trois

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Sasha Calzedoni
1pm.

— Est-ce que tout va bien, là dedans ?

     Je relève la tête vers mon reflet qui apparaissait dans le miroir au dessus de l'évier dans l'un des toilettes du restaurant, et laisse un soupir de frustration s'échapper d'entre mes lèvres.

— Oui, répondis-je à mon patron qui se situait derrière la porte, j'arrive dans un instant.

— Prends ton temps Sasha, les derniers clients viennent de partir.. m'informe-t-il.

     Je laisse un second soupir m'échapper, cette fois-ci de soulagement, en me rendant compte que cela signifiait que cet homme ne se trouvait plus dans le restaurant.

     Même s'il avait su se montrer aidant avec moi - en me sauvant des griffes de cet ordure de mec qui voulait profiter de moi - je ressentais une certaine appréhension à son égard, notamment à cause des airs de caïd qu'il avait pris l'autre soir.

     De plus, cette phrase qu'il lui avait crachée au visage - "Prépare-toi à prendre chère, fils de chien !" - ne cessait de refaire surface dans mon esprit, et, tout à l'heure, lorsque je l'ai aperçu ici, j'ai pu me rendre compte de la rougeur de ses phalanges, me glaçant ainsi le sang à une allure incomparable.

Alors oui, il a beau m'avoir été d'une aide précieuse, je ne l'apprécie pas pour autant, et, pour être honnête, il arrive même à m'effrayer, et son regard d'acier ne change en rien la done.

     Je souris à mon patron lorsque j'arrive dans cette immense pièce que représente la salle à manger, avant de ne l'aider à débarrasser les tables, la tête empli par toute sorte de pensées, toutes aussi dingues les unes que les autres.

     Une fois arrivée à leur table, je laisse un soupir imperceptible dépasser la barrière de mes lèvres, avant de ne placer mes mains sur la première assiette, et alors que j'allais l'empiler sur la deuxième, je me suis finalement décidé à la reposer sur la table en voyant un bout de papier à l'intérieur de celle-ci.

     En premier lieu, je fronça les sourcils, étant réticente à l'idée de ce qu'il pouvait contenir, mais, en fin de compte, je finis par l'ouvrir, étant bien trop curieuse pour juste l'ignorer.

« Je pense que l'on a des choses à se dire, toi et moi.
07.13.09.30.27.
P. »

     Je relève les yeux de ce petit bout de papier une fois avoir relu ces quelques mots une dizaine de fois, les yeux exorbités et les mains encore plus tremblantes, cherchant désespérément leurs signification, tout en me demandant s'il s'agissait d'une menace, ou non.

Merde, je ne connaissais même pas ce mec avant hier, et il n'a jamais entendu ne serait-ce qu'une seule fois ma voix, alors pourquoi me donnait-il son numéro ? C'était incompréhensible.

Ce mec était incompréhensible.

Comment pouvait-il se permettre de me dévisager comme si j'étais la plus grosse merde qui puisse exister, sans compter l'autre soir où il m'a parlé comme une moins que rien, et puis, le lendemain, m'inciter à lui envoyer un message.

Quel connard, putain.

Je ne sais pas ce qu'il s'imaginait en me laissant ce mot, mais, quoiqu'il en soit, il sera déçu.

[...]

— Vous avez besoins de faire des photocopies supplémentaires ? me demande la secrétaire de la mairie, en me souriant.

— Non, ça ira, merci ! je lui souris à mon tour, avant de ne récupérer les quatre photocopies que j'ai demandées.

     Cette après-midi, après avoir quitté le restaurant, je suis rentrée chez moi, j'ai longuement réfléchi à tout ce qu'il s'est passé ces derniers jours, et j'ai décidé de photocopier quelques entrevues de mon CV, avant de ne le coller sur les différentes enseignes de ma ville.

     En effet, même si j'aime mon travail et que j'ai du mal à me voir démissionner du restaurant, j'ai fini par prendre une décision, ne supportant plus de vivre dans l'un de ces quartiers mal fréquentés de la capitale, afin de, peut-être, trouver un travail un peu mieux payer, qui pourrait me permettre de retourner dans mon ancien appartement, celui dans lequel j'habitais avant que les taxes d'habitations n'augmentent, et que cette chambre ne soit plus dans mes moyens.

     Une fois que les quatre photocopies supplémentaires sont disposées sur plusieurs devantures de différentes enseignes, je décide de rentrer chez moi, attendant désespérément un quelconque signe d'une réponse positive pour un nouvel emploi, et, c'est après près de quatre heures à patienter qu'une notification est apparu sur mon cellulaire, m'informant d'un nouveau message.

numéro inconnu
Bonjour, est-ce bien Sasha Calzedoni ?

sasha
Bonjour, oui c'est bien moi.
Vous êtes ?

numéro inconnu
Je m'appel Bastien Morel, et j'ai aperçu votre CV devant mon entreprise, alors j'aimerai savoir s'il serait possible de caler un rendez-vous avec vous, afin de vous expliquer en quoi consiste mon travail et, pourquoi pas, vous prendre en temps qu'apprentie, si cela vous plaît.

sasha
Bien sûr que c'est possible ! Je ne vais pas vous mentir, je suis prête à accepter n'importe quel travail, temps qu'il est bien payé, et qu'il me plaît, alors, évidemment, votre offre est acceptée.

numéro inconnu
Hé bien sachez que cela me rends ravi, sincèrement ! Une de nos collègues est en congé maternité, et je dois vous avouer que nous avons vraiment besoin de quelqu'un en plus dans notre entreprise.
Alors, quelle date vous serez le mieux pour un rendez-vous ?

sasha
Je suis libre demain en fin d'après-midi, à 17h30. Est-ce que cela vous convient ?

numéro inconnu
Oui, c'est parfait !
Alors disons 17h30 au 140 avenue Aristide Briand ?

sasha
Très bien !
À demain, bonne fin de journée.

numéro inconnu
Bonne fin de journée à vous aussi Sasha, à demain.

•••

hi everyone!

voici le troisième chapitre de "asshole", en espérant qu'il vous plaira!

prenez bien soin de vous ainsi que de vos proches,
love<3

asshole - plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant