Chapitre XI - Les malheurs de la magie

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BASIL


— Tu écoutes ce que je te dis, Basil ?

Adélaïde ne s'arrêtait jamais de parler. C'était infernal.

— Bien sûr que non, c'est tellement chiant.

Ses yeux se révulsèrent comme si j'avais dit la plus grosse des bêtises. Adélaïde était le genre de femme à se consacrer corps et âme dans ce qu'elle faisait, et croyait. Elle était têtue comme une mule et agaçante à se la jouer miss Je-Sais-Tous. Surtout que c'était loin d'être le cas. Mais j'étais surtout un petit con prétentieux qui n'aimait pas écouter une autre personne trop longtemps.

— Le Conseil se méfie d'Enki Bailey, et c'est normal ! Il est jeune comparé aux Rohans d'Amérique du Nord. Réfléchis une seconde, me dit-elle me prenant légèrement de haut.

Adélaïde pouvait paraître intelligente à première vue, mais elle ne faisait que recracher ce qu'elle lisait, voyait ou entendait, tel un automate. Et bien qu'au début, je m'efforçais de lui prouver par A plus B qu'elle avait tord ou qu'on lui avait menti, elle campait sur ses idées issues d'une propagande stupide. À s'en demander si Psychic était sa véritable espèce.

— Mais tu n'as pas pensé que le Conseil le déteste parce qu'Enki pratique une politique qu'ils n'adhèrent pas ? Rien que les libertés qu'il offre aux Sang-Mêlés les dérangent, ce sont des putains d'emmerdeurs, maugréais-je.

Sa bouche s'ouvrit en grand. Et c'était reparti. Adélaïde se remit à couiner tout ce qu'on lui avait mis dans la cervelle sans s'arrêter, ni même respirer. Je ne l'écoutais même plus.

Nous étions tous deux dans la bibliothèque d'Ecclésia. Sybille nous obligeait à travailler ensemble, étant les deux plus vieux Psychics de l'école, et ça avait le don de me casser les couilles. Je ne supportais pas Adélaïde, et son soutif sur le lustre était un petit avertissement pour qu'elle arrête de me coller aux basques. Ce qui avait fonctionné le temps des vacances d'été. Cependant, la rentrée m'avait rappelé à l'ordre et après deux mois de tranquillité, je devais aujourd'hui me coltiner une Psychic avec un haricot à la place de la cervelle.

— Non, mais tu sais quoi ? On va s'arrêter là pour aujourd'hui.

Je pris alors mes affaires puis m'éclipsais en vitesse ne faisant pas attention à la mine choquée d'Adélaïde. C'était une bonne chose de faite.

Je sortis de la bibliothèque, et croisais une horde d'élèves dans les couloirs. C'était le premier jour de la rentrée pour tout le monde, de quoi rendre euphorique certain, notamment la petite Demesse. C'était une vraie effrontée et je ne savais pas si ça m'agaçais ou m'amusais. Je tentais de l'éviter le plus possible, je ne voulais plus me lier d'amitié pour des gens que je quitterai dans moins d'un an. Cependant, mon petit doigt me disait que Tori allait me donner du fil à retordre si elle continuait à jouer les sangsues de cette façon. Elle était puissante, s'en rendait-elle compte ? Son énergie me faisait saliver à chaque fois qu'elle était dans les parages. C'était étrange son attitude qui mélangeait ses deux espèces : la sournoiserie des Psychics avec la hargne d'un Démon. Je me demandais bien pendant combien de temps je pourrais bien me tenir éloigné de ce petit bout de femme. J'avais envie de la tester, voir de quoi elle était capable. C'était une curiosité malsaine, mais qui avait dit que j'étais un homme sain ? J'étais un Maudit, j'allais bientôt y passer, alors pourquoi ne pas s'amuser ?

Madalena avait été catégorique avec nous, nous ne devions pas la brusquer. C'était comme tendre une bouteille d'alcool à un alcoolique repenti, je ne voulais pas faire dans la douceur, je n'étais pas gentil, et loin d'être patient. Je voulais le faire à ma façon, en fonçant dans le tas. Ça avait toujours fonctionné en vingt-et-un ans d'existence.

Deux Joyaux Violets - Tome I : Une Jeune Fille ÉtrangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant