Suis-moi, je te fuis - Wooyoung

Chapitre 5

— Tu veux qu'on reste ici ou tu veux aller ailleurs ? me demanda Wooyoung.

— Allons ailleurs. Ce sera... mieux, répondis-je en regardant vers Thalia et Seonghwa.

Nous nous levâmes et partîmes vers le milieu de la cour, sans vraiment savoir vers où nous allions.

Là où nous étions avant était le bâtiment où il y avait le plus de passage, car c'était celui qui menait à l'intendance, au CDI, à la salle des professeurs, et aux salles d'histoire, de géopolitique, de SES et de théâtre. Alors c'était loin d'être un lieu apte à discuter tranquillement.

De plus j'avais préféré la deuxième option histoire de déranger ceux qui nous espionnaient de loin, dans l'unique but de rire un peu dans mon coin.

— Je voulais qu'on aille ailleurs parce que là-bas, on était sous haute surveillance, lui dis-je d'un ton amusé.

— Sérieusement ? interrogea-t-il sur le même ton.

— Oui ! Il y avait Joy et Yunho cachés derrière le mur, tu les as pas vus ? Et il y avait des amis à moi aussi et... coupai-je en me retournant. Et on est suivis, je repris à voix plus basse.

D'un pas rapide nous nous rendîmes derrière les escaliers menant aux bâtiments des langues, nous avions la vue sur ceux qui nous cherchaient c'est-à-dire Yunho et Joy, cette dernière un peu plus déterminée à nous trouver, avec son air de suricate. Wooyoung passa sa tête dans l'angle de vue qu'ils pourraient avoir sur nous, pendant que je les voyais tourner la tête à droite à gauche.

— C'est limite gênant ce qu'ils font, marmonna-t-il en se retournant vers moi.

— Ils voulaient assister à tout, enfin ouais, par rapport à ce que je t'ai dit tout à l'heure.

Je me sentais vraiment idiote en lui parlant ; on aurait dit une enfant.

Une fois que les autres eurent passé ce coin où nous étions, Wooyoung en sortit et commença à gravir les marches creuses se trouvant devant nous. Mais je ne le suivis pas. Je crus même avoir une demi-seconde d'absence en le regardant avec une once d'admiration. J'étais ravie d'être avec lui et je croyais même me rendre compte tout juste de la chance que j'avais, jusqu'ici presque inconnue.

— Tu viens pas ?

— Bah, c'est juste qu'on a cours dans dix minutes et que c'est dans le bâtiment à l'autre bout, qui plus est au deuxième étage.

— Pas de problème, affirma-t-il en redescendant et s'y rendant. Je le suivis alors, et sortis idiotement...

— Tu m'y accompagnes ?

— Bien sûr.

Toujours aussi bêtement je souris. Il le remarqua et laissa s'échapper un petit rire, me demanda pourquoi je faisais cette tête et je trouvai pour seule réponse que c'était la première fois qu'un garçon faisait ça avec moi, ce qui sembla lui faire chaud au coeur.

Nous discutions en traversant la cour, vérifiant un peu partout que nos amis ne nous suivissent pas. Et nous arrivions dans le bâtiment où nous étions sûrs de ne pas être vus pour ne pas dire traqués.

Nous nous déplacions à un rythme plutôt lent entre les murs étroits et fissurés qui formaient des couloirs loin d'être chaleureux.

Nous montâmes les deux étages, et, seuls, nous assîmes sur le banc encastré dans le mur. Un silence se fit, durant lequel nous ne nous regardâmes pas. Je finis par lui dire que ma timidité était en train de prendre le dessus sur tout le reste, faute des expériences "amoureuses" ou presque que j'avais eues auparavant.

Les minutes passèrent. Nous parlions de tout et de rien à la fois, de ce que nous aimions ou non, de nos cours car lui était dans une filière plutôt scientifique alors que moi j'essayais de le convaincre de ma spécialité théâtre envers laquelle il avait des clichés tels que "il faut pas être un peu fou pour faire ça ?".

Thalia et Seonghwa débarquèrent, ils passèrent devant nous, lui très furtivement, ne nous regardant pas. Et elle. Elle se mit à sourire, rougit même lorsqu'elle nous vit, je ne savais pas s'il s'agissait de ma timidité qui déteignait sur elle ou juste qu'elle était heureuse de me voir en compagnie du garçon pour qui j'avais eu un coup de foudre.

Elle ralentit quand elle passa devant nous, pendant que j'entendis Seonghwa l'appeler. Alors en accélérant le pas elle nous fit coucou, me laissant des joues encore plus écarlates qu'elles ne l'étaient déjà.

— Celle qui vient de passer c'est ma meilleure amie. Et au départ elle voulait absolument venir avec nous.

— Comment ça ?

— Elle voulait, je cite "t'approuver", elle est persuadée que si je choisis quelqu'un il faut qu'elle aussi le trouve assez bien pour moi.

— Donc si j'ai bien compris tu choisiras jamais toute seule ? Si elle m'aime pas ce sera foutu ?

— Non ! assurai-je avec énergie, moi je m'en fiche de son avis, elle en aura un mais qu'il soit positif ou négatif c'est pas ce qui m'aidera à savoir si je veux quelque chose avec toi ! Et quand bien même elle... recoupai-je. Elle m'a envoyé un message, repris-je plus calmement.

— Et elle dit quoi ?

— Oula, je suis pas sûre que ce soit le meilleur que tu aies pu entendre. Elle m'a dit "mets-lui la main au cul", ça te va ?

Il rit. En même temps j'activai le mode nuit sur mon téléphone car connaissant Thalia, je savais que je devais m'attendre à en recevoir d'autres.

Mes amis repassèrent, Thalia donc, recommença sa petite scène et, chance pour moi elle ne repassa pas une troisième fois.

Les gens de ma classe commencèrent à arriver, presque tous étaient devant la salle alors que nous étions un peu plus loin. En m'assurant que personne ne faisait attention à nous, je décidai une dernière tentative avec Wooyoung.

— Tu serais ok pour qu'on se revoie ? Qu'on passe d'autres pauses ou même qu'on mange ensemble un de ces jours ?

— Ouais, carrément, dit-il avec ce même sourire.

— Super alors. Bon, il y a presque tous les gens de ma classe alors je crois que ça va so...

Je fus coupée par la sonnerie qui retentit juste à côté du banc où nous étions. Nous nous levâmes, nous refîmes la bise et il partit en me regardant une dernière fois. Et puis moi je retournai avec mes amis, qui hurlèrent le fameux "alors ?!".

— Il est... wow. En plus d'être magnifique il est super sympa ! Après on n'a pas encore fait le tour mais ça semble bien parti.

Nous entrâmes dans la salle et Thalia me regarda avec insistance une fois que nous fûmes installées sur une rangée bordant le mur de la salle. Elle tenait sa tête dans ses mains, affichait un grand sourire sur le visage, s'était fortement approchée de moi, voulant je pensai tous les détails.

— T'as intérêt à tout me dire.

Je lui racontai tout ce qui s'était passé, ce que nous nous étions dit, mes ressentis, même pendant que notre professeure parlait. Je ne pouvais plus m'arrêter de lui parler de ce garçon avec qui j'avais passé juste une pause.

Pourtant le soir je me fis vite couper l'herbe sous le pied.