'heure, et elle sursaute de nouveau avant d'inspirer longuement.

— Sasha, je chuchote doucement, Ormaz t'as ramené tes médicaments..

Ses yeux restent clos mais elle se redresse légèrement, se retrouvant désormais bien assise, avant de n'apporter une main frêle à son front, signe d'une douleur supplémentaire, probablement à la tête.

Malgré cela, elle ne dit rien et tend sa main droite face à moi, alors je sors un comprimé et lui place dans la paume de celle-ci, et, j'ouvre la bouteille d'eau avant de la lui donner dans son autre main qu'elle me tends également.

— Tu peux m'en donner un deuxième, s'il te plaît ? elle chuchote.

— T'es sûre que c'est pas préférable de n'en prendre qu'un seul ? je la questionne, inquiet C'est fort ces trucs là..

— Ça passera jamais avec un seul cachet.. elle avoue doucement, semblant être à fleur de peau, prête à se remettre à sangloter La crise est trop forte pour qu'un seul ne suffise..

Je sens le regard d'Ormaz sur nous, se demandant probablement de quoi elle était entrain de parler, et à quoi servent ces médicaments, mais je préfère ne pas le regarder en retour, ne trouvant pas le moment adéquat pour lui expliquer la situation plus en détail.

Finalement, sachant pertinemment qu'elle était la seule à connaître parfaitement la situation dans laquelle elle se trouve actuellement, je place un deuxième comprimé dans sa main, et elle finit par ingéré les deux, sans même ne prendre le temps de dire quoique ce soit, comme si c'était quelque chose d'indispensable.

— Merci Ormaz.. elle chuchote, semblant quelque peu libérée, en ouvrant faiblement les yeux.

— Y'a pas de problème, t'inquiète ! il lui sourit, et elle pose de nouveau sa tête sur ses genoux tremblants, épuisée.

— Sasha ? je l'appelle doucement Est-ce que tu veux qu'on reste là, ou bien tu préfères qu'on te dépose chez toi ?

— Je veux pas vous déranger plus que ça.. elle secoue doucement la tête.

— Raconte pas n'importe quoi.. je la réprimande Tu sais très bien que ça nous dérange pas.

— Polak a raison, ça nous dérange pas, loin de là !

Je regarde mon meilleur pote pendant un instant, mais la fine voix de la brune me fais sortir de mes pensées et je remonte le regard vers elle, qui nous regardait déjà, la tête posée sur ses avant-bras qui, eux, enroulent ses genoux.

— Alors, si vous voulez bien, je pense que ça serait mieux que je rentre chez moi.. elle affirme avant de nous expliquer La crise en elle-même m'épuise énormément, et cette fatigue est encore plus présente avec un cachets, alors, avec deux.. Je crois que je vais vite finir par m'endormir.. elle rit doucement, et un sourire sincère se dessine sur mon visage à l'entente de ce bruit si doux.

asshole - plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant