✨ Death with dignity ✨

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« Aimer. Un mot éloquent, mais dont la signification restait vague. L'amour représentait quoi ? Une émotion aussi douce que cruelle. L'amour rendait aveugle, l'amour s'agissait d'un sentiment de joie. Mais un cœur brisé valait cent fois plus fort que le verbe aimer. »

Les mains entortillées entres elles. Le regard obscurcit... vide. Son cœur pompait un océan d'émotions. Joie et angoisse se mélangeaient, afin de créer un doux poison qui la mettait dans un état d'ivresse. Depuis plus d'un mois, elle se préparait à cet événement. Ce jour précis. Le jour, elle en cauchemardait. La nuit, elle en rêvait.

Bercée par le mouvement du carrosse et les coups de sabots sur la terre battue. Elle doutait ! Fiancée de lotus, épouse écarlate, elle devait danser avec la perfection. Toute personne sensée pouvait croire que ce mariage arrangé la rendait malheureuse. Pourtant, au risque de les surprendre, elle le voulait ! Elle y rêvait...
Au contraire de ces jeunes femmes mal élevées, Anabeth s'en voyait ravie d'enfin rencontrer Lord Hilton et par la même occasion, honorer sa famille et son devoir de femme. Elle gardait bon espoir. Anabeth avait entendu tant de propos positifs à l'égard de la famille Hilton. Si ces bavardages restaient véridiques, elle savait que son mari serait un homme respectable et mature.

En ce 17 avril 1850, un fin manteau de neige recouvrait le sol. Le printemps frappait à peine aux portes de Hilton, un duché au nord de l'Angletterre. Les arbres recommençaient peu à peu à offrir des bourgeons. Signe que la vie se renouvelait. Le doux parfum du boisé et des conifères environnants chatouillait ses narines et par la même occasion apaisa Anabeth. Son cœur se calma et ses préoccupations la quittèrent. Ses paupières s'ouvrirent et un léger sourire apparut sur son visage.

— Comment vous sentez-vous, Ana ? questionna l'homme devant elle.

Son père, Peter Crawford, Duc de Lochcastle, un duché au sud, s'agissait d'un homme respectable qu'elle appréciait à sa juste valeur. Il n'avait jamais voulu décider pour sa fille, mais voilà qu'il se voyait contraint d'offrir la main de son unique enfant à un homme qu'elle ne connaissait pas. Ce genre d'arrangement, courant, ne dérangeait en rien n'importe quel père de se débarrasser, au plus vite, de leur progéniture dite « faible ». Mais, Peter se sentait pitoyable d'agir de la sorte. Aucun choix ne s'était livré à lui ! La cour allait bientôt juger sa fille, à peine âgée de vingt et un ans, vieille fille et inapte à procréer. Quelle malédiction et déshonneur si jamais elle ne se trouvait pas un mari avant la fin du printemps.

— N'ayez crainte père, je suis ravie d'épouser cet homme. Je vais enfin accomplir la raison pour laquelle Dieu m'a envoyée sur Terre.

— Je suis heureux d'entendre cela. Êtes-vous sûre de vous ou ce ne sont que des balivernes pour me rassurer ?

— J'en suis sûre, père. J'ai entendu tant de belles choses sur eux.

Peter étira ses lèvres en un doux sourire qui atténua ses rides. Ses vieilles mains, déjà tremblantes d'ordinaire, se secouaient davantage dû à l'angoisse. Il les ramena vers sa bouche gercée, avant de passer ses doigts squelettiques dans ses cheveux cendrés.

— Alors, je suis ravi.

Anabeth porta son attention sur la forêt qui les entourait. Elle devait rester naturelle, afin de ne pas inquiéter davantage son père, mais au fond d'elle, elle paniquait. Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre ! Comment était Guillaume ? Elle l'imaginait vieux, les cheveux grisonnants et portant des lunettes pour l'aider à voir. En ce qui concernait sa personnalité, elle le voyait sérieux, ponctuel, patient et travaillant. S'il pouvait avoir cette personnalité, Anabeth ne demandait rien de mieux.

Le véhicule s'immobilisa, la jeune femme sursauta, ils ne pouvaient pas déjà être arrivés ! La jeune femme scruta les alentours à la recherche d'un domaine. Elle le trouva dissimulé entre les arbres. Le cocher ouvrit la porte, exécutant son rôle, et Sir. Crawford sortit de la calèche tout en remerciant son serviteur. L'homme présenta sa main à Anabeth, attendant qu'elle la prenne. La jeune femme se redressa, soupira, déplissa sa robe somptueuse, qui témoignait de sa richesse colossale, et agrippa la main de son cocher. Elle sortit du carrosse avec toute la grâce dont elle devait faire preuve devant les autres. Ses iris aigue-marine s'éclaircirent dû aux rayons du soleil qui plongeaient dedans. La famille qui les accueillait, attendait sur le perron. Le Duc d'Hilton se tenait fièrement aux côtés de ses deux fils. Charles paraissait généreux, pas comme tous les hommes avides d'argent, il affichait un sourire fier. Ses cheveux poivrés, ses multiples rides et ses yeux ébène, cernés de deux cavités impressionnantes, rappelaient au Duc qu'il n'était plus tout jeune.

L'un de ses fils avait les cheveux châtains clairs, des yeux bleus perçant, le visage fin et il avait une longue cicatrice sur le côté gauche de son visage qui même très discrète, assombrissait son visage. Anabeth s'attaqua davantage à l'autre garçon. Elle espérait de tout cœur qu'il s'agissait de Guillaume Hilton ! Ses cheveux d'un noir de jais, ses yeux ébène, son visage d'autant plus masculin que son frère, avec sa mâchoire carrée, le rendait somme tout plus séduisant. Anabeth s'approcha d'eux, ombrelle sur une épaule, elle accorda un sourire radieux à ses hôtes.

— Sir Hilton, c'est un grand plaisir d'enfin vous rencontrer. Voici ma fille unique, Anabeth Crawford.

Anabeth fit une révérence, comme Mme. Leclaire lui avait montré. Une déférence parfaite aux yeux de la jeune femme.

— Le plaisir est partagé ! Voici mon fils cadet Edmund et mon fils aîné Guillaume Hilton.

Anabeth vu son désir détruit, l'homme qu'elle croyait être Guillaume s'agissait en fait de son frère cadet. Après tout, elle n'était pas là par amour, mais par devoir.

La fiancée du Duc {En réécriture/correction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant