68. Au fil de l'eau

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Sanji jeta un rapide coup d'œil à son équipe particulièrement attentive et silencieuse en ce milieu de service du déjeuner tandis qu'il enchaînait la découpe de ses légumes tout en surveillant son bouillon. Il ne savait pas si la nouvelle concentration de ses deux marmitons était due à la présence de Malek mais depuis que ce dernier partageait leur espace dans les cuisines du All Blue, il avait l'impression manifeste qu'Elio et Sam redoublaient d'ardeur. Que ce soit par esprit de compétition ou par peur de perdre leur place, le blond s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'est que les plats sortaient plus vite et mieux préparés. Il espérait ainsi que cet état d'esprit allait perdurer.

En effet, Malek n'était là que depuis trois jours et il gérait exclusivement les repas de l'équipage sans participer aux préparations du restaurant. Servir trois repas par jour ainsi que des encas aux membres de l'équipage au chapeau de paille relevait déjà d'un travail à temps complet et Sanji était bien placé pour le savoir. Partager les réserves et l'élaboration des plats permettaient cependant à tout le monde de gagner du temps.

Le nouveau cuisinier se montrait éminemment curieux et il n'hésitait pas à poser des questions et à interroger le choix d'un ingrédient plutôt qu'un autre. Il lui arrivait également de prendre son crayon pour noter ses propres idées pour de futurs menus et la veille, il avait suggéré une sauce pour un accompagnement que Sanji avait retenue.

Le blond devait reconnaître que le jeune homme semblait posséder une dextérité impressionnante et un sang-froid à toute épreuve, ce qui lui avait probablement permis de survivre sur le Sunny au vu de la voracité du capitaine. Malgré la maîtrise et l'expérience dont il faisait preuve, il n'en était pas moins assoiffé de connaissances et Sanji approuvait particulièrement cette disposition. En effet, trop de cuisiniers devenaient imbus de leur personne lorsqu'ils commençaient à obtenir un certain succès et ils ne prenaient plus la peine de s'améliorer ou même d'être à l'affût de nouvelles saveurs.

Tous ces éléments réunis, il désirait donc d'autant plus que ses sous-chefs prennent exemple sur lui.

"Quatre tartines de pain d'épices au jambon de parme, six carpaccios de flétan au foie gras et truffes et six crèmes de topinambours, aboya soudain Zeff depuis son poste comme Amy venait de lui apporter de nouvelles commandes.

- Quatre tartines, six carpaccios, six crèmes, répéta Sanji pour vérifier qu'il avait bien entendu. Est-ce qu'on est dans les temps ? lança-t-il ensuite à ses deux aides.

- Les tartares de lotte aux câpres seront prêts d'ici sept minutes, chef ! affirma Elio.

- D'accord, tu repasses aux carpaccios après.

- Oui, chef !

- Sam, t'en es où ?

- Je... J'ai encore le filet mignon à l'exotique en cuisson et j'ai aussi le tiramisu à la mangue toujours à la préparation," répondit finalement le jeune homme.

Sanji serra les dents et vérifia la bonne tenue de son poisson dans la marmite. Ils étaient en retard par rapport au roulement des commandes. Le mauvais temps installé sur Vorgo depuis deux jours avait déstabilisé la porte et l'acheminement de leurs ingrédients avait été décalé par la même occasion. Ainsi, ils n'avaient pas pu anticiper leurs préparations habituelles et c'est pourquoi ils se retrouvaient ce midi à courir d'un poste à l'autre.

"Tu pourras t'occuper des tartines ? s'enquit-il tout de même en épluchant et découpant à toute vitesse d'autres légumes pour sa soupe.

- Euh...

- J'ai besoin d'une réponse, Sam, s'impatienta-t-il. Oui ou non, c'est tout ce que je te demande !

- Il me faudrait quelqu'un en salle pour m'aider, intervint Amy en passant sa tête par les portes. Le groupe de Vorgo est enfin arrivé, il sont plus d'une quarantaine.

Par-delà nos rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant