SPIES

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-          Je vais bien, je vais bien, répétais-je en espérant que mon cerveau y croit.

Mais je n'allais pas bien. Je n'allais pas bien depuis maintenant un an. Depuis l'attaque.

Et je n'irai jamais mieux.

Parce que lors de cette attaque, je suis morte.

Je vous vois déjà me répondre que je suis pourtant avec vous, que je vous parle, que je respire.

Mais une partie de moi était partie. Et ça ne sera plus jamais comme avant.

Je travaille dans une agence d'espionnage, enfin, travaillais. Depuis l'accident, on m'a donné un nouveau poste, moins dangereux. Avant, j'étais en charge d'une équipe de jeune et faisais souvent des missions toute seule. J'étais une de leur meilleur agent.

Mais une mission a mal tourné et j'ai fini drogué, coincée dans un coffre-fort qui a fini au fond de l'océan. J'ai reçu aussi de nombreux coups de couteau un peu partout. Mon dos est la preuve que cette nuit a été un cauchemar, il est couvert d'au moins une quinzaine de cicatrice, qui ne partiront jamais.

Mais apparemment, pour certains, ce n'était pas grave, je devais surmonter ça, comme ils aimaient dire. Il fallait que je montre que j'étais forte, que je pouvais me relever. Mais comment pouvez-vous vous remettre d'une agression armée, dont vous avez fini, plongée dans l'eau pendant quatre heures jusqu'à ce que les secours arrivent enfin ?

Vous ne pouvez pas.

Quoi qu'ils disent, ils ne savaient pas ce que l'on pouvait ressentir. Ils ne savaient pas la douleur, ils ne la comprenaient pas.

Alors ils m'avaient placé dans la partie médicale. Je préparais toutes sortes de mixtures, médicaments, bandages pour les espions blessés.

Et ce travail permettait de combler un peu, la partie de moi qui avait disparue.

Pourtant ça ne suffisait pas, ça ne suffirait jamais.

-          Agent Alzati ? demanda un homme.

Je n'eus pas besoin de me retourner pour identifier la personne qui me parlait. Il s'agissait de mon ancien chef, Monsieur Osoba.

Je ne l'avais pas vu beaucoup depuis l'attaque, et les rares fois où nous nous croisions, il me demandait toujours de reprendre mon ancien poste. Ce que je refusais à chaque fois.

-          C'est Docteur Alzati, maintenant.

Je me tournais pour lui montrer que j'étais sérieuse et que ça ne servait à rien de me tenter de me recruter encore une fois.

-          Je le sais bien. Mais en ce moment, j'ai besoin de l'agent qui est en vous.

Je ne vous avais pas menti en disant qu'il essayait à chaque fois.

-          Cet agent-là, est mort il y a un an.

Mort, noyé au fond de l'océan.

-          Ne dites pas de bêtises.

-          Je suis désolée, mais je crains ne pas pouvoir répondre à votre requête. Vous devriez demander à vos agents encore sur le terrain, ils vous aideront bien mieux que moi.

Il retira son bonnet et se gratta le crâne dégarni. Je le connaissais assez, et savais que, quand il adoptait cette posture c'était qu'il essayait de rassembler tous les arguments qu'il avait pour me faire changer d'avis.

-          Élisabeth... Je vous demande ceci car il ne reste plus que vous. Et puis vous êtes amplement capable de réussir cette mission sans danger.