TORI
— Comment vas-tu ?
Nous nous étions retrouvés dans un café, il n'y avait personne à cette heure-ci et je ne pouvais que m'en réjouir, il fallait que j'écoute Greg attentivement.
— Ça peut aller.
En vérité, une boule au creux de mon ventre me coupait l'appétit. Laisser l'un de mes proches suite à une dispute, en l'occurrence, ma mère, était ce que je détestais ; pour moi, il était important de pouvoir terminer une conversation sur des bons sentiments plutôt que des mauvais, de peur que ce soient les derniers mots qu'on puisse leur adresser. C'étaient des pensées sombres mais véridiques, je ne savais pas ce qui me poussait à y prendre autant d'importance, mais j'étais sûr au plus profond de moi-même qu'un homme de confiance m'ait déjà mise en garde par le passé.
— Tu disais ?
Grégoire fronça les sourcils, en ramenant le goulot de sa bière à sa bouche. Il était beau ainsi, la mine sombre, le regard profond. Il portait un t-shirt simple blanc sous une veste en cuir. Accoutumé ainsi, il ressemblait à un motard. C'était la première fois que j'avais affaire avec lui aussi longtemps et cela m'avait permis de remarquer certains détails. Greg avait plusieurs cicatrices sur son visage, comme s'il s'était battu des centaines de fois : une à l'arcade, qui révélait probablement plusieurs points de suture ; et une longue barrait sa joue, comme si on lui avait entaillé lentement et d'une précision incroyable. Ses cheveux lui arrivaient sur la nuque, il avait tendance à sans arrêt y fourrer sa main pour les remettre en place, ne créant qu'au final, un amas de désordre. Ses yeux marrons, virant quelques fois dans une couleur plus claire, comme du bronze, je ne savais pas si j'hallucinais ou si c'était seulement la lumière de la pièce qui créait cet effet d'optique. Il avait le visage fermé, et ne tentait rien pour me mettre à l'aise, mais je sentais qu'il essayait. Ça ne lui coûtait pas, mais ce n'était pas dans ses habitudes d'être si compréhensif.
— Je disais que tu pouvais poser tes questions. Je pense que ça serait plus simple, il ne faut pas que je te déballe tout d'un coup. Si je me souviens bien ta réaction d'avant-hier, soupira-t-il.
— Je suis désolée pour ça, j'étais à cran puis le libraire...
— Pierre.
— Oui, il était dangereux.
— C'est un Psychic, me révéla Greg comme si cela justifiait tout.
— Un quoi ?
— C'est la créature surnaturelle la plus timbrée que tu puisses rencontrer, ricana-t-il.
Je me mis à sourire, et Greg ne comprit pas ma réaction. Avec le temps, j'ai pu réfléchir sur ce que cette discussion pouvait m'apporter. Au-delà du stress, il y avait une certaine curiosité qui avait frayée son chemin pour remplacer la colère. Ma réaction avait été plutôt naturelle et rempli d'anxiété. C'était égoïste, j'avais surtout peur pour moi et pour la personne que j'étais devenu, une personne qui n'existera plus désormais. Un monde totalement inconnu s'ouvrait à moi et j'étais tellement impatiente d'en apprendre plus, quitte à me mettre en danger, qui avait dit que j'étais raisonnable ?
— Parle-moi d'eux.
Le jeune homme se redressa sur sa chaise et posa ses coudes sur la table pour se rapprocher, j'en fis pareil, comme s'il me mettait dans la confidence, j'adorais ça. Il prit une grande inspiration, et parla :
— Le Psychic est malin, fourbe mais talentueux, doté d'une férocité inhumaine, il est capable de faire souffrir une personne jusqu'à la mort, écarteler chaque membre un par un, lentement, puis faire bouillir son sang qui coule dans ses veines, rien qu'avec le pouvoir de l'esprit, il tapota sa tempe avec son index et son majeur, Greg chuchotait presque ses mots, me filant de long frissons le long de mon épine dorsale.
VOUS LISEZ
Deux Joyaux Violets - Tome I : Une Jeune Fille Étrange
ParanormalDe mystérieux yeux violets, des événements étranges, un vieux libraire fou, des élèves anormaux, un garçon détestable, des aveux déchirants, des secrets sombres, des morts à perte de vue... Tori, qui pensait être une jeune femme complètement banale...