Suis-moi, je te fuis - Wooyoung

Chapitre 3

Toute la journée ainsi que toute la soirée j'avais réfléchi à une manière d'aborder Wooyoung si jamais la folle idée de prendre mon courage à deux mains s'emparait de moi. Comment m'y prendrais-je ? Je n'avais que Joy comme lien avec lui, et ça y était, elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour m'ouvrir les portes. Il ne me manquait plus qu'une once de courage pour les franchir.

Ce n'était que le lendemain en la voyant que je me décidai à envoyer un message à Wooyoung. Mais je ne le fis pas. Pas en début de journée, c'était trop brusque. Il était sept heures et demie, et Joy était déjà là à essayer de me convaincre de le faire. Je lui demandai comment m'y prendre, qu'est-ce que je pourrais lui envoyer, mais toutes les réponses qu'elle me donnait ne parvenaient pas à me convaincre.

— Ou alors tu lui envoies une disquette. Ça passera crème !

— Hein ? ricanai-je, surprise. Mais c'est ultra beauf ! Et puis c'est totalement ridicule.

— Mais non t'en fais pas, et quand bien même de nos jours c'est comme ça qu'on aborde et qu'on drague. Le romantisme ça réussit pas à tout le monde et crois-moi je sais de quoi je parle. Wooyoung fait pas partie des gars romantiques que tu pourras croiser dans ta vie. Au pire dis-toi que si la disquette prend pas, ça aura au moins eu le mérite de le faire rire. Woo rigole facilement.

— Ah bah tout ça est bon à savoir...

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L'après-midi même je réalisai que trois jours étaient passés depuis la rentrée, pourtant j'avais l'impression que ça en faisait plus. En trois jours j'avais eu un coup de foudre, j'en avais parlé avec une amie qui le connaissait, coup du hasard. En trois jours par le biais de Joy ce garçon savait qui j'étais, que j'avais un béguin pour lui, et pour couronner le tout, l'une des filles de sa classe m'avait donné le pire conseil de drague que j'avais pu entendre dan ma vie : lui envoyer une disquette.

Thalia était contente de savoir que je m'étais décidée à le faire. Toute la journée elle avait essayé d'en trouver une bonne, elle m'en avait sorti des vertes et des pas mûres, toutes les versions possibles. Alors lorsqu'il avait s'agit de choisir, je me sentais envahie d'idées. Mais parallèlement j'avais l'impression qu'aucune ne serait assez bien. Alors en demandant conseil à Thalia pour la énième fois dans la journée, elle me dit...

— Tu lui envoies celle du toboggan et en-dessous "oups, j'ai glissé dans tes dm".

— Je l'ai pas entendue de la journée celle-là...

— C'est normal, je te l'ai pas dite de la journée, affirma-t-elle avec son grand sourire.

— Je vois. Oui, c'est vrai qu'elle est pas mal.

— Sinon j'en ai une autre mais elle est un peu plus osée.

— Dis toujours ? demandai-je loin d'être convaincue. C'était vraiment le genre de message par lequel je pouvais passer pour une idiote. Je l'imaginais bien se moquer de moi derrière son écran.

— Un emoji ou une photo d'un chien et tu mets "Max reviens ici arrête d'embêter les beaux garçons !".

Je me mis aussitôt à rire. Si je m'attendais à ça ! Ma réaction sembla déteindre sur mon amie qui se mit également à laisser s'échapper quelques petits rires.

— Ah tu l'aimes bien celle-là hein ?

— Elle est géniale ! Mais toi tu penses que je devrais lui envoyer laquelle ?

— Le toboggan, c'est plus sûr. Parce que l'autre il faut vraiment... avoir du cran.

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Nous prenions la direction de la maison de Thalia quand nous terminions les cours à dix-huit heures. Elle m'avait invitée à dormir chez elle car exceptionnellement le lendemain nous commencions à dix heures. Pour éviter que je me levasse avant six heures elle m'avait proposé de venir.

Sur le chemin je me décidai à envoyer cette disquette à Wooyoung. Contre toute attente, ce fut Thalia qui prit les choses en main. Elle me demanda si elle pouvait choisir la photo, ce que j'approuvai ; et dix minutes plus tard je regrettai. Elle faisait le tour des applications pour trouver celle qui lui plaisait le plus, tout ça pour en revenir à son tout premier choix... un toboggan de bébé.

Puis vint le moment de lui envoyer. À nouveau elle me demanda de participer en lui envoyant elle-même ; j'approuvai. Elle tapa le message, me le montra, je lui dis que ce fut bon et elle l'envoya.

Quand on disait qu'un garçon parlait à une fille, et à sa meilleure amie, à ce moment-là on ne pouvait pas donner plus clair exemple.

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Cela faisait bien une heure que nous avions envoyé le message. Nous étions rentrées depuis vingt minutes, étions assises dans la salle à manger où nous faisions nos devoirs en récupérant des quarante minutes de marche sous un soleil brûlant. Jusqu'à ce que j'entendisse sonner mon téléphone.

— C'est lui ? s'écria Thalia.

— Attends je regarde ! répondis-je en courant vers mon téléphone que j'avais posé dans l'entrée. Ah non. C'est pas lui. C'est encore ce groupe de classe roh ils m'énervent ! Quatre jours qu'on est rentrés et déjà j'ai envie de le quitter.

— Ah mince...

— Si ça se trouve il m'a juste laissé un vu !

Je retournai dans mes dm et vérifiai : pas de vu. Enfin, je n'allais pas me plaindre, je préférais ça plutôt qu'un vu et pas de réponse.

Une demi-heure de plus. Et toujours rien si ce n'était mon téléphone qui sonnait pour le groupe de classe. Qu'est-ce qu'on pouvait trouver de si intéressant à dire dans un groupe d'élèves qui ne se connaissaient que depuis quatre jours ?

Je revérifiai mes dm, mais toujours rien. Alors je terminai mes devoirs en mode nuit, parce qu'entendre des sonneries du groupe de classe à mes yeux totalement inutiles m'agaçait et me déconcentrait.

Quand je terminai mes devoirs ainsi que Thalia, je désactivai le mode nuit, nous nous installâmes devant la télé, et nous discutâmes, nous rîmes. Les minutes défilèrent sans que je ne m'en rendisse compte, jusqu'à cette énième sonnerie.

— C'est lui ? s'écria de nouveau Thalia.

Je regardai et ris face au message ; oui c'était lui et il semblait avoir bien aimé cette approche !

— Il a dit "Mdrrr on me l'avait jamais faite celle-là" avec des emojis morts de rires à côté.

— Oh bien Leywenn ! T'as géré dis donc ! dit-elle d'un ton vantard. Tu m'avais pas dit qu'il était jamais sorti avec quelqu'un ?

— Euh si, mais pourquoi en revenir là ?

— Tu seras la première si tu continues comme ça petite veinarde. Enfin, ça ne m'étonne même pas que tu sois la première.

— Ça veut dire quoi ça ?

— Bah il est pas très beau...

— Quoi ?!

Je criai. Elle rit. Ma réaction était sûrement disproportionnée mais je ne comprenais pas comment elle pouvait dire ça ! Elle commença même à rire de la tête que je fis et répéta en insistant qu'elle le trouvait "vraiment moche". Et quand je lui dis que j'étais déçue d'elle, sur une pointe humoristique, elle me demanda de voir le positif des choses.

— Sois sûre que je te le piquerai pas celui-là.

Je renvoyai un message à Wooyoung et de fil en aiguille une conversation se créa. Nous faisions un peu connaissance, nous répondions chacun avec un intervalle de plusieurs minutes ce qui étendit la totalité en quelques heures. Le tout pour finalement mener à...

— J'ai envie de le voir demain ?