Par-delà nos rêves

98. Au-delà de l'horizon

"T'es prêt, le vieux ?

- Après toi, gamin."

Sanji pencha la tête pour enflammer son mégot protégé du vent entre ses mains avant de prendre une profonde inspiration et de sauter hors du petit bateau qu'il venait d'amarrer pour atterrir sur le port.

"Depuis le temps que j'attends de me les faire..."

Le blond souffla ensuite sa fumée tout en se mettant tranquillement à marcher, les mains dans les poches et le regard rivé sur le centre-ville où se trouvaient les bâtiments municipaux de Vorgo. A ses côtés, Zeff lui emboîta le pas sans un mot.

Cela faisait trois jours qu'All Blue avait été attaquée et grâce aux dons extraordinaires de Franky, le restaurant pourrait rouvrir dès ce soir. Les économies du blond s'étaient largement évaporées pour racheter le bois autant que le matériel nécessaire, sans compter les indispensables qui pouvaient manquer aux habitants après les nombreuses destructions que le village avait subi. Néanmoins, chacun avait participé à hauteur de ses moyens et Sanji avait été heureux de constater qu'il conservait un fonds de réserve. Même l'équipage avait tenu à collaborer et chacun avait apporté sa modeste contribution en main d'œuvre ou en berry.

Le cuisinier se sentait donc particulièrement assuré en cette fin de matinée. Les habitants d'All Blue démontraient chaque jour un peu plus leur force et leur résilience tandis que son restaurant avait résisté à la plupart des annulations quand la nouvelle de l'attaque s'était répandue sur Grand Line. La réputation du All Blue était telle que désormais, une invasion même dévastatrice ne décourageait plus les clients gourmands qui avaient appris à connaître la qualité de la cuisine autant que l'aptitude de ses propriétaires à se défendre. Ainsi, Sanji savait que les villageois pourraient continuer à s'appuyer encore longtemps sur leur atout principal si le niveau de la nourriture servie ne changeait pas. Et à ce niveau-là également, le cuisinier était plutôt rassuré : Elio et Sam avaient encore un certain travail à accomplir pour tenir le rythme infernal qu'une telle institution imposait mais ils prenaient chaque jour un peu plus confiance en eux et en leurs capacités, sans compter leur loyauté qu'ils n'avaient plus à démontrer.

Il ne restait donc plus au blond qu'à régler ses comptes avec Vorgo. Enfin.

"Tu leur as dit ce que tu comptais faire ou pas encore ?"

Sanji inspira à nouveau sur sa cigarette, les yeux fixés sur la mairie devant laquelle ils venaient de s'arrêter.

"Je vais le faire bientôt.

- Qu'est-ce que t'attends ?

- Je vais le faire, répéta le blond en jetant son mégot dans une poubelle, sa fumée s'envolant autour de lui. Il faut juste... que je trouve le bon moment.

- C'est pas si compliqué", grogna le vieux cuisinier.

Son ancien protégé le fusilla du regard à ces mots.

"Évidemment que c'est compliqué, vieil imbécile, comment veux-tu que j'aborde ça ?! Après tout ce qu'ils ont fait pour moi !"

Zeff leva les yeux au ciel.

"Tu les abandonnes pas, espèce de crétin.

- Putain alors pourquoi ça y ressemble autant ?" lui fit remarquer Sanji, contrarié.

Il secoua ensuite la tête, refusant d'y penser davantage.

"Occupons-nous d'abord de ces connards, on verra ça plus tard."

Zeff hocha la tête et tous deux s'avancèrent vers la mairie.

***

"Je-Je vous assure qu'on ne se savait pas !